Note de lecture : Rupture Douce saison 04, Laurent Sarrazin edt.

Note : 3 ; Où l’on tourne beaucoup autour du host leadership et des retours d’expérience

De prime abord, ce nouvel opus fait un peu peur avec ses 550 pages. A y regarder de près, imprimé avec une taille de police adaptée aux générations vieillissantes, c’est moins le cas. Et finalement, en ayant avalé cette prose en quelque jours, le texte ne résiste pas tant que cela sous la dent. Mais est-ce une bonne nouvelle ?

Ce nouvel opus a une coloration très « solution focus ». En soi, ce n’est pas une mauvaise nouvelle. Hélas la plupart des textes n’apportent guère de contribution tangible. Je vais donc me concentrer ici sur les apports que j’ai identifiés.

Le questionnement est toujours un bon outil si il est bien utilisé. Les « questions constructives » de Laurent Sarrazin et Géry Derbier nous en fournissent un petit lot en quelques pages, c’est bien pratique et c’est bien vu. Et c’est bien sûr résolument « solution focus » ! La « cuisine sans recette » est une approche de coaching un peu trop perché pour moi. Le storytelling est aussi un peu trop verbeux à mon goût même si j’avoue qu’il est bien écrit. Mais le texte évoque brièvement la « fenêtre de Johari », une approche instructive à découvrir.

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Note de lecture : L’entreprise libérée par le petit patron naïf et paresseux, par Jean-François Zobrist

Note : 8 ; L’entreprenariat libéré sans ambages et inspirant.

Lire Jean-François Zobrist, c’est d’abord accepter de se prendre une grande claque. L’homme est connu pour ne pas mâcher ses mots, c’est bien ce que l’on retrouve ici. Favi, l’entreprise qu’il a dirigée est largement cité dans l’ouvrage d’Isaac Getz, il est juste de le voir en parler avec ses mots et surtout son point de vue. Un point de vue radical, nous le verrons.

L’ouvrage n’est pas très long, ses 190 pages s’avalent rapidement. Le texte est toutefois structuré en deux parties. La première partie « premiers éléments » compte moins de 50 pages et 4 sous-parties que l’on pourrait appeler « chapitres ». Dans le premier d’entre-eux, Zobrist pose les fondements de ce qui est une entreprise libérée. Elle doit faire de l’argent car c’est indispensable à sa survie comme l’oxygène est indispensable à l’être humain. C’est l’ouvrier qui génère ce cash-flow, tous les autres (DG compris) est à son service. Le thème sera récurrent au long de l’ouvrage. Dans la différence entre entreprise classique et libérée, l’auteur fustige les technocrates en opposant le gestionnaire (qui gère des chiffres) au manager (qui gère des hommes). Le premier veut contrôler le « comment » et naviguer dans la certitude, le second est empreint du bon sens picard et revient au « pourquoi » tout en s’accommodant de l’incertitude qui est la réalité du monde réel.

Dans les principes de la libération des entreprises, l’auteur propose ceux, radicaux, qui ont été ceux de Favi. Radical certes, quand Zobrist énonce que l’encadrement de l’entreprise sont les salariés des ouvriers. Mais c’est bien ce que l’on attend du texte, on n’est pas déçus ! Pour ce qui est d’avancer, tout comme Kotter, l’auteur met en avant le sentiment d’urgence, mais aussi de mettre en avant l’innovation et de laisser sa place au hasard, en fustigeant (encore) les gestionnaires qui cherchent une certitude qui n’existe pas.

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Note de lecture : Formula X, par Jurriaan Kamer & Rini Van Solingen

Note 8 ; Ce que la formule 1 apprend aux organisations. Passionnant !

Cela fait déjà un petit moment que je réfléchis à la manière dont fonctionne une écurie de formule 1 et à son extrême capacité d’évolution et d’adaptation. C’est bien une partie du thème abordé dans ce livre, et mieux que je n’aurais su le faire.
Le texte est assez court. Il n’occupe que 190 pages d’un livre au moyen format. Le texte est découpé en deux parties inégales. La première est une fable autour de l’entreprise « Kitchen Quick », qui va occuper un peu plus des 150 premières pages. Quand elles sont bien racontées, ces fables sont d’excellents moments de lecture en plus d’être très instructives. C’est bien le cas ici. Plus que « The Goal » ou « The Phoenix Project », le texte me rappelle « The five dysfunctions of a team » de Lencioni.

