La confiance rapporte plus que le contrôle.

Jean-François Zobrist

 

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Note de lecture : Refactoring to Patterns, par Joshua Kerievsky

Note : 6 ; Un grand sujet, traité avec acuité, mais parfois présenté de façon un peu fastidieuse !

Joshua Kerievsky est donc le premier à avoir franchi le fossé entre le refactoring et les patterns ! Nous devons lui en être reconnaissants. L’intérêt et l’expérience de l’auteur (notamment en tant que créateur du « new York patterns group ») l’ont conduit à aborder les patterns non pas comme des éléments initiaux de conception, mais comme des solutions à des problèmes, donc des éléments de conception émergentes, ce qui nous amène au refactoring ! La conception émergente via les patterns est le thème et l’intérêt central du livre et en font sa valeur.

Le sujet va nous occuper au long des 350 pages découpés en 11 chapitres que forme cet ouvrage. Au chapitre 1, l’auteur nous livre la démarche que l’a conduit à ce texte. En partant tout d’abord des patterns pour obliquer vers le refactoring et le cycle TDD, pour revenir enfin vers les patterns, pour améliorer la conception sans tomber dans l’over engineering. Le second chapitre est consacré au refactoring. Il ne s’agit pas là, en une douzaine de pages, de reprendre le propos de Martin Fowler, mais simplement de se focaliser sur l’intention et l’essence de cette démarche.

L’introduction aux patterns du chapitre 3 n’est ni vraiment utile, ni spécialement éclairante. Le chapitre est court mais assez vague sur la nature des patterns, le propos se concentrant plutôt sur l’histoire personnelle de l’auteur… Les Code Smells du chapitre 4 souffrent moins de ce défaut, Joshua Kerievsky nous gratifie ici des odeurs les plus rependues. Il s’agit plus d’un mini-catalogue que d’une introduction.

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Note de lecture : Modélisation de systèmes complexes avec SysML, par Pascal Roques

Note : 5 ; Succinct et fait le boulot, mais pas spécialement agréable à lire.

J’ai passé l’époque où j’avalais les bouquins de modélisation au kilomètre. Mais la modélisation système, domaine dont j’ignore tout attisait ma curiosité. SysML, c’était pour moi l’occasion d’assouvir celle-ci, car maîtrisant parfaitement UML, j’étais à peu près sûr de ne pas être largué. Objectif rempli de ce côté. Je connais les livres de Pascal Roques sur UML (j’en ai même lu plusieurs éditions successives), je suis donc aussi parti confiant sur la qualité de la prose.

Le livre en lui-même est court : 136 pages hors annexes (et presque 170 en les comptant. Le tout est structuré sur 10 chapitres en 4 parties. J’ajoute que les illustrations abondent (ce qui est normal pour un livre traitant de modélisation), autant dire qu’il s’agit d’une lecture rapide. Là aussi, cela me convient dans le principe. Avant même d’aborder la première partie, le premier chapitre introduit le sujet sur une quinzaine de pages. On y évoque les normes et organismes liés à la modélisation système et une ébauche très abstraite de SysML. C’est assez aride et finalement peu instructif, à part si on aime les normes.

La première partie comprend 3 chapitres sur un peu moins de 30 pages et a pour objet la modélisation des exigences. Elle s’ouvre sur un chapitre 2 qui adresse, tambour battant, les cas d’utilisation en moins de 10 pages ! La prose est claire mais ne peut couvrir le sujet en profondeur. Elle aborde néanmoins les relations d’inclusion et d’extension et même la généralisation qui est à peu près inutile à mon avis. Mais les explications sont vraiment succinctes. L’auteur insiste sur son dogme favori : la limitation de la modélisation à 20 cas d’utilisation, quitte à transformer les UC en sorte de thèmes. Une approche que je ne partage pas, tout comme la plupart des auteurs. Je trouve cavalier de présenter cela comme une vérité.

