Note de lecture : The Inmates are Running the Asylum, par Alan Cooper

Note : 7 ; Thumbs up sur le goal-directed design, thumbs down sur le processus.

Il s’agit là du livre de référence sur les Persona. Mais en fait l’ouvrage couvre bien plus largement la question de la place du design dans la conception des produits. Un propos qu’il faudra relativiser avec son écriture au début des années 2000 et même de la findes années 90, car il s’agit en fait d’une édition révisée.

C’est certainement moins vrai aujourd’hui, grâce en partie à cet ouvrage. Le père du Visual Basic nous gratifie ici d’un ouvrage de près de 250 pages découpé en 14 chapitres. Le nombre apparemment élevé de chapitres est bienvenu car il s’agit presqu’uniquement de prose ! L’ensemble est structuré en 5 parties. La première, intitulée « computer obliteracy » couvre 40 pages avec 2 chapitres. Le premier « riddles for the information age » nous propose de regarder les objets qui nous entourent pour constater à quel point l’électronique les a envahis … et à quel point notre expérience avec ces objets s’est dégradée. La phrase clé du chapitre est : quand vous croisez un objet (quel qu’il soit) avec un ordinateur, le résultat est un ordinateur ! Au second chapitre, il est question d’apologistes, de survivants et d’ours qui dansent. L’interaction avec les logiciels s’apparentent aux ours qui dansent : on s’émerveille de ce qu’ils font, mais tout bien considéré, en fait un ours ça danse terriblement mal ! Les apologistes sont les développeurs : ils imaginent que parce qu’ils sont capables de d’utiliser un ordinateur à la geek, les utilisateurs le seront ! Ces derniers s’apparentent souvent à des survivants : Bien qu’ils soient tourmentés par un système qui se comporte pour eux en dépit du bon sens, ils se conforment pour pouvoir faire leur boulot. Les deux chapitres sont de purs régals.

La 2ème partie « i twill cost you big time » regroupe 3 chapitres sur 40 pages. Le chapitre 3 « wasting money » couvre 17 d’entre elles. On y comprend que l’agilité, ce n’est pas son truc à Alan Cooper. Exhortant des « shipping late doesn’t hurt » ou les coût des prototypes, il nous invite à prendre le temps de faire des études amont bien détaillées… Le chapitre 4 signe le retour de l’ours dansant. L’auteur évoque le coût de la non qualité des logiciels : installation fastidieuse, incapable de mémoriser les habitudes de l’utilisateur ou simplement inflexibles et paresseux. Un coût qui se chiffre en perte de loyauté, comme il est évoqué au chapitre 5. Si Apple a su se rendre désirable au point que la loyauté de ses clients soit à tout épreuve, seule la position dominante de Microsoft lui a permis de contrer le manque de désirabilité de ses produits. Un atout que n’avait pas Novell et qui lui a coûté la vie alors que l’entreprise se pensait invincible.

La troisième partie prétend nous montrer comment manger de la soupe avec une fourchette. Elle compte 3 chapitres sur une quarantaine de pages. Le chapitre 6, éponyme du livre nous compte combien les ordinateurs sont différents des humains (sauf les programmeurs qui tendent à converger vers les ordinateurs) et que malgré tout on s’attend qu’ils leur ressemblent ce qui est la recette pour des catastrophes. Le développeur, parlons-en ! L’auteur l’appelle « homo logicus » qu’il oppose à « homos sapiens ». Dans ce chapitre 7, Alan Cooper évoque tout ce qui différencie ces deux espèces. De geeks oppressés par les brutes au lycée, ils sont devenus les brutes oppresseurs de leurs anciens bourreaux… C’est bien sévère ! Le chapitre 8 fera mal à certains, car il appelle la culture de la programmation, une « culture obsolète », isolationniste centrée sur les souhaits de l’ingénierie et non sur les besoins de l’utilisateurs.

Lire la suite
Publicité

Note de lecture : Designing for Growth, par Jeanne Liedtka & Tim Ogilvie

Note 6 ; Bon sur le framework et le mindset design thinking. Mais le propos se perd parfois un peu en route.

Il y a finalement assez peu de littérature sur le Design Thinking. J’ai profité du MOOC avec le Pr Liedtka pour me plonger parallèlement dans cette lecture. C’est un beau livre, à l’impression bi chromique et comptant environ 200 pages auxquelles il faut ajouter les annexes. Découpé en 5 sections, il suit la logique des 4 questions qui structurent l’approche des auteurs..