La trame est assez simple : Kitchen Quick doit réduire ses livraisons de cuisines de 12 semaines à 2 semaines, question de vie ou de mort. Les personnages sont assez bien campés, mention spéciale à Hank Rapid le propriétaire de la marque, très haut en couleurs. Toutefois le caractère des protagonistes n’est pas toujours exploité comme il faut, tout comme certaines anecdotes qui ne sont pas menées à terme. Mais cela ne nuit pas au récit. Celui-ci est structuré en 6 parties, comme un week-end de formule 1 !

La première partie « free practice » campe essentiellement le décor et l’objectif : livrer les cuisines en 2 semaines au lieu de 12. Avec la seconde partie « Qualifying » arrive le FCCG (Full Control Consultants Group) et la mise en place du Total Efficiency Management dont le nom traduit bien l’orientation. L’auteur traduit bien comment cette transition se traduit dans les équipes et dans leurs interactions entre elles.

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Note de lecture : Rupture Douce saison 03, par Laurent Sarrazin edt.

Note : 4 ; Une consistance du contenu en progrès.

Mes attentes pour ce nouvel opus ne se situaient pas très haut, je dois dire. Et oui, de nouveau je dois constater une certaine disparité entre les textes. Tous ne sont pas bien écrits, et tous ne traitent pas de sujets qui résonnent en moi. On y croise aussi plus de fautes d’orthographes que l’on ne s’y attendrait. Malgré tout cela, dans ce volume de près de 400 pages, il se trouve bien plus de textes sur lesquels je me suis arrêté (et où j’ai appris quelque chose) que je m’y serais attendu. Plutôt que de passer en revue l’ensemble, je vais évoquer ceux-ci.

Le chacal et la girafe d’Éric Bezancon est une simple et bonne introduction de Marshall Rosenberg. Ce n’est probablement pas une prose d’anthologie, mais il explique simplement en quelques pages les étapes OSBD. De quoi se sentir mieux armer au bout de quelques pages, puis de souhaiter s’attaquer à l’excellent « les mots sont des fenêtres » écrit par le maître. Mon ami Vincent Daviet a commis un très bon mariage entre théâtre d’improvisation et agilité. Outre qu’il introduit brillamment les préceptes de cette pratique il nous aide à appréhender les fils qui la relie à l’agilité. Bien joué. Là aussi on pourra poursuivre le plaisir par la lecture de « improving agile team » non cité ici car c’est une référence que j’avais partagée avec Vincent postérieurement à l’écriture de son texte.

J’ai adoré le récit de Nicolas Deverge sur sa mise en œuvre du Lean Startup : le vécu, cela sonne toujours mieux et l’histoire est racontée avec talent. Succès et ratages (dont il ne se cache pas) nous apprenent tous deux des choses. Un texte qui change de ceux qui vantent combien l’auteur est grand et fort… La regrettée Bernadette Lecerf-Thomas nous livre une introduction aux neuro-sciences. Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleurs texte que l’on puisse trouver, mais je le considère un peu comme un bonus. Et la aussi, le rapport volume / information est des plus favorables.

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Note de lecture : Reinventing Organizations, par Frédéric Laloux

Note : 8 ; Riche et passionnant (malgré des répétitions), mais un peu trop « Hare Krishna » pour moi…

Difficile d’échapper au monument de Frédéric Laloux quand on parle d’entreprises libérées. Cet ouvrage est le fruit de plusieurs années de recherches de la part de l’auteur. C’est ainsi qu’il a imaginé un modèle de stades évolutifs des entreprises allant du rouge (et même de l’infra-rouge) à opale. Le texte analyse, en s’appuyant sur de nombreux exemples, le passage entre ces différents stades évolutifs. Mais c’est surtout le dernier stade évolutif, opale, qui retient l’attention de l’auteur à partie de la seconde partie de l’ouvrage.

Le texte en lui-même est assez conséquent : il compte plus de 450 pages structurées en 3 parties totalisant 15 chapitres. A cela, il faut ajouter une solide introduction sur les origines du livre et les recherches qui l’ont soutenu et 4 annexes. La première partie est dévolue au passage des différents stades évolutifs. 65 pages lui sont consacré sur 3 chapitres. Le premier chapitre s’attache aux progressions entre stades évolutifs depuis le stade infra-rouge (réactif) au stade vert (pluraliste). Pour définir ces différents stades, c’est sur les paliers d’évolution des sociétés humaines que s’est appuyé l’auteur. Un parallèle tout à fait intéressant qui aide à appréhender ces paliers.

