Note de lecture : Design for the Mind, par Victor S. Yocco

Note : 2 ; Un ouvrage qui se veut emprunt d’une rigueur universitaire, mais au final trop abstrait pour être utile.

Sans être un spécialiste de l’expérience utilisateur, je pense que ce domaine a beaucoup à nous apprendre pour penser les produits. C’est donc avec un intérêt non feint que je me suis penché sur ce volume abordant les aspects psychologiques de l’UX.

Pas d’inquiétude de prime abord : le volume compte 200 pages divisées en 4 parties pour un total de 10 chapitres. La première partie sert d’introduction et ne compte qu’un seul chapitre fort d’une douzaine de pages. On a les prémices du reste, car l’auteur y insiste beaucoup sur sa démarche académique et nous gratifie d’un couplet « passionnant » sur la persuasion qui ne l’est pas.

Nous voici déjà à la seconde partie, longue d’un peu moins de 80 pages sur 3 chapitres, elle se focalise sur les principe du comportement. En ouverture, le chapitre 2 traite des « comportements planifiés » sur 25 pages. Pour résumer, il y est question de donner à l’utilisateur le sentiment qu’il a le contrôle. L’auteur se fait un point d’honneur à donner un socle académique à chaque sujet (d’où une liste honorable de références bibliographiques en fin de chapitre). Au final le chapitre est assez abstrait et peu captivant, les exemples sui doivent illustrer le propos ne parviennent pas à me sortir de la torpeur où le reste du propos m’a plongé…

Un peu moins de 30 pages sont consacrées au thème suivant : la prise de risque dans la prise de décision. Le sujet est traité de manière un peu moins abstraite et j’ai bien aimé le développement sur les heuristiques (émotionnelle, familiarité…), ainsi que la manière dont on peut s’appuyer sur l’aversion à la perte. Le lien sur la manière dont cela s’exploite au sein d’une application reste assez ténu. On est toujours dans la décision ou plutôt l’action avec le chapitre 4 qui expose sur un peu moins de 20 pages les 3 étapes du déclenchement. J’ai l’impression d’y apprendre peu de choses, surtout avec les facteurs de motivation intrinsèques et extrinsèques déjà bien couverts par Dan Pink et Jurgen Appelo.

La 3ème partie a le droit à près de 90 pages qui totalisent 4 chapitres. Le thème en est les principes de persuasion et d’influence. Ils ne sont pas à prendre au sens de la manipulation, l’auteur y tient beaucoup. C’est le chapitre 5 qui ouvre le bal. Sur 25 pages il traite des facteurs qui amènent l’utilisateur à apprécier votre design. Ce sont toujours des facteurs psychologiques tels que l’identification, la conformité à une autorité, la réciprocité ou l’implication. Les principes sont intéressants, mais ne valent pas à mon avis un développement aussi long, d’autant que l’illustration sur des applications est assez peu convainquant. Le chapitre 6, long d’un peu plus de 20 pages fait le pendant au précédent en évoquant l’influence des tiers (famille, lien social ou leaders d’opinion). J’ai trouvé le propos assez bateau.

Au chapitre 7 on s’intéressa au « framing » de la communication, c’est à dire le cadre émotionnel, culturel, standing, etc. dans lequel on passe le message et le support que l’on utilisera. Le propos manque encore une fois de consistance et cherche à être illustré par de multiples exemples. Le texte n’est pas spécialement mémorable. Le chapitre 8 clos cette partie par un propos encore plus abstrait (pour autant que ce soit possible) sur les voies de la persuasion, à savoir la « central route » et la « peripheral route ». Malgré les exemples, je n’ai pas compris grand chose et encore moins l’usage que je pourrais en faire ni même comment mettre en œuvre ce concept.

La dernière partie se veut récapitulative des 3 précédentes et se contentera de 25 pages sur 2 chapitres. Le chapitre 9 est une étude de cas sur 13 pages. Elle met en œuvre successivement des options de design provenant des principes couverts dans l’ouvrage. Il s’agit d’une sorte de performance car cela m’est apparu encore plus incompréhensible. Bref un chapitre complètement raté. Enfin, au dernier chapitre l’auteur cherche à rentrer ses principes de design dans une sorte de processus. Cala n’arrange rien et la dernière page du livre se tourne.

Ce livre est sans ambiguïté pour moi une déception. Fort de son expérience en recherche universitaire, l’auteur cherche à nous asséner un solide socle académique. Il semble en être fier, mais cette approche associée à un propos abstrait est dénuée de tout sens pédagogique. Même les exemples sensément concrets échouent à être intéressants. Bref, passez votre chemin.

Design for the Mind

Référence complète : Design for the Mind – Victor S. Yocco – Manning 2016 – ISBN : 978 1 61729 295 8

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