Note de lecture : Patterns for Effective Use Cases, par Steve Adolph & Paul Bramble, with Alistair Cockburn & Andy Pols

Note: 7 ; Un (excellent) complément au « Writting Effective Use Cases » d’Alistair Cockburn.

Les cas d’utilisation sont un peu passés de mode depuis la grande époque UML, jusqu’au début des années 2000. C’est bien de cette époque que date cet ouvrage dont on peut pourtant dire qu’il serait injuste de le considérer comme passé de mode ! Il s’inscrit dans la lignée du « writting effective Use Cases » d’Alistair Cockburn qui promeut une écriture intentionnelle, courte et efficace par rapport aux Cas d’Utilisation « interactionnels » qui noircissent beaucoup de pages et ont donné une image si déplorable de cette pratique.

L’ouvrage a adopté le forme « Pattern Language ». Elle n’est pas toujours appropriée pour un livre d’environ 200 pages, mais on doit bien constater qu’ici cela ne pose guère de problème. Ceux-ci sont partitionnés sur 7 chapitres (auxquels il faut ajouter le chapitre introductif). Chaque pattern occupant environ 6 à 8 pages, donc assez pour être développé et pas trop pour ne pas devenir indigeste. Le premier chapitre investigue ce qu’est réellement un cas d’utilisation de qualité. C’est du moins la promesse faite par ce chapitre dont le titre est un peu trompeur. Si les auteurs nous montrent effectivement ce qu’est un bon Cas d’utilisation par rapport aux mauvais cas d’utilisation (toute ressemblance avec les bons et les mauvais chasseurs…), le chapitre sert surtout de table de matière et au langage de patterns et d’introduction à la forme pattern. Cela dit, il n’y a rien de mal à cela et c’est même nécessaire.

Le chapitre 2 nous prend un peu par surprise : « The Team » évoque les aspects collaboration et coopération gravitant autour de l’écriture des cas d’utilisation ! Ainsi, ParticipatingAudience met l’accent sur l’implication des utilisateurs et des parties prenantes, tandis que BalancedTeam détaille la pertinence de former des groupes d’écriture diversifiant les points de vue. En réalité, les éléments évoqués sont un peu des nouvelles d’hier, mais les expliciter ne peut pas faire de mal. Le chapitre 3 « The Process » s’inscrit dans la continuité. Le chapitre est assez riche et ne commet pas l’erreur de proposer un workflow de rédaction. BreathBeforeDepth est sans doute l’un des patterns cruciaux de ce chapitre. Les auteurs y référencent de très nombreux autres patterns, sans doute trop. Mais le propos est crucial pour la réussite d’une démarche « cas d’utilisation ». Je suis plus surpris d’y trouver TwoTierReview qui aurait d’avantage eu sa place dans le chapitre précédent, à mon avis. Le QuittingTime est une bonne idée : il rappelle que « pas trop n’en faut » et qu’ajouter du détail peut être contre-productif. C’est une mise en garde dont j’ai eu à faire bon usage, car je dois avouer avoir été coupable de ce travers !

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Note de lecture : Gestion de Configuration : Maîtrisez vos changements logiciels, par Linda Djezzar

Note: 6 ; Une très bonne introduction aux processus de gestion de configuration, même si elle me laisse un peu sur ma faim.

Cet ouvrage fort digeste est destiné à faire comprendre ce qu’est la gestion de configuration, ses enjeux, sa mise en œuvre et ses apports. En ce sens, le livre est avant tout destiné aux managers. Comme nous allons le voir, il fait quand même l’effort de s’ancrer dans la réalité des outils de gestion de configuration, on pourrait presque dire qu’il s’agit d’un ouvrage hybride !

Justement, jetons un coup d’œil au texte. Tout d’abord, il est court avec ses 140 pages, ce qui renforce son ancrage vers les managers (quoique pour eux, même cela commence à être long…). Le texte est rythmé en 9 chapitres, ce qui constitue une taille moyenne assez réduite pour chaque chapitre. J’aime bien. Pour structurer encore plus, malgré la taille réduite du texte, les chapitres sont regroupés en 3 parties. La première d’entre-elle, « l’état de l’art », est constituée de 3 chapitres sur une cinquantaine de pages. Et l’on va commencer à explorer les concepts de base au premier d’entre-eux, sur une douzaine de pages. Après un trop court éclairage historique, on rentre directement dans un ensemble de définitions, certes rébarbatives, mais que l’auteure arrive à rendre digestes. Finalement, c’est la fin du chapitre qui serait la plus intéressante, mais les fonctions de la gestion de configuration sont traitées bien succinctement…