Le second chapitre est plus court et se focalise sur les passages entre stades. Des passages qui sont autant de ruptures et même de crises. Le facteur déterminant des passages de ces ruptures, c’est le dirigeant, sa capacité, sa volonté et souvent son courage de décider de faire autrement en faisant un pas vers l’inconnu. Le dernier chapitre de cette première partie est dédié aux organisations opales. Cela commence légèrement à sentir la consommation de substances prohibées quand l’auteur parle de « sagesse au-delà du rationnel » et de « quête de soi ». Mais intéressant quand même.

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Note de lecture : Leadership sans égo, par Bob Davids, Isaac Getz & Brian M. Carney

Note : 5 ; L’entreprise libérée colorée à la pensée capitaliste.

Tout d’abord, deux mots des auteurs. Le teneur principal des propos, c’est Bob Davids. Il apparait dans « Liberté & Cie » car il est le fondateur de Sea Smoke évoqué dans l’ouvrage. Bob Davids n’est toutefois pas l’un des rédacteurs, ses propos sont issus de plus de 100 heures d’interviews avec Isaac Getz et Brian Carney.

Ce livre est un abécédaire. C’est un format peu conventionnel, mais nous l’avons déjà rencontré : c’est le format qu’avait adopté Robert Townsend dans « au-delà du management » (Up the organization). De fait, Bob Davids est un disciple de ce dernier. Robert Townsend était même chairman du conseil d’administration de son avant-dernière entreprise, Radica, qi’il avait implanté en Chine. D’ailleurs, bien qu’il ait été aux commandes de 5 entreprises durant sa carrière (Bob Davids est maintenant à la retraite, aux Bahamas), ce sont uniquement les deux dernières, Sea Smoke et Radica dont il est question. Occasionnellement, il reviendra sur les premières heures de son parcours professionnel où il fut Designer industriel, notamment chez Général Motors.

Il n’y a pas de chapitres à ce livre, je vais donc me contenter de picorer quelques réflexions au long de cet abécédaire. Tout d’abord, l’entrée « Café » où il met en exergue deux axes forts : être respecté et faire preuve d’équité. Ce dernier point est souvent en tension avec le désir d’être aimé, mais Bob Davids troque « aimé » contre « équité ».

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Note de lecture : Le patron qui ne voulait plus être chef, par Alexandre Gérard

Note : 8 ; Un petit livre explosif qui n’a pourtant l’air de rien !

Il ne paie effectivement pas de mine ce petit ouvrage au format de poche comptant à peine 220 pages. Il comte l’expérience du PDG de Chrono Flex ou plutôt du groupe Innov’On tel qu’il l’est devenu, vu de sa lucarne.

L’ouvrage s’articule en 4 parties et compte au total 17 chapitres. Ces derniers servant surtout à rythmer la lecture. La première partie couvre une cinquantaine de pages, soit 5 chapitres. Cette première partie relate l’histoire personnelle de l’auteur, le dirigeant et créateur de Chrono Flex. C’est haut en couleur, avec de l’échec scolaire gratiné, la création d’une entreprise aux antipodes de ce qu’il pensait faire, une croissance formidable avec l’essaimage d’autres entités… Cette partie nous fait toucher du doigt la personnalité d’Alexandre Gérard où se voient les prémices de la libération, mais dans le même temps une mise en place de structure pyramidale. Jusqu’au moment où tout s’effondre en 2009. Il n’est pas question de faux-semblants dans cette partie ou d’édulcorer la réalité. Cette partie se conclut sur un moment charnière : la révélation avec la rencontre avec Jean-François Zobrist.

La seconde partie Couvre seulement une quarantaine de pages, sur 3 chapitres. C’est au sein de celle-ci que nous est comptée l’histoire de la transformation de Chrono Flex. C’est un long chemin qu’a entamé l’entreprise et son fondateur. Celui-ci a dû travailler sur lui à l’aide d’un coach pour comprendre l’impact de sa posture, puis changer celle-ci. Il a fallu construire un Vision à l’entreprise, une raison d’être, avec tous ses salariés. Puis abandonner les signes de pouvoir, aussi bien externes qu’organisationnels. Ensuite il a fallu lancer des chantiers au niveau de l’organisation et faire émerger des leaders, les « capitaines » de petites entités régionales pendant que les anciens managers allaient devoir se réorienter. Tout cela aidé de coaches et de facilitateurs. C’est le « grand saut en parachute ». Enfin le plus grand saut : Alexandre Gérard a abandonné la barre du navire pour faire le tour du monde avec sa famille durant 1 an ! Une odyssée passionnante que l’auteur nous fait vivre de l’intérieur.

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