Le texte s’ouvre sur une partie introductive de 2 chapitres totalisant 40 pages. Les 20 pages du premier chapitre tentent de répondre à la question « pourquoi le design ». Ce sont avec des histoires et des témoignages que des réponses sont apportées. C’est bien vu, même si cela n’apporte qu’une réponse partielle à la question. Le second chapitre de cette introduction est la « big picture » du framework : 4 questions et 10 outils. Aussi émaillé de témoignages, même s’ils sont moins percutants, le chapitre permet de s’approprier la logique de la démarche, mais pas l’essence.

La seconde partie du livre est consacré à la première question : « what is ? » sur 55 pages et 4 chapitres. Cette partie s’ouvre sur un chapitre consacré à la visualisation. Il manque cruellement de contenu concret, on reste dans la déclaration d’intention et les bénéfices attendu. Difficile d’y décerner une matière concrète avec laquelle rentrer chez soi ! Le chapitre 4 est tout l’inverse : s’il est succinct, il décrit parfaitement l’approche et le tout est brillamment illustré. Le value chain analysis est expédié à toute vitesse et c’est le « mind mapping » qui conclut cette partie. Ce mind-mapping n’est pas à confondre avec les cartes heuristiques. Il s’agirait plutôt de safaris pour partager et brain-stormer.

Lire la suite

Note de lecture : Design for the Mind, par Victor S. Yocco

Note : 2 ; Un ouvrage qui se veut emprunt d’une rigueur universitaire, mais au final trop abstrait pour être utile.

Sans être un spécialiste de l’expérience utilisateur, je pense que ce domaine a beaucoup à nous apprendre pour penser les produits. C’est donc avec un intérêt non feint que je me suis penché sur ce volume abordant les aspects psychologiques de l’UX.

Pas d’inquiétude de prime abord : le volume compte 200 pages divisées en 4 parties pour un total de 10 chapitres. La première partie sert d’introduction et ne compte qu’un seul chapitre fort d’une douzaine de pages. On a les prémices du reste, car l’auteur y insiste beaucoup sur sa démarche académique et nous gratifie d’un couplet « passionnant » sur la persuasion qui ne l’est pas.

Nous voici déjà à la seconde partie, longue d’un peu moins de 80 pages sur 3 chapitres, elle se focalise sur les principe du comportement. En ouverture, le chapitre 2 traite des « comportements planifiés » sur 25 pages. Pour résumer, il y est question de donner à l’utilisateur le sentiment qu’il a le contrôle. L’auteur se fait un point d’honneur à donner un socle académique à chaque sujet (d’où une liste honorable de références bibliographiques en fin de chapitre). Au final le chapitre est assez abstrait et peu captivant, les exemples sui doivent illustrer le propos ne parviennent pas à me sortir de la torpeur où le reste du propos m’a plongé…

Lire la suite

Note de lecture : Lean UX, par Jeff Gothelf with Josh Seiden

Note : 3 ; Promesse non tenue. Jolt Award 2013

J’avais, sinon de grands, au moins quelques espoirs pour ce petit livre de 120 pages, qu’il se montre à la hauteur du « running lean » qui a ouvert cette collection. Cela n’aura pas duré. En effet, j’ai trouvé ce texte très emprunt de « process », une manière de penser qui est en décalage avec le Lean Startup de mon point de vue.

Cet ouvrage assez court est composé de 2 parties très inégales pour un total de 8 chapitres. La première partie ‘introduction and principles » regroupe les deux premiers et ne s’accorde qu’une quinzaine de pages. Le premier chapitre « why Lean UX » Ne compte d’ailleurs que 2 pages. Il s’agit d’une courte introduction pour nus dire que nous sommes plus dans un monde où l’on peut se targuer de tout savoir dès le départ. Mais ça justement on le savait déjà ! Les 8 pages du second chapitre évoquent les principes du Lean UX. Ce sont 3 piliers : le Design Thinking, les valeurs du manifeste agile et les principes du Lean Startup. Sur cette base l’auteur pose 15 principes dont on perçoit vite qu’ils sont empruntés aux sources énoncées. C’est bien mais on n’apprends rien.

Lire la suite

Note de lecture : Design Emotionnel, par Aaron Walter

Note : 5 ; Une vue superficielle du design des années 2010, mais dont les concepts sont bien illustrés d’exemples.

L’ouvrage de Jacob Nielsen sur le design du Web accuse plus de 10 ans, une période durant laquelle nos exigences et la façon de concevoir les interfaces web ont subie une évolution accélérée, rendant aujourd’hui ringard l’état de l’art d’hier. Ce petit ouvrage est là pour nous donner de nouveaux repères sur la question. Petit, l’opuscule l’est par le format et le nombre de pages : à peine plus de 100, mais elles sont en couleur. L’ensemble est tout de même structuré en 7 chapitres.

