Il y aurait trois méthodes sûres pour ruiner une affaire qui marche : les femmes, le jeu ou les technocrates… Les femmes, ce serait le plus marrant ; le jeu, le plus rapide ; les technocrates, le plus sûr.

Michel Audiard

 

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Note de lecture : L’entreprise libérée par le petit patron naïf et paresseux, par Jean-François Zobrist

Note : 8 ; L’entreprenariat libéré sans ambages et inspirant.

Lire Jean-François Zobrist, c’est d’abord accepter de se prendre une grande claque. L’homme est connu pour ne pas mâcher ses mots, c’est bien ce que l’on retrouve ici. Favi, l’entreprise qu’il a dirigée est largement cité dans l’ouvrage d’Isaac Getz, il est juste de le voir en parler avec ses mots et surtout son point de vue. Un point de vue radical, nous le verrons.

L’ouvrage n’est pas très long, ses 190 pages s’avalent rapidement. Le texte est toutefois structuré en deux parties. La première partie « premiers éléments » compte moins de 50 pages et 4 sous-parties que l’on pourrait appeler « chapitres ». Dans le premier d’entre-eux, Zobrist pose les fondements de ce qui est une entreprise libérée. Elle doit faire de l’argent car c’est indispensable à sa survie comme l’oxygène est indispensable à l’être humain. C’est l’ouvrier qui génère ce cash-flow, tous les autres (DG compris) est à son service. Le thème sera récurrent au long de l’ouvrage. Dans la différence entre entreprise classique et libérée, l’auteur fustige les technocrates en opposant le gestionnaire (qui gère des chiffres) au manager (qui gère des hommes). Le premier veut contrôler le « comment » et naviguer dans la certitude, le second est empreint du bon sens picard et revient au « pourquoi » tout en s’accommodant de l’incertitude qui est la réalité du monde réel.

Dans les principes de la libération des entreprises, l’auteur propose ceux, radicaux, qui ont été ceux de Favi. Radical certes, quand Zobrist énonce que l’encadrement de l’entreprise sont les salariés des ouvriers. Mais c’est bien ce que l’on attend du texte, on n’est pas déçus ! Pour ce qui est d’avancer, tout comme Kotter, l’auteur met en avant le sentiment d’urgence, mais aussi de mettre en avant l’innovation et de laisser sa place au hasard, en fustigeant (encore) les gestionnaires qui cherchent une certitude qui n’existe pas.

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Note de lecture : Le bon moment, par Daniel H. Pink

Note : 5 ; Timing is everything !

Chaque livre écrit par l’auteur de « Drive » mérite à minima l’attention. Ce nouvel opus ne va pas concurrencer le titre phare de l’auteur, mais il a nombre de chose à nous apprendre. Le titre ne cache pas son jeu, c’est de moment, de timing et de synchronisation dont il va être question. Qu’on le veuille ou non, le facteur temps est presque toujours le plus important.

Ce volume est au format de poche, promesse d’une lecture rapide qui sera tenue. L’écriture a dû en être moins rapide quand on voit le nombre d’études et d’histoires sur lesquelles l’auteur s’appuie. Le texte occupe 270 pages en 7 chapitres, sur 3 parties. La première, « la journée » ne compte que 2 chapitres, mais sur 110 pages. Le premier évoque l’architecture secrète de la vie quotidienne ! Il nous montre, avec de très nombreuses études à l’appui, que nous avons bel et bien une rythmicité quotidienne et que notre énergie et notre humeur varient dans la journée. Pour la plupart d’entre nous, cela marche mieux le matin, mais ce n’est pas vrai pour tous et cela varie aussi au fil du temps, passant le plus souvent du soir vers le matin. Rien que ce chapitre vaut le détour et peut vous aider dans votre vie quotidienne !

Au second chapitre, l’auteur va nous parler de l’après-midi que l’on peut voir comme la zone de tous les risques. Du constat des problèmes d’attention dont l’après-midi est la cause, l’auteur nous fait un plaidoyer des « pauses vigilances » qu’il associe à 5 principes directeurs. Là aussi un bon savoir « à emporter ». Même si vous lisez le chapitre l’après-midi !