Le diagramme de séquence est traité encore plus rapidement en 7 pages. L’auteur parvient à bien illustrer et expliquer les subtilités de ce diagramme qui ne sont ni plus ni moins que celles d’UML 2.0 dans cet espace réduit. Je retrouve l’angle du cours Valtech et de « UML en Action » consistant à positionner le diagramme de séquence au niveau de l’expression des besoins, alors qu’il s’agit d’un usage particulier, voir détourné. Mais ce n’est pas grave. 7 pages encore pour le diagramme d’exigences qui est lui bien spécifique de SysML. Là aussi c’est efficacement expliqué et illustré, mais je suis un peu frustré par la brièveté du chapitre qui faisait partie de mes grandes attentes, certaines subtilités me semblant même passées sous silence.

Ce sont 3 chapitres également qui sont compris dans la seconde partie, consacrée à la modélisation d’architecture. Le diagramme de définition de blocs (BDD) a droit à une quinzaine de pages. Sans le nommer il fait le pendant au diagramme de classes d’UML. Là encore la prose est claire, le boulot est bien fait.

Près de 20 pages sont dédiées au diagramme de bloc internes (IBD) au chapitre 6. Il s’agit d’un sujet complexe avec des subtilités assez compliquées au niveau du concept de ports. L’auteur s’en sort plutôt très bien sauf quand on arrive sur les nouveaux types de ports de SysML 1.3 où le propos devient trop abstrait. Autre problème plus embêtant : ces diagrammes font apparaitre des subtilités au niveau de la notation graphique qui sont mal rendues au niveau de l’impression. Pour un aussi petit ouvrage vendu 35 €, c’est inacceptable. Le diagramme de package est couvert en 5 pages, mais il y a peu à en dire. Petit regret quand même sur les stéréotypes « model », « view » et « viewpoint » qui, à l’exception de ce dernier, sont mal expliqués.

Sans surprise, c’est la modélisation dynamique qui est au menu de la 3ème partie. Une quinzaine de pages sont dédiées au diagramme d’état. A l’échelle de cet ouvrage, c’est un gros chapitre. Je retrouve l’angle du cours Valtech (qui s’étendait sur 2 chapitres sur ce sujet) consistant à rentrer dans les plus petits détails de cette notation, jusqu’aux extraordinairement peu usités « deep history ». Il en est de même ici. Peut-être que SysML fait-il plus usage de diagrammes d’états que moi avec UML ? Disons simplement que tous les aspects de la notation ne sont pas logés à la même enseigne. Le chapitre 8 est un exemple du genre : il couvre sur 15 pages aussi les subtilités du diagramme d’activité en les introduisant progressivement. Beau boulot ! Tout comme au chapitre 6, la notation qui devient fouillée avec les concepts de flux est rendue difficilement lisible du fait de la médiocrité de l’impression.
La dernière partie traite de « modélisation transverse » sur 2 chapitres. Il s’agit d’aspects qui sont particuliers à SysML. Le chapitre 9 nous invité à découvrir le diagramme paramétrique sur 5 pages. C’est bien et clairement fait, même si je ne peux m’empêcher d’être frustré par la brièveté du chapitre : n’y a-t-il rien d’autre à dire ? C’est ce genre de sujets que j’étais venu découvrir. Le dernier chapitre est dédié aux concepts d’allocation et traçabilité. Il a droit à 8 pages, ce qui est plus qu’assez pour couvrir le sujet.

J’ai eu ce pour quoi j’étais venu. Je trouve toutefois le texte un peu court sur un certain nombre de sujets, mais l’efficacité du propos fait partie des qualités que je recherche : le plus gros investissement dans un livre, c’est le temps passé à le lire. Pascal Roques m’a habitué à une prose de grande qualité et je l’ai trouvé ici plus austère qu’à son habitude. Peut-être est-ce ma perception qui a changé ? Je connaissais les biais de modélisation de l’auteur, entre autres sur les cas d’utilisation. Nous avions déjà des « discussions de clans » sur ce sujet chez Valtech. Je vois que cette ligne n’a pas changé. Bref, un texte qui sans être enthousiasmant fait le boulot. Sauf pour le rendu des diagrammes.