Le premier d’entre-eux reprends le titre du livre (à moins que ce soit l’inverse), et campe sur 17 pages les principes de base d’un site web s’appuyant sur les émotions qu’il transmet à son utilisateur. Le chapitre qui suit parle exclusivement de design sur 13 pages : équilibre des pages, contrastes… hélas on reste sur des exemples et des généralités, difficile d’en tirer des enseignements concrets.

Le chapitre 3 est l’un des meilleurs de l’ouvrage. Il évoque la personnalité d’un site et montre comment construire la persona d’un site (oui, avec les persona d’Alan Cooper) et l’utiliser pour décliner cette personnalité dans le site ! Voilà 20 pages bien utilisées.

Lire la suite

Lean Agile Camp, saison 2

Le premier opus du Lean Agile Camp s’était déroulé en novembre dernier, une période peu propice pour moi et j’avais abdiqué. Pas question de rater celle-ci par, contre : programmée début Juillet, il n’y avait guère de conflit de dates à l’horizon.

Quand on veut parler de Lean sérieusement, on a de bonne chance que Régis Médina ou Antoine Contal ne soient pas loin. Nous avons eu la chance de bénéficier de l’expertise des deux !

image

Lire la suite

Carnet de route : Le ScrumDay 2014 (4/4), Bonus track !

Après avoir couvert mon parcours de ces 2 jours de ScrumDays (ici, ici et ici), une question reste en suspens : et les autres sessions ? J’ai donc été rechercher du mieux que j’ai pu les supports de présentation des sessions auxquelles je n’ai pu assister. Il en manque encore hélas beaucoup, sans compter la mise en ligne des vidéos. Si vous avez des liens vers les supports manquants, faites m’en part, je les rajouteraient.

Pour commencer, voici le livret des sessions, en mode présentation

La transformation numérique de France Télévision

France Télévision fut le premier sponsor « client final » du French SUG ! Ils nous partagent leur retour d’expérience.

Vous retrouverez aussi cette présentation via le blog d’Alain Buzzacaro.

Le Lean Startup au service du Product Owner, par Jérôme Guenver

J’ai entendu dire beaucoup de bien de cet atelier animé par Jérôme. Un atelier que Jérôme a imaginé suite à une discussion que nous avons eu ensemble chez Zenika. Je suis donc plutôt heureux d’avoir eu un petit rôle pour inspirer un collègue !

Des outils du monde de la psychologie… par Bruno Sbille

On ne présente plus Bruno, en tout cas on ne devrait plus ! Bruno est l’un des piliers de l’imposante communauté agile Belge. Il est aussi l’organisateur de l’Agile Tour Bruxelles auquel je participe depuis sa création (et j’espère continuer). Lors de ce ScrumDay, il proposait cet atelier en plus de son rôle dans la « coach clinic » !

Dans cet atelier, Bruno présentait et permettait d’expérimenter divers outils tels que la PNL, le VAK, etc. Je me souviens encore que Bruno avait fait le déplacement depuis Bruxelles pour la soirée de création du French SUG il y a 6 ans de cela. C’était justeent pour nous parler de PNL !

Let’s Sketch together, par Alvin Berthelot

L’atelier d’Alvin était articulé autour de la création visuelle de produits. Je sais qu’il le produit régulièrement, j’aimerais bien avoir l’opportunité d’y participer…

The big payoff, par Alexandre Boutin

J’avais eu l’occasion de pratiquer ce jeu lors des premiers Agile Game France. Alex remet le couvert pour ce très bon agile game. Vous pouvez en trouver le descriptif en anglais ici. Et mieux encore le descriptif en Français ainsi que le matériel de jeu sur le blog d’Alex.

Faites Revivre vos spécifications

Un autre sujet orienté BDD issu d’une expérience récente de Yannick. Il m’en avais parlé lors d’un déjeuner, plus tôt dans l’année. Une optique de l’acceptance testing qui diffère un peu de la mienne, mais sans être incompatible (si, si !).

Open Agile Adoption, par Pablo Pernot et Oana Juncu

Encore une session à laquelle j’aurais aimé pouvoir assister si j’avais pu me dédoubler. Too many sessions, so little time…

Ici, Oana et Pablo nous dévoilent (en partie) le framework de Dan Mezik.

Créer le bon produit avec le Lean Canvas, par Romain Couturier

Romain a vécu un ScrumDay mouvementé, avec une panne de sonorisation suivi d’un changement de salle. Ici Romain nous parle du Lean Startup et plus précisément de l’outil de référence développé par Ash Maurya .

Les nouveaux outils du Product Owner

Story Mapping, Impact Mapping, Lean Canvas et Kanban : ce sont les « nouveaux » éléments que nous propose Claude pour le Product Owner.

