Note : 6 ; La gestion de projets selon Unified Process.
Un ouvrage un peu dense et un peu difficile à lire, mais dont le contenu est indéniable, notamment sur les métriques de suivi de projet. Walker Royce porte un fardeau assez difficile : son père, Winston, est en effet l’auteur d’un article décrivant le cycle en cascade qui est à l’origine du « cycle en V »… à son corps défendant !
Les 4 parties constituées de 17 chapitres de la partie principale du livre couvrent un peu plus de 250 pages. Il faut y ajouter les très conséquentes 5 annexes de la 5ème partie qui totalisent à elles seules 150 pages !
La première partie « software management renaissance » comprend 4 chapitres et un peu moins de 70 pages. Bien entendu, le premier chapitre traite du modèle en cascade présenté dans l’article de 1970 de papa Royce. Plutôt que de critiquer son géniteur, Walker fustige, à juste titre je dois dire la manière dont le modèle a été mal compris. Le second chapitre, s’il est court avec sa dizaine de page, n’est pas une ballade de santé. Il présente l’évolution de l’économie du logiciel en terme de ROI, coût par SLOC, etc. En comparaison le 3ème chapitre qui présente logiquement l’amélioration de cette économie est nettement plus accrocheur. L’auteur y évoque l’influence de différents paramètres tels que le langage de programmation, l’utilisation de la conception orientée objet ou la pratique du peer review. Cette première partie se conclut par la comparaison des « anciens principes » contre les nouveaux (ceux de l’auteur). J’ai trouvé l’énoncé des 30 principes de Davis bien plus intéressante (même si certains sont clairement erronés), en regard des 10 principes de Royce.
La seconde partie « a software management process framework » rentre dans le dur de UP. 65 pages sur 5 chapitres y sont consacrés. Le chapitre 5 se focalise sur le concept de phase (vous savez, celui que l’on a abandonné avec agile…). Bien entendu ce sont les 4 phases d’UP qui y sont évoquées. C’est sans surprise que l’on aborde le chapitre 6 qui s’avère consacré à la question des artéfacts projet, les 25 pages de se chapitres évoque l’existence de nombre d’entre eux en les ventilant sur 5 pratiques d’ingénierie. Un chapitre que j’ai du mal à trouver passionnant, bien qu’il soit central dans les méthodes prescriptives et finalement bien abordé ici, y compris la discussion sur l’usage et l’apport d’artefacts formels. Les deux chapitres suivants sont étrangement courts. D’abord le chapitre 7 sur les modèles n’évoque que l’existence de 5 modèles (qui rappellent les 4 + 1 vues de Philippe Kruchten), mais sans aller plus avant parce que hors du sujet de l’ouvrage probablement. Ensuite le 8 chapitre 8 nous parle du workflow de l’itération, décrivant celle-ci comme un mini waterfall. Beurk ! Le dernier chapitre de cette seconde partie est plus ésotérique en évoquant les jalons majeurs et mineurs.
La troisième partie « software management disciplines » couvre 85 pages sur 5 chapitres. Il commence avec le chapitre 10 qui aborde la planification itératif et son outil phare : le WBS (Work Breakdown Structure). Encore un truc que l’on ne fait plus en agile. Toutefois si vous voulez rentrer dans le sujet, vous avez là une référence de première main. Non seulement il donne une méthode de découpage, mais évoque les répartitions budgétaires relatives et leur évolution en fonction des phases du projet ! Le chapitre 11 lui traite de l’organisation de projet, au sens « administratif ». C’est donc à des organigrammes qu’il nous faut faire face, avec des listes de responsabilités et tout et tout… Le chapitre 12 focalise sur l’automatisation du processus et notamment du change control. Bref, pas mal d’outillage « projet ». Fort logiquement, au chapitre 13, ce sont les indicateurs de management qui sont à l’honneur et principalement le fameux Erned Value Tracking (EVT). Le chapitre 14 aborde la customisation du processus (car UP se customise). Walker Royce aborde cela en classant les types de projet en 2 dimensions : la complexité technique sur un axe et la complexité de management sur l’autre. Chaque axe nécessite une emphase particulière sur certaines disciplines et certains artefacts. Il n’y a plus qu’à combiner les deux, hein ?
La dernière partie du corps du livre « looking forward » ne compte que 3 chapitres et se contente donc d’une trentaine de pages. Elle débute par le chapitre 15 qui évoque les projets dits « modernes ». C’est finalement là que l’on retrouve des choses qui se rapprochent le plus des projets agiles : des exigences qui évoluent, de l’intégration continue, mais le tout encore et toujours dans les fourches caudines d’XP aux forceps. Au chapitre 16, on tente de tourner notre regard vers un nouveau modèle économique des projets. Il s’agit en partie d’une remise en cause partielle des postulats de Boehm dans le cadre des développements actuels. La partie textuelle de cet ouvrage se conclu par un chapitre 17 assez courts évoquant les problèmes de transition vers ces processus…
La 5ème partie du livre est consacrée aux annexes. Comme je l’ai dit, elle est franchement volumineuse. L’annexe A évoque l’état des pratiques en s’appuyant sur des rapports. Hélas tout ce ceci n’est plus d’actualité, mais cette partie est au moins courte ! L’annexe B rentre dans le modèle COCOMO 2 de Boehm, et on s’en tire pour une vingtaine de pages. Une dizaine de pages sont consacrées à des métriques de changement qui à mon avis ne servent à rien. L’annexe D est un cas d’étude et franchement il faut être motivé pour s’en taper les 60 pages. Enfin, même si l’annexe D compte 30 pages, il est plus facile de s’y intéresser : challenger UP face à CMM peut s’avérer instructif.
Le livre est dense, très dense. Il traite de processus semi-prescriptif est déballant beaucoup de matériel, beaucoup de concepts et un niveau de technicité, en processus, en métriques et un petit peu dans tout, il faut bien le dire, qui est très élevé. Le vrai risque est d’être un peu noyé à force d’en vouloir pour notre argent. L’erreur de l’auteur est d’essayer d’augmenter le niveau de technicité, de finesse dans la maitrise et la gestion de projet, là où la clé serait plutôt la simplification.
Référence complète : Software Project Management: A Unified Framework – Walker Royce – Addison Wesley 1998 – ISBN: 0-201-30958-0
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