You cannot make informed decisions or create a quality product without first understanding why we are doing what we are doing. Lack of context creates waste.

Jim Benson

 

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Note de lecture : Escaping the Build Trap, par Melissa Perri

Note : 6 ; Pour enfin comprendre le paradigme « produit »

Opposer « projet » et « produit » semble être l’un des sujets du moment… sauf qu’au moment de comprendre en quoi l’approche « produit » est fondamentalement différente de l’approche « projet », les choses se compliquent. C’est tout l’objet de l’ouvrage de Melissa Perri dont la lecture n’ira pas nécessairement aussi vite que prévu, malgré qu’il ne compte que 170 pages hors annexes.

Ce ne sont pas moins de 5 parties rassemblant 25 chapitres que compte l’ouvrage. Autant dire que ces derniers sont plutôt courts, ce qui rythme bien la lecture. La première partie « The build Trap » compte 200 pages totalisant 5 chapitres ! Le premier chapitre « the value exchange system » met l’accent sur le problème résolu (en échange de compensation) ce que l’auteur oppose à la posture de « demande de fonctionnalité ». Ce virage du mode réactif vers une réelle compréhension des besoins de utilisateurs est le véritable virage de la culture produit. L’obstacle majeur à ce virage est la culture de l’output (la fonctionnalité produite) par rapport à l’outcome (l’impact), comme le souligne le second chapitre.

Avant d’aborder les organisations orientées produit (au chapitre 4), l’auteur nous fait toucher du doigt la différence entre projets (s’organiser pour construire quelque chose) et produit, un avoir de la société que l’on fait grandir et évoluer pour adresser toujours mieux les besoins des utilisateurs. Donc le chapitre 4 introduit les organisations orientées produit, optimisant et priorisant leurs activités en fonction de l’impact métier, en les comparant aux entreprises orientées ventes, vision ou technologie. Rechercher l’impact, c’est aussi accepter l’incertitude, nous rappelle le chapitre 5. C’est une logique de découverte et de questionnement qui s’oppose aux certitudes du mode projet.

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Note de lecture : La Longue Traîne, par Chris Anderson

Note : 8 ; Un point de vue en rupture sur l’économie de l’ère Internet.

Dans ce volume, Chris Anderson nous dévoile la mécanique et la redistribution des cartes que constitue les marchés de niche par rapport au marché de masse. Des marchés de niche rendus possibles par l’ère Internet, où le e-commerce met à la disposition des acheteurs des linéaires virtuels d’articles infinis, rendu accessible par la magie des moteurs de recherche et de recommandation. A l’inverse, le vendeur « physique » doit se contenter d’une surface de vente finie qu’il consacrera aux articles qui se vendent le mieux.

Au sein de ce volume de poche de 380 pages, l’auteur décline la manière dont se décline cette approche des marchés de niches et quels en sont les conséquences. Le texte est structuré en 15 chapitres. Le premier définit ce qu’est effectivement une longue traîne, en s’appuyant sur un marché que l’auteur connait bien : la musique. Le hit-parade en fait le gros de la vente. Mais iTunes nous a montré que les ventes se poursuivent au-delà du 800 000ème rang ! C’est au second chapitre que l’auteur met l’accent sur la « culture du hit », créée pour satisfaire une distribution de masse, là où l’approche « longue traîne » va maintenant nous transformer en un peuple de niches. L’auteur nous gratifie au chapitre 3 d’une brève histoire de la longue traîne et des innovations qui l’ont permise, en commençant par la vente par correspondance de Sears.

Le quatrième chapitre est consacré aux 3 forces de la longue traine. La première, la démocratisation des outils de production permet d’élargir l’offre en n’étant plus subordonné aux grosses structures seules capables d’assurer cette production. La seconde force est la démocratisation de la distribution, le e-commerce en étant l’illustration. Enfin la 3ème force est la connexion entre offre et demande que permettent moteurs de recherches et mécanismes de recommandation. Bref, c’est le cœur du sujet. D’ailleurs, le chapitre 5 focalise sur la première force, à savoir les producteurs. On y parle crowd-sourcing, pro-am, et surtout de Wikipédia qui occupe une bonne part de ce chapitre.