Agilité : la fin du middle management ? Par Kevin Maccioni et Fabien Barbaud

Avec le passage à Scrum, le retour d’expérience des deux orateurs les amènent à répondre oui !

Introduction to Visual Management, par Natalie Yadrentseva

Je ne suis pas certain de joindre ici le bon support, je l’avoue…

Certains éléments de cette présentation me rapellent furieusement le Lightning Talk d’Igor Sviridenko à l’Agile France 2013…

Devops Game, par Vincent Daviet

Le troisième atelier Zenika de ce ScrumDay nous était proposé par notre nouveau venu Lyonnais avec ce Devops Game que je n’ai hélas pas pu expérimenter.

Podojo : PO, viens t’améliorer par la pratique avec nous ! Par Guillaume Duquesnay et Nicolas Verdot

A défaut d’un support de présentation, voici une petite vidéo avec une interview de Dominique Lequepeys sur cet atelier

Le Product Owner est-il un Product Manager agile ? Par Sébastien Saccard

Sébastien Saccard n’est pas un inconnu pour moi : tout d’abord il fut à l’initiative du workshop d’Ash Maurya à Paris, ensuite en tant que président de l’association We Do Product Management, il fut à l’instigation de la rencontre avec Gojko Adzic hébergée chez Zenika.

Sébastien cherche à développer le métier de Product Manager en France. Sa présentation va dans ce sens.

Vous pouvez aussi retrouver la présentation de Sébastien sur son Blog.

Agile-Lean-Kanban : Le guide du routard 2014, par Christophe Keromen

Bien rodée, j’avais eu l’occasion d’assister à cette très vivante présentation de Christophe à l’Agile Tour Rennes 2013. Mais était-ce réellement la même ?

My Product is a James Bond Movie – part V, par Pierre Neis

Les présentations de Pierre ne ressemblent à rien de connu ! Elles sont difficile à raconter, et je doute que le support ci-dessous lui rende justice. J’avais assisté à la « part I » de cette série « James Bond Movie » lors de l’Agile Tour Bruxelles 2013 … nous voici rendu au 5ème opus !

Développer en mode Kick-Ass, par Samuel Le Berrigaud

Le Kick-Ass de Samuel, cela me fait penser au « programming motherfucker » ! D’ailleurs en fait, il en parle dans sa présentation. Je vous recommande ce support pas mal du tout … en attendant la vidéo !

De la culture projet à la culture produit, par Céline Stauder et Gregory Alexandre

La présentation de Céline et Grégory est tout à fait dans le thème de ce ScrumDay. Par contre le support ne vous permettra guère de saisir la substance de la présentation !

Le prétotyping, avec Elalami Lafkih

Le prétotyping, c’est du prototypage « low cost », plus tôt donc avec un feedback anticipé. Elalami nous en expose un certain nombre de techniques. J’ai repris le support de l’orateur utilisé durant l’Agile Tour. Je suis parti du principe qu’il s’agissait du même…

Kapla Challenge, avec Dragos Dreptate

Construire un pont par itération (avec des Kapla), c’est le challenge que nous propose Dragos durant cet atelier

Faire Agile, c’est bien…, par Aurélien Morvant et Simon Jallais

Simon et l’homme aux chaussures de couleurs différentes nous proposent de découvrir ce qu’est « vivre agile ». Une session plutôt décalée !

DSL et refactoring pour les tests d’acceptation, par Laurent Py

Laurent nous fait partager son expérience ATDD / Devops chez Smatesting. En fait, la session ressemble terriblement à une promotion de l’outil Zest’ qui est, oh surprise, développé par la société dont Laurent Py est CEO !

Bon, voici quand même cette présentation…

Les reportages du ScrumDay

Une petite séquence « fun », tournée en bonne partie durant la pause déjeuner du second jour.

Et le reportage du ScrumDay, avec quelques interviews et des interventions de Xavier Warzee et Alistair Cockburn

Ils en parlent aussi…

Quelques liens vers des articles de blog que j’ai peu glaner à droite et à gauche. Si vous avez d’autres liens, n’hésitez pas à m’en faire part.

Il y avait une Coach Clinic, mise sur pied par Fabrice Aimetti et Bruno Sbille. Côté Zenika, Géry Derbier y participait ainsi que Laurent Sarrazin pour Rupture 21. Un compte-rendu est disponible sur le site d’Ayeba.

Alex Boutin nous livre sur son Blog la manière dont il a vécu ce ScrumDay.

Un retour de Laurent Sorin sur la table ronde menée par Véronique Messager

Autre retour également en provenance d’Ippon, un feedback sur la session de Rachel Davies par Victoria Pedron.