Même s’il ne compte qu’une quinzaine de pages, le second chapitre reprends là où le premier nous avait laissé en plan : les fonctions de la gestion de configuration. Bien sûr, on ne peut pas dire que le panel d’outils évoqués respire la modernité (CVS, PVCS, Clear Case…), ni que l’inscription dans le cycle de travail soit d’inspiration agile, mais il ne faut pas oublier que le texte date du début des années 2000 et au moins l’illustration est bien ancrée dans la réalité du cycle de développement. Le 3ème chapitre va donner à manger aux managers et aux cellules qualité avec l’évocation des modèles de maturité. Ce n’est pas le meilleur moment du livre.

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Note de lecture : Le triangle pédagogique, par Jean Houssaye

Note : 3 ; Pontifiant voir pédant, mais intéressant pour le seul premier chapitre

Le triangle pédagogique est l’une des bases de la pédagogie moderne. C’est aussi le titre de cet ouvrage et c’est la raison pour laquelle j’en ai fait l’acquisition. Le livre est constitué de 9 chapitres (plus une conclusion). A l’exception du premier chapitre, il s’agit de transcriptions d’interventions en colloques ou conférences de l’auteur. Ce qui impacte hélas l’homogénéité du propos. Le livre se limite à 155 pages, mais le contenu étant uniquement textuel et les textes étant souvent très lourds voir ampoulés, il met plus de temps que prévu pour être digéré.

Le premier chapitre lègue son titre à l’ouvrage. C’est la raison d’être de celui-ci, mais il ne compte que 12 pages. Il fait le boulot pour expliquer les 3 côtés du triangle, quoique vraiment trop succinctement, j’avais acquis l’ouvrage justement espérant quelques développements de ce côté. Par ailleurs le style très académique en complique la compréhension. Un trait que l’on retrouvera dans la totalité de l’ouvrage.

Le second chapitre « l’autorité ne passera pas » est plutôt un plaidoyer, dont la teneur surprend un peu. C’est assez rafraichissant et clairement hélas dédié au monde scolaire. On n’y apprend pas grand-chose non plus. Le troisième chapitre sur la gestion pédagogique entre élèves nous donne un éclairage historique sur les différentes approches. On comprend que l’on est coincés avec le « mode simultané », rafistolé avec une pédagogie de soutien notoirement inefficace mais qui nous donne bonne conscience, alors que d’autres approches telles que la pédagogie différenciée donnent de bien meilleurs résultats depuis longtemps. Bien joué.

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Note de lecture : Radical Focus 2nd edt., par Christina Wodtke

Note : 7 ; Les OKRs par la pratique, efficace et pertinent.

Vous cherchez à vous lancer réellement dans une démarche OKR ? Ce petit ouvrage est sans doute pour vous. Il ne s’agit plus ici de répondre au « pourquoi » mais au « quoi et au « comment ». Il cherche à combiner, plutôt heureusement, la compréhension de l’état d’esprit des OKRs, les éléments constitutifs de la démarche et la mise en pratique.

Petit, cet ouvrage l’est assurément par le format, ses 220 pages le rend d’une lecture aisée. Le texte est structuré en 4 parties, qui ne sont pas réellement constitués de chapitres, mais plutôt de sections. La première partie est une nouvelle, courte de 75 pages. Nous y faisons la connaissance de Hanna et Jack, créateurs d’une start-up, et de Jim leur « business angle ». Ce narratif va nous permettre de comprendre comment les OKRs vont leur permettre de piloter l’avenir de leur start-up, de prendre des décisions difficiles et de mettre en œuvre un suivi des indicateurs et des actions. Bien sûr, il s’agit d’un contexte start-up, mais cela permet quand même de se rendre compte d’un fonctionnement « par l’exemple ».

La seconde partie compte une cinquantaine de pages et détaille les éléments du framework. Elle commence à mettre en relief les causes d’échec des objectifs. C’est une bonne introduction au framework lui-même : les objectifs et les key results y sont expliqués et illustrés d’exemples. C’est un très bon point, l’auteur cadre parfaitement les propriétés et les questions à se poser pour obtenir de bons objectifs (et les key results associés).