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Note de lecture : Le Pouvoir des habitudes, Charles Duhigg

Note : 8 ; Une saga aussi bien écrite que puissamment documentée sur les neuromécanismes des habitudes.

Charles Duhigg est journaliste, lauréat du Pulitzer qui plus est. Cela se ressent dans le style très percutant texte. L’auteur explore un aspect simple du comportement humain : la plupart de nos actions sont gouvernées par des habitude. Si ce n’était pas le cas, nos actions seraient sans cesse paralysées par la nécessité de prendre des décisions réfléchies pour les choses les plus simples. Mais ces actions ont aussi des effets collatéraux bien plus importants sur notre mode de vie. Donc changer les habitudes clés permet des changements radicaux. Le texte va investiguer le sujet à 3 niveaux : le niveau individuel, celui des entreprises et enfin au niveau sociétal !

La première partie est consacrée aux habitudes individuelles. L’auteur s’appuie sur deux histoires essentiellement : la (triste) histoire d’Eugene Pauly et celle du fonctionnement des alcooliques anonymes ! Ce que nous enseigne ces deux histoires et que confirme les analyses en IRMf, c’est que notre cerveau se « met en veilleuse » quand il détecte le déclencheur d’une habitude. Ici, l’auteur nous expose le grand pattern de son ouvrage : le cycle « déclencheur – routine – récompense ».

Pour changer ses habitudes, l’auteur nous montre la manière dont on peut substituer une routine différente à un même déclencheur aboutissant à la même récompense. Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire et cette substitution doit être épaulée par des mécanismes de renforcement, comme celui que confère les groupes de soutien pour les AA.

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Note de lecture : For the Win: How Game Thinking Can Revolutionize Your Business, par Kevin Werbach & Dan Hunter

Note 4 ; Un traité sur la gamification qui donne des clés, mais reste quand même très abstrait malgré les exemples.

La gamification est un sujet à la mode, assurément. Mais savoir ce que le sujet recouvre ou comment la mettre en œuvre est assurément moins simple. Ou du moins, l’apparente simplicité des « points et badges » sont la voie garantie vers l’échec. J’ai fait l’achat de ce petit livre au format Kindle, puis après m’être inscrit au cours en ligne de l’auteur, au format papier. Car j’ai suivi le cours du Pr Werbach sur Coursera qui forme un excellent complément. Pris dans l’autre sens, il faudrait même avouer que le livre sans le cours manque de substance !

Le livre en lui-même est court : 126 pages d’un format se rapprochant du format de poche. Il y a quand même 8 chapitres, intitulés « level 1 » à « level 6 » auxquels vous ajouterez une introduction et une conclusion. D’une douzaine de pages, l’introduction évoque le pourquoi de la gamification, celle-ci ayant trait principalement à l’engagement des utilisateurs.

Le « level 1 » est une introduction à la gamification. Personnellement, j’y ai apprécié le diagramme de relations entre les différentes catégories de gamifications assorties de leurs définitions. Dans la seconde moitié du chapitre, l’auteur cherche à répondre à la question « quoi gamifier », mais sans donner de réponse directe de peur d’enfermer le lecteur, certainement. Un aspect récurent du livre, mais assez frustrant, je dois dire. Le « level 2 » consacré à nous apprendre à penser comme un concepteur de jeux est probablement le plus philosophique de l’ouvrage. J’y ai apprécié les nombreux exemples qui sortent du domaine logiciel. L’aspect principal du chapitre réside dans les 4 « core questions » permettant d’identifier si mon business est adapté à la gamification.

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Note de lecture : C’est (vraiment ?) moi qui décide, par Dan Ariely

Note : 7 ; Petit traité d’économie comportementale à l’usage des products managers.