Référence complète : Modélisation de systèmes complexes avec SysML – Pascal Roques – Eyrolles 2013 – ISBN : 978 2 212 13641 8

Note de lecture : The Professional Product Owner, par Don McGreal & Ralph Jocham

Note : 6 ; Une solide lecture pour le Product Owner, qui ne reste pas figée dans le dogme Scrum mais s’égare parfois un peu.

La Scrum.org s’est impliqué dans l’écriture de son corpus de connaissances et de pratiques. Le présent volume consacre celui dévolu au Product Owners. Comme nous allons le voir, c’est globalement une bonne surprise, même s’il nous embarque dans quelques hors sujets.

Les 320 pages du présent ouvrage sont découpées en seulement 9 chapitres structurés en 3 parties. Nous voilà donc embarqués dans des chapitres plutôt conséquents. La première partie « strategy » couvre 4 chapitres, soit un peu plus de 100 pages. Le premier chapitre est lui consacré à la gestion de produit agile. On y retrouve quelques poncifs habituels tels que le triangle de fer. Plus intéressant sont les propos sur les boucles de valeur et surtout les « roles type » qui offre une vue originale des profils de maturité du product ownership.

La vingtaine de pages du second chapitre va aborder la Vision. Le propos tourne autour de quelques pratiques désormais bien connues : le business model canvas, la product box et l’elevator statement. Le propos est bien ficelé, mais les habitués n’y découvriront pas grand-chose. Arrive le chapitre 3 et un sujet tout à fait épineux : la valeur ! Les auteurs lui accordent un peu moins de 40 pages. Les auteurs ont quelque peu du mal à trouver un angle, aussi commence-t-on avec « l’évidence-based management », ce qui a au moins le mérité d’introduire le sujet pour évoquer ensuite la satisfaction des employés et des utilisateurs (avec l’inévitable NPS). Après cela, ça part un peu n’importe comment en parlant budget, taux d’innovation, etc. Un chapitre qui n’est pas mémorable, sur un thème particulièrement difficile.

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Note de lecture : Enterprise Integration Patterns, par Gregor Hohpe & al

Note : 8 ; Un très grand classique !

Cet ouvrage s’inscrit dans la continuité du « Patterns for Enterprise Applications » de Martin Fowler. Plus exactement, il traite de l’intégration d’application asynchrones par le biais de messages. Cette imposante référence regroupe 65 patterns, décrits au long des 650 pages de cette imposante référence. L’ensemble est découpé en seulement 14 chapitres.

Le premier chapitre est déjà conséquent avec près de 40 pages. Les auteurs y construisent un exemple d’intégration d’application fictif allant jusqu’au monitoring et montrant comment et pourquoi chaque pattern y prend place. Cela me rappelle quelque peu le premier chapitre de l’Enterprise Applications Patterns de Martin Fowler. Par contraste, le second chapitre est bien plus succinct avec ses 17 pages. Il s’agit ici de patterns stratégiques décrivant les différents styles d’intégration : transfert de fichiers, base de données partagée, échanges de messages, appels de procédures distantes, etc.

Le chapitre 3 s’attache à zoomer sur un seul des styles d’intégration décrit précédemment : l’échange de messages. Les patterns figurant ici décrivent les différents composants de cette structure : messages, endpoints, chanel, routeurs, transformateurs, etc. Nouveau coup de zoom au chapitre 4, sur un des composants de l’échange de messages : les canaux. Ce chapitre nous fait découvrir les différents types de canaux de manière exhaustive : point à point, publish and subsribe, bridge, etc. C’est l’occasion de découvrir certains patterns beaucoup moins connus que les grands classiques. Je pense, par exemple au Datatype chanel ou au Dead-letter chanel.

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