Dominique Lequepeys nous adresse les points forts des sessions auxquelles il a participé. Youpi, ceci inclut la mienne !

Christophe Deniaud fait aussi son billet de Blog sur les sessions qu’il a vu, ainsi que sur l’open-space. Lui aussi donne son feedback sur mon atelier. Pas sûr que mon message principal sur l’écriture collaborative des tests soit bien passé…

Coactiv nous livre aussi ses retours.

Retours sur Agile France 2013, 3ème partie (en images)

Après avoir couvert le début de matinée et le milieu de journée, il est temps de nous intéresser à la fin de cette première journée de conférence.

On commence par un Lightning Talk. Ou ce qui aurait dû être un lightning talk, car il est joyeusement passé de 15 minutes à 25 ! Mais c’est sans importance. C’était intéressant.

Egor Sviridenko – Je vois !

Ou comment la visualisation non conventionnelle contribue à des projets agiles

Une bonne visualisation fait la différence et permet de mettre en évidence une information importante qui sinon resterait cachée.

La visualisation par l’exemple

Pour illustrer cela, Egor nous parle de l’épidémie de choléra à Londres en 1854. En quelques semaines cette épidémie fit des centaines de victimes. Le mode de transmission de cette maladie n’était pas encore connu à cette époque (on pensait à tord qu’il s’agissait d’une transmission aérienne).

Les autorités se sont révélées incapables d’endiguer l’épidémie, jusqu’à ce qu’un médecin, John Snow, ait l’idée de reporter le nombre de personnes atteintes sur une carte. Cela permit d’abord de délimiter l’extension de l’épidémie, puis d’en localiser l’épicentre. Et enfin d’en déterminer la cause probable : une pompe à eau dont John Snow obtiendra le démontage de la poignée, mettant ainsi un terme à l’épidémie !

cholera_map_john_snow

La visualisation permet de rendre mieux interprêtable des informations. Encore faut-il utiliser la représentation adaptée !

D’autres visualisations

Egor a regroupé les principes de visualisation en 4 familles. Nous venons d’en voir la première : les cartes.

Si l’utilité de la carte dréssée par John Snow est indéniable, les données y sont superposées de manière plutôt classique. Mr Minard a utilisé une représentation bien plus originale afin de stigmatiser le désastre de la campagne de Russie de Napoléon 1er.

Les réseaux permettent de représenter des informations corrélées entre elles. McLaren utilise un backlog converti en mindmap afin de déterminer les évolutions à réaliser sur ses logiciels embarqués. Comme vous pourrez le voir sur le support de présentation, c’est assez impressionnant. A mon grand étonnement, ils paraissent être capables de s’en servir !

Les timelines permettent de construire des histoires où l’on voir l’évolution d’un ou plusieurs facteurs au fil du temps. La timeline du “seigneur des anneaux” nous permet d’appréhender les tribulations des personnages, leurs séparations et leurs rencontres. Celle de Jurassic Park nous montre que les différents personnages se font bouffer au fur et à mesure de l’intrigue. Mais ça on le savait déjà.

La représentation à plusieurs variables permet de représenter des facteurs non corrélés sur une même représentation. Un exercice dans lequel il est préférable de se restreindre afin de ne pas rendre cette visualisation illisible. Le Kanban que nous utilisons de plus en plus sur nos projets agiles rentre dans cette catégorie.

Je ne saurais trop vous recommander le support de présentation d’Egor : il regorge littéralement d’exemples de ces visualisations. Rien ne saurait être plus parlant !

Conclusions et conseil de lecture

Quel est la qualité principale d’une bonne représentation ? Elle doit raconter une histoire !

Un conseil de lecture principal :

Antoine Contal – Coacher des managers

Sur mon premier compte-rendu, j’avais évoqué 4 orateurs que je vais systématiquement écouter. Mon carré d’as en quelque sorte. Le premier était Pascal Van Cauwenberghe, Antoine est le suivant. Vous découvrirez les deux autres lors de la seconde journée.

agileFrance2013-09Contal01

L’heure est grave ! De nombreuses équipes améliorent leur façon de faire et leur productivité, et ce qui les handicapent, c’est parfois le management intermédiaire, celui qui devrait au contraire les aider à être plus efficaces ! Comment changer cela ?

Le management au quotidien

En Lean, on commence toujours par aller observer. Donc, il faut aller voir la bête dans son habitat naturel. Celui-ci se trouve en deux endroits principaux :

  • Son bureau
  • La salle de réunion

Quelle sont ses activités principales ?

  • Avaler et produire des rapports
  • Assigner des tâches
  • Eteindre des incendies

Ah ! Nous allions oublier son péché mignon : entamer des projets pharaoniques. Ce qu’en Lean on appelle des “ultrasolutions”.