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Note de lecture : Designing Data-Intensive Applications, par Martin Kleppmann

Note : 10 ; Monumental! Book of the year 2021 !

Une somme de connaissances, cet imposant ouvrage, n’est pas moins que cela. Le titre laisse présager que l’on va parler big data. C’est plus subtil que cela, car il s’agit avant tout les principes et mécanismes fondamentaux des grosses architectures data, certes en faisant référence aux classiques du marché, pour comprendre les spectres d’utilisation des différentes solutions. On va donc y parler stockage, systèmes réparties, transactions, streaming, etc. Et ce n’est pas du léger.

Léger, l’ouvrage ne l’est clairement pas vu de l’extérieur (et comme nous le verrons, cela va se gâter à l’intérieur) : 550 pages divisées en 3 parties pour un total de 12 chapitres. Nous avons donc des chapitres très conséquents, il n’y a aucun doute. La première partie traite des fondamentaux. Cela couvre 150 pages sur 4 chapitres. C’est une introduction en douceur, le propos y est tout à fait abordable. Le premier chapitre, fort d’une vingtaine de pages, nous invite à comprendre ce qu’est un système fiable, scalable et maintenable. Il ne s’agit pas juste de généralités, car l’auteur y présente ainsi la structure des données dans les SGBDR, dans un système de streaming tel que Storm. On y apprend ce qu’est un percentile et beaucoup d’autres choses. Bref, un chapitre en douceur mais solide, épaulé par une trentaine de références bibliographiques.

En débutant le chapitre 2, j’ai été frappé par la gravure représentant la table des matières du chapitre. Le premier chapitre en avait une aussi, ainsi qu’en fait tous les chapitres du livre ! Modèles de données et langages de requêtes sont au menu de ce chapitre diablement passionnant. Non seulement on rentre en profondeur dans les structures des différents modèles de données et les paradigmes des langages de requêtes, qu’ils soient déclaratifs ou impératifs, mais l’auteur nous donne un éclairage historique remontant au Codasyl. Brillant.

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Note de lecture : Site Reliability Engineering, par Betsy Beyer, Chris Jones, Jennifer Petoff & Niall Richard Murphy edt.

Note 4 ; Les bases d’une nouvelle discipline au milieu d’essais assez hétéroclites.

Le SRE est l’une des nouvelles tendances du moment. Elle figure le pendant « run » du devops de manière générale, mais reste parfois difficile à distinguer aussi clairement. Le présent ouvrage a mis en lumière cette nouvelle discipline, aussi pourrait-on le qualifier « d’historique ». Dans les faits, il s’agit avant tout d’un recueil d’articles. Malgré le travail éditorial effectué, il ne faut pas en attendre le niveau de cohérence d’un ouvrage classique.

Avec ses 475 pages rythmés sur 34 chapitres et structurés en 5 parties, l’ouvrage est une belle bête, au moins au niveau du volume. La première partie ne compte que deux d’entre-eux sur une vingtaine de pages et sert d’introduction aux parties suivantes. « Introduction » est d’ailleurs le titre du 1er chapitre. Celui-ci nous esquisse en quelques lignes ce qu’est le SRE chez Google. Car j’ai oublié de préciser qu’il s’agit d’articles en provenance de Google. Le second chapitre ne se situe guère en continuité car il évoque l’environnement de production. Cette infrastructure est gérée par « Borg » qui n’est pas moins que l’ancêtre de Kubernetes !

La seconde partie assoie les principes du SRE. Elle compte 7 chapitres pour un total de 75 pages. Elle débute par un chapitre 3 qui a pour but de nous donner un éclairage « risques ». C’est surtout la notion de budget d’erreur qui y est important. Le chapitre 4 aborde une notion clé du SRE : le SLO pour Service Agreement Objective, que Google préfère au SLA. Les auteurs nous expliquent comment construire ces SLO par rapport aux SLI (« I » pour indicateur), et ce par l’exemple. Un bon chapitre. Le chapitre 5 est consacré au labeur, que l’on pourrait aussi appeler travail de m… Surtout ce chapitre entrouvre un aspect majeur du RSE : Google emploie pour ce travail des développeurs plutôt que des ingénieurs système car l’objectif est d’éliminer ou automatiser tout cela plus que d’effectuer des corrections !

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