Nos comportements sont irrationnels… mais ils sont irrationnels d’une manière qui est en fait prévisible ! Tel est le point de départ que nous propose l’auteur, professeur de  » behavioral economics « . Le livre se veut être une déconstruction scientifique de mécanismes comportementaux apparemment illogiques, mis dans lesquels on retrouve des motifs récurrents. Aussi l’auteur s’appuie-t-il sur de nombreuses étude. Mais parfois…

Revenons au texte lui-même. La traduction française de celui-ci me semble tout à fait correcte. Elle est publiée chez Flammarion, comme nombre d’ouvrages du même genre. Au format poche le texte couvre 274 pages dans cette édition. Avec 13 chapitres, le découpage rythme bien la lecture.

Le chapitre d’introduction qui couvre les 25 premières pages raconte l’histoire de l’auteur, où comment de grand brûlé, il a fait la rencontre du behavioral economics et d’un professeur l’invitant à tester systématiquement ses hypothèses. Dès le chapitre 1, on aborde un aspect réellement essentiel : celui de la relativité, où comment nous sommes guidés vers certains choix, car d’autres nous le font paraître attrayant. Encore faut-il que ces choix possèdent suffisamment de traits communs pour permettre cette comparaison. Les 23 pages de ce chapitre s’appuient sur de nombreux exemples et études. Un trait récurent de l’ensemble des chapitres. Dernière leçon de ce premier chapitre : la comparaison suscite l’envie.

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Note de lecture : Le Point de bascule, par Malcom Gladwell

Note : 8 ; Les mécanismes de la viralité décryptés et illustrés avec brio.

L’un des « moteurs de la croissance » que nous propose le Lean Startup est la viralité. Seulement voilà : la viralité, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval ! Attirer des millions de subscribers ne s’obtient pas par hasard. Il y des circonstances et des mécanismes qui rendent cela possible. La totalité du texte s’articule autour des 3 éléments fondamentaux de l’épidémie : les déclencheurs, le principe d’adhérence et le contexte.

Les déclencheurs sont des éléments humains, des profils particuliers qui sontle sujet du chapitre 2 :

  • Les connecteurs, sont les personnes impliqués dans différents groupes parfois très distants, ils sont les entremetteurs entre des personnes que tout sépara apparemment.
  • Les mavens sont des référents, des personnes reconnues pour un jugement éclairé s’appuyant sur une connaissance approfondie du sujet. Ou parfois de multiples sujets. Ce sont vers ces personnes que l’on se retourne pour savoir où acheter un produit, où passer une bonne soirée.
  • Les vendeurs sont les personnes à même de convaincre. Ce ne sont pas des camelots, mais souvent des personnes douées d’une empathie rayonnante. Ce sont eux qui vont enclencher l’action chez leurs interlocuteurs.

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Note de lecture : The Principles of Product Development Flow, par Donald G. Reinertsen

Note : 8 ; Passionnant et passionnément austère !

Don Reinertsen n’est pas là pour s’amuser. Déjà vers la page 17, l’auteur nous explique que la manière d’appréhender les dimensions économiques d’un produit sont aujourd’hui bien naïve, que la théorie des contraintes de Goldratt est certes un progrès mais qu’elle ne représente qu’une étape intermédiaire, et que nous allons passer en revue tout cela au long de 150 principes que couvre le reste du livre. Oui : 150 ! A ce stade, on pressent que la lecture des 266 pages de l’ouvrage découpé en 9 chapitres va être bien plus longue que prévue. Une impression qui se vérifiera.

Le premier chapitre compte 26 pages. Il sert d’introduction aux 8 autres chapitres, ce n’est donc pas le plus difficile à lire. Et pourtant il fourmille déjà de concepts et d’une description très affutée des problèmes auxquels nous devons faire face lorsque l’on développe un produit. Bref, il campe le décors et fort bien !

On a guère pitié du lecteur : le second chapitre sur la « vue économique » est déjà un des chapitres difficiles de l’ouvrage. Mais c’est aussi la clé de voute de ce qui suit, à savoir le coût du délai ! On y parle d’objectifs économiques clés et déjà de la perception économique de la taille des lots intégrant le facteur « coût de transaction ».

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