L’idéal du management

En Lean, celui-ci se construit autour d’un certain nombre de valeurs et de principes.

  • L’amélioration continue : Le Kaisen. C’est progresser à petits pas en construisant des expérimentations.
  • Le Genchi Gembutsu : retourner sur le terrain, pour se baser sur des faits, plutôt que sur des opinions (ce qui est souvent le cas du travail fait en salle de réunion).
  • Construire des challenges : oser rêver l’idéal. Motiver par rapport à l’excellence. Le but est de créer l’adhésion, mais aussi de placer la barre haut afin de faire progresser.
  • Respect des personnes : croire dans le potentiel des personnes. Comprendre que les problèmes sont personnalisés et doivent donner lieu à un apprentissage.
  • Teamwork : savoir travailler et collaborer au-delà des frontières organisationnelles.

Pour Antoine Contal, le manager Lean est à la fois un chercheur et un entraineur sportif !

Comment réussir en sachant ce qui rate

  • Les critères de réussite : ils doivent être clairs. On peut coacher une équipe de développement sans définir clairement ce qu’est le succès et s’en tirer. Ce n’est pas possible avec des managers !
  • Etre sur un mauvais sujet. Par exemple : améliorer le délai de production des rapports d’activité !
  • Etre purement dans l’humain.

C’est bien d’avoir une idée de comment rater, mais c’est mieux si l’on a une idée de comment contrer ces travers.

  • Il faut définir le succès proprement. Il n’y a pas de raccourcis par rapport à cette étape. Le faire c’est déjà du coaching !
  • Choisir les bon sujets. Comment ? Ce sont ceux qui sont bon pour le manager et pour les équipes !

Le coaching fonctionne si la performance et les conditions de travail des équipes s’améliorent.

Petits exercices

Antoine Contal nous en propose 3.

Exercice 1 : Ecouter l’utilisateur

On en revient à la question de la valeur.

L’orateur illustre cela avec un manager confronté à un usager d’une application pour laquelle un lourd projet vient de se terminer. A la question “que pensez-vous des nouvelles fonctionnalités ?” ce dernier répond … “oh ! Elles ne me gênent pas…”.

Las, l’histoire se termine mal : le manager ne fera rien par rapport à cela et finira par être remplacé !

Exercice 2 : Définir la performance

Cela passe par la mise en place d’indicateurs (lead time, en cours, stock), d’enquêtes de satisfaction.

Le rôle du management intermédiaire est aussi de reconnecter l’opérationnel avec la stratégie. Antoine évoque pour nous l’histoire de cet urbaniste SI qui découvre que ses indicateurs d’urbanisation ne sont pas ce qu’il croit simplement parce que les cellules opérationnelles en charge d’arrêter les systèmes remplacées (et qui ne dépendent pas de lui) ne l’ont pas fait !

Exercice 3 : Aller voir

Encore et toujours aller sur le terrain. Pas seulement celui des utilisateurs, mais aussi celui des équipes de développement pour identifier ce qui nuit à leur travail.

“Comment je fais…”

Pour l’orateur, le rôle de coach de managers est un rôle de coach sportif !

Le manager est passé d’une situation où il accomplit son travail dans son bureau ou dans les salles de réunion à une situation où il est présent sur le terrain, pour voir ce qui se passe.

Le coach fait s’enchainer les exercices d’entrainements faits sur mesure, afin d’adresser les points où il s’y prend mal, ce qu’il doit apprendre.

Une session de coaching typique se découpe ainsi :

  • 30 minute : préparation ; où allons-nous, que voulons-nous tester.
  • 1h30 : Aller sur le terrain ; le manager doit apprendre à voir. Le coach reste silencieux, observe et prend des notes (pour le débrief). Il se permet une et une seule question !
  • 1h : Debrief ; Qu’avons-nous vu ou pas ? Que doit améliorer le manager. Que doit-il répéter avant la prochaine session.

Typiquement, le rythme est d’une ou deux sessions par mois.

L’ingrédient secret duu coach Lean, ce sont les “3 R” :

  • Relate : c’est la relation interpersonnellle que le coach doit construire avec le manager. Celui-ci doit apprendre à faire confiance à son coach.
  • Repeat : Faire répéter le même geste, encore et encore.
  • Reframe : Le coach donne “une autre lecture” de ce que le coaché a vu.

A vous de jouer

Pour synthétiser, quel doit être le rôle du manager ?

  • C’est “l’étoile du nord” des équipes de développement.
  • On fait progresser le manager en lui donnant de “petits exercices”.
  • La manager doit devenir un développeur de talents.