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Note de lecture : Évaluer pour former, par Gilles Baillat, Jean-Marie De Ketele, Léopold Paquay & Claude Thélot

Note : 2 ; Académique et obscur

Il est difficile de la nier, le sujet est particulièrement pointu. Comme son nom l’indique, le livre est entièrement consacré à l’évaluation de formation sous ses différentes formes. Ce sujet est par ailleurs un élément prépondérant du référentiel Qualiopi. Comme son nom ne l’indique pas, l’ouvrage est une compilation d’articles. Ce n’est pas un ouvrage collectif dans la mesure où chaque article qui forme autant de chapitres n’était pas destiné à figurer dans ce volume. Mais il partage avec l’ouvrage collectif le défaut du manque de cohérence et hélas d’autres aussi comme nous le verrons au fur et à mesure.

Avec 200 pages, le texte ne fait pas vraiment peur de prime abord. Il est constitué de 12 chapitres répartis en 3 parties. La première d’entre-elle « les démarches d’évaluation : pour quoi ? Pour qui ? » regroupe 4 chapitres sur près de 55 pages. Elle s’ouvre sur la finalité de l’évaluation au sein du système éducatif. Le style est assez académique, mais il faudra s’y faire car c’est le trait commun à tous les chapitres. Le titre ne ment pas, on parle bien du système éducatif et de la manière dont l’évaluation s’y inscrit, sans rentrer dans la pratique de l’évaluation. Étant consacré au système éducatif, le propos est sans intérêt dans le cadre de la formation professionnelle. Le second chapitre semble plus prometteur. Il est consacré à l’analyse de l’évaluation mais met de côté l’aspect pratique avec un propos à la limite du travail de recherche. Ce n’est pas sans intérêt, mais peu transposable.

Le 3ème chapitre nous renvoie au système éducatif et plus précisément au protocole PISA et la manière dont celui-ci prend en compte les évaluations internationales. Sans compter que la matière n’est d’aucun intérêt dans le cadre de la formation professionnelle, je ne suis pas parvenu à m’intéresser au sujet. Cette première partie se conclut par un chapitre 4 consacré aux questions éthiques. Le propos couvre les aspects qui concernent tout aussi bien la formation professionnelle et mettent en lumière l’aspect délicat et périlleux de l’exercice d’évaluation. Sans doute le chapitre le plus utile (ou le moins inutile) de cette première partie.

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Note de lecture : Measure What Matters, par John Doerr

Note : 7 ; Des story-tellings inspirants autour des OKRs

Ce n’est pas le livre par lequel tout a commencé, mais bel et bien celui qui a popularisé les OKRs ! L’auteur ne m’était pas connu avant, mais son parcours de business angel est plus qu’impressionnant. Pourtant c’est aux côtés d’Andy Groove, chez Intel qu’il a vécu et découvert la démarche OKR.

Avec 250 pages, il s’agit d’un texte qui fait la part belle au narratif et se lit vite. Il est structuré en 2 parties pour un total de 21 chapitres. La première partie « OKR in action » couvre 170 pages pour 14 chapitres. Le premier chapitre « Google meets OKR » nous raconte comment l’auteur a introduit cette pratique à la génèse de cette compagnie. Un bien beau story-telling qui nous aide à comprendre l’intérêt de la démarche.

On remonte un peu le temps avec le chapitre 2 consacré au véritable père des OKRs : Andy Grove. C’est un morceau d’histoire passionnant que nous livre ici l’auteur, non seulement celle d’Andy Grove que l’auteur admire, mais celle d’Intel. C’est aussi l’occasion de comprendre comment cette approche se démarque du MBO de Peter Drucker. A ne pas rater. Le chapitre 3 « operation crush » raconte comment Intel a mis en œuvre son approche OKR pour abattre son adversaire Motorolla dont le processeur 68000 était pourtant largement meilleur que le 8086 ! Une histoire contée par Bill Davidow qui s’inscrit dans la suite du chapitre 2.

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Note de lecture : Software Telemetry, par Jamie Riedesel

Note : 4 ; Une très belle conceptualisation, mais un texte qui s’éparpille et manque souvent de hauteur

J’ai renommé la section dans laquelle figure cette note de lecture d’après ce livre. Cela devrait en dire long sur celui-ci. Car celui-ci aborde et conceptualise de manière original un sujet : celui de l’architecture du pipeline d’observabilité. Pourtant il n’est pas écrit par un architecte, mais par une ops. Cela est très visible dans la manière dont les sujets sont abordés et cela coûte au texte pas mal de points.

Le texte justement, parlons-en. Il est franchement volumineux avec ses 500 pages découpés en 3 parties, pour un total de 18 chapitres. La première partie aborde le volet architecture que j’évoquais. Cela occupe