Note : 4 ; Merise pour l’urbanisation du SI plus que pour les projets, même si Merise n’est pas votre business…
Voici une référence biblio avec laquelle je vais me faire “casser” allègrement. Ce n’est pas grave, j’en prends le risque. Amis fondus de l’objet, n’oubliez pas qu’il y a une vie au delà de l’objet. Plus concrètement, on est souvent amené à se connecter à des bases de données relationnelles, donc le plus souvent documentées à l’aide de Merise. Je vous recommande donc de posséder un verni culturel sur ce sujet. Cette référence est là pour couvrir ce besoin. Et on ne fait pas particulièrement dans la légèreté, avec un texte de 650 pages, subdivisé en 6 parties pour un total de 28 chapitres ! La moyenne par chapitre semble donc raisonnable. Passons cela en revue, partie par partie.
La première partie ne fait que 65 pages et s’intitule pompeusement « principes généraux et fondements théoriques de la méthode ». Elle compte 4 chapitres. Après un bref rappel historique, les auteurs replacent Merise dans ce qu’ils appellent la science des systèmes en structurant l’informatique d’entreprise en 3 sous-systèmes : opérant, système d’information et de pilotage. Vient ensuite une vue générale de la méthode et des fameux différents modèles : MCD, MCT, MOD, MOT, MLD, MLT, MPD et MPT (ouf !). Cette première partie se conclut sur la gestion des différents niveaux d’organisation du SI. Le tout est bien illustré, bien qu’avec des représentations un peu complexes et un style plutôt ampoulé, voir un peu prétentieux.
La seconde partie traite de la conception du système d’information organisationnel ( !). Ce sont 145 pages et 6 chapitres qui couvrent ce sujet. Cette partie aborde la méthode Merise dans l’ordre logique d’utilisation. D’abord le modélisation de l’organisation en domaines et en flux, puis le modèle conceptuel des traitements (MCT), qui équivaut, à ce niveau, à un business model. Le modèle conceptuel des données (MCD) est traditionnellement un gros morceau de Merise, c’est pourquoi 60 pages lui sont consacré. Le modèle organisationnelle des traitements (MOT) est traité ensuite, ce qui fait peu de sens, car je l’aurais plutôt vu à la suite de l’organisation des traitements en flux… Le modèle organisationnel des données (MOD) qui est vu ensuite a une finalité qui ne me semble pas claire, j’ai du mal à le distinguer du MCD. Pour les auteurs, cela paraît évident et ils ne font aucun effort pour nous éclairer. Cette partie se clos par la confrontation traitements / données qui était latente sur toute la partie. Les grilles de cohérences proposées sont fort peu convaincantes.
En troisième partie on aborde la « conception du système d’information informatisé ». Drôle de titre. Avec 180 pages sur 4 chapitre, c’est la partie la plus importante de l’ouvrage en terme de volume. Si la partie 2 pouvait être assimilée à la première couche du modèle de Longépé, cette 3ème partie peut l’être sans aucun doute par rapport à la couche 2. On traite le Modèle logique de Traitement de données, pour ensuite s’intéresser au MCD, tout le chapitre 12 est en fait consacré à la modélisation des données suivant les formes normales de Codd. S’en suit un chapitre particulièrement bâclé sur les modèles physique des données et des traitements. On termine par un chapitre sur l’optimisation du modèle de données qui n’est ni convainquant ni cohérent avec le reste de l’ouvrage.
Les 110 pages de la quatrième partie traitent de la démarche Merise et couvrent 8 chapitre. C’est assez troublant car cela signifie que les parties précédentes n’étaient pas spécialement liées à Merise … de quoi être perdu ! Il s’agit en fait de décrire le cycle de vie du système d’information. Il part du sacro-saint schéma directeur, abordé dans la dizaine de pages du chapitre 15 où il n’est pas question de Merise pour aborder ensuite les études préalables (chapitre 16). Cela couvre le rétro-engineering de l’existant et le dimensionnement. Le lien avec Merise est fait, mais il est ténu et peu convainquant. L’étape suivante, l’étude détaillée évoque au chapitre 17 des « extensions du MCD » mais sans rentrer dans le détail. Le chapitre 18 dédié aux études techniques est pire, il est aussi très superficiel, on voit bien que ce n’est pas la tasse de thé des auteurs. Pour rester cohérent, les auteurs se sont sentis obligé de consacrer un chapitre à la production du logiciel (le moment où l’on programme) : il fait une page et demi. La mise en exploitation n’est pas occultée, mais si l’on écarte le fait que Merise n’y intervient pas, on voit bien également que ce n’est pas le domaine des auteurs. Quelques pages sont finalement consacré à la maintenance, ou plus exactement à un processus de gestion des changements.
Trente pages et 3 chapitres, c’est ce qui est dévolu à la cinquième partie qui évoque les moyens à mettre en œuvre avec Merise. C’est un volet très méthodologique, qui évoque en premier lieu les rôles et la structure organisationnelle, puis les activités et la façon dont les responsabilités se ventilent, pour terminer avec les outils et artefacts avec un gros focus sur les fonctions attendues d’un AGL.
La sixième et dernière partie est consacrée à l’étude de cas d’une société X. En fait, il s’agit plutôt de la présentation du domaine fonctionnel de cette société qui est utilisée comme support sur un certain nombre des exemples. Il est très malencontreux d’avoir structuré cela ainsi : il aurait mieux valu mettre cette partie beaucoup plus en amont et utiliser ce cas d’étude tout au long du livre, en tant que fil rouge. Ni l’un ni l’autre n’ont été fait et celui nuit grandement à la qualité pédagogique de l’ouvrage.
Je pensais avoir acquis un livre pour comprendre l’utilisation de Merise dans un projet. Il n’en est rien et cet aspect est en fait peu ou mal appréhendé. C’est un peu de ma faute, car en fait, le titre du livre est clair : il s’agit plutôt d’une démarche d’urbanisation du système d’information avec Merise ! Hélas, en tant que tel, cela n’est pas non plus très convainquant. Il n’en reste pas moins que l maîtrise de l’outil Merise par les auteurs, leur expertise devrais-je dire, est incontestable. La façon plutôt académique dont ils abordent le processus en fait un texte assez peu opérationnel à mon goût. Ce n’est probablement pas ma pire acquisition, d’autant plus que celui-là, je l’ai eu en fin de série, chez Gibert, à 60 balles.
Référence complète : Ingénierie des systèmes d’information avec Merise, vers une deuxième génération – D. Nanci, B. Espinasse, B. Cohen & H. Heckenroth – Sybex 1992 – ISBN : 2-7361-0747-7
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