Une dernière chose : Il est rare que la demande de coaching de manager soit formalisée ou même demandée. Si la nécessité apparait, Antoine utilise le mode “stealth” et intègre cela au coaching de l’équipe !

Ce que j’en ai pensé

Difficile de rendre justice à la présentation d’Antoine par un simple compte rendu. Disons que, malgré le nombre appréciable de présentations de bonne qualité auxquelles j’ai assisté, c’est pour moi le point fort de cet Agile France 2013 !

Antoine Contal ne garde rien pour lui dans ses présentations. Son niveau de maturité fait qu’il est assez à l’aise pour procéder ainsi. On repart avec pas mal d’éléments à mettre en oeuvre, des éléments de reflexion pour nous faire progresser. En fait, comme disent les jeunes j’ai toujours un peu l’impression de “prendre cher” avec les présentations d’Antoine et de son comparse. Pourtant j’y retourne. Comme il l’a si bien dit, il place la barre haut et c’est grâce à cela que l’on progresse. C’est un peu déprimant pour moi de voir la marge de progression qu’il me reste, j’ai l’impression d’avoir si peu progressé, de rater tellement de choses … Mais nul doute que nous avons besoin de personnes du niveau d’excellence et de maturité d’Antoine pour nous y aider.

Lectures recommandées

Autres resources :

Pascal Van Cauwenberghe et Pierre Hervouet – Vous pouvez ignorer les contrôleurs de gestion, les contrôleurs de gestion eux ne vous ignoreront pas !

L’agilité, c’est l’adaptation au besoin, l’émergence du changement ! Mais bon, une entreprise a quand même besoin de savoir où aller et surtout de savoir où va son argent. Alors, on peut dire que l’on se focalise sur la valeur, des gens ont besoin de se focaliser sur les dépenses. Ces gens sont le contrôleurs de gestion. On les connait à peine, on les ignore (peut-être même les méprisent-on) le plus souvent. Ce n’est pas raisonnable.

Pascal et Pierre viennent nous faire prendre conscience de cette dure réalité. Nous allons suivre pour cela les pas de Dora l’exploratrice (en plus de ceux de Pascal et Pierre) !

agileFrance2013-10BeyondBudget02

Cost accounting

Puisque l’on est en atelier, on va se mettre aux travaux pratiques. Des travaux pratiques bien sympathiques, car on va préparer des cocktails ! On mélange des ingrédients, on a 2 tailles de cocktails et il faut calculer le coût de chacun.

agileFrance2013-10BeyondBudget01

Le cost accounting, c’est comme faire des cockatils (mais on a pas le droit de l’avouer). On a des ingrédients (des centres de coûts) et il faut les saupoudrer sur des lignes budgétaires !

C’est une approche analytique détaillée qui est très précise … mais précise ne veut pas dire exacte. En fait la ventilation de coûts comme les frais généraux peut montrer les faits sous des jours différents selon la façon dont on l’opère.

Attention ! On ne peut échaper complètement à cette approche, car c’est celle qui est de toute façon demandée règlementairement par les services publics.

Dernier travers du “cost accounting” : les stratégies budgétaires tendent à emmener ce type de gestion vers une sorte de “cycle en V” de la gestion budgétaire. C’est comme ça que l’on se retrouve à préparer le budget de l’année suivant dès le mois de Juillet !

Throughput Accounting

Ce mode de gestion prend un angle différent : celui de gérer l’investissement en fonction des goulots d’étranglement ! C’est une sorte de vue systémique de l’investissement.

agileFrance2013-10BeyondBudget04

L’un des avantages par rapport au cost accounting : c’est de sortir du cycle en V ! Mais ce n’est pas encore parfait, car l’investissement n’est pas rapproché de la valeur du flux auquel il est subordonné.

Lean Accounting

Le Lean Accounting adresse ce dernier reproche. Ici, le point de départ est la valeur client, ce qui va déterminer un prix au produit. En fonction de celui-ci on décide de la marge, donc du coût ! C’est le “target costing”. Pierre et Pascal semblent confiants sur l’approche, mais j’ai quand même l’impression que ça peut vite tourner à la quadrature du cercle…

Un autre point différenciateur important, c’est que le contrôleur de gestion lean fait partie de l’équipe !

Beyond Budgeting

Cette approche est plus difficile à appréhender, plus proche de l’agilité tel que nous l’entendons (donc plus intéressante, il faut donc que j’y travaille). Elle s’appuie sur 12 principes qu je ne vais pas répéter ici, car ils figurent dans le “hands out” ci-dessous.

L’idée est de sortir des comportements biaisés introduits par le contrôle de gestion.

Ce que j’en ai pensé

Nous avons tout un univers à explorer ici.

Les références bibliographiques du hands-out lèvent un coin du voile. Hélas cette session est un peu courte pour vraiment nous permettre de saisir les 4 approches. Elles montrent, dans leur progression, une “agilification” croissante des concepts. C’est excellent ! J’ai un peu l’impression cependant que ces concepts m’ont filé entre les doigts. Il faudrait que je révise.

L’idée de faire un atelier est excellente. Et le cocktail pour le “cost accounting” a bien marché. Hélas le côté atelier s’est arrêté ici. Il faudrait imaginer la suite des exercices pour chacune des 4 étapes…

Comme je l’ai dit : c’est relativement nouveau pour moi … mais aussi important. Je ne regrette pas d’avoir choisi cet atelier.

A demain !

Une journée bien remplie, comme vous avez pu le voir. Il est temps de cloturer celle-ci

agileFrance2013-11FinJeudi02

A très bientôt pour la journée de Vendredi !

Note de lecture : The Usability Engineering Lifecycle, par Deborah J. Mayhew

Note : 8 ; Book of the year 2000! Un processus complet et à l’ancienne pour l’interface homme machine, complété d’un matériel prêt à l’emploi.

L’ergonomie fait, partie du recueil des besoins est rarement intégrée au processus de développement logiciel. C’est là une grande part du mérite de cet ouvrage: proposer un processus complet de gestion des exigences ergonomiques intégré à la capture des besoins fonctionnels par le biais des Use Cases. Oui, c’est vrai je viens de parler de processus et cela a une odeur pas très agile. Et effectivement dès les premières pages l’auteur propose un « usability lifecycle » qui ferait facilement froid dans le dos. Nous pouvons nous y arrêter un peu car ce cycle de vie structure le livre lui-même.

  • La première étape est le recueil des besoins. Elle est couverte par 6 chapitres sur 160 pages. Elle couvre les 4 facettes identifies de cette étape : l’analyse des profils utilisateur, l’analyse des tâches, les objectifs d’utilisabilité et les principes généraux de l’IHM.
  • La seconde étape est bien plus dense car le schéma du processus nous montre pas moins de 7 sous étapes regroupés en 3 cycles internes. C’est presque une surprise de voir cela couvert en seulement 180 pages, sur 10 chapitres ! Les activités proposées vont du modèles conceptuel à la reconception des tâches en passant par la conception d’écrans.
  • La dernière étape a trait à l’installation. Il n’y a qu’un seul chapitre, mais il fait 50 pages ! Cette partie couvre le feedback utilisateur.
  • Enfin une dernière partie de l’ouvrage est consacrée aux aspects organisationnels. Elle est longue de 100 pages sur 4 chapitres avec en plus des aspects strictement organisationnels, l’évocation de la planification de projet ou la justification des coûts (une des spécialité de l’auteur).

Au total, le livre est quand même très lourd, car il totalise 560 pages ! Sa structure est entièrement guidé par le processus proposé par l’auteur ce qui tend à rendre la prose très longue, je l’ai déjà constaté. Ce fil extrêmement rigide est tout sauf agile. Mais le contenu est loin d’être inintéressant. En effet le texte est méritoire par le fait qu’il accompagne chaque activité proposée du processus de gestion des exigences d’artéfacts (plans types, questionnaires, etc…) et de guidelines immédiatement applicables. J’ai rarement vu des livres donner autant de matière directement utilisable.

Chaque chapitre traite des aspects de la spécificité des applications Web dans une section et propose des “activités alternatives” si le processus a besoin d’être abrégé.

Outre que le livre reste très lourd (même en considérant le matériel inclus) et qu’il est structuré par un processus très rigide, il prend aussi un sérieux coup de vieux avec la seconde vague du Web. Mon conseil ? Prenez du recul par rapport au texte, démontez les morceaux du processus. N’utilisez pas le processus, mais réutilisez les morceaux, les idées et la matière première d’une manière plus légère et plus agile. L’auteur a beaucoup d’expérience et de savoir-faire dans son domaine qu’il serait dommage de snober.

Un très bon ouvrage que je recommande fortement, surtout si vous n’avez pas de connaissances préalables dans le domaine de l’ergonomie.

usability-engineering-lifecycle

Référence complète : The Usability Engineering Lifecycle – Deborah J. Mayhew – Morgan Kaufman publishers 1999 – ISBN: 1-55860-561-4; EAN: 978-1-558-60561-9

The Usability Engineering Lifecycle: A Practitioner's Handbook for User Interface Design


http://www.goodreads.com/book/add_to_books_widget_frame/1558605614?atmb_widget%5Bbutton%5D=atmb_widget_1.png&atmb_widget%5Bhide_friends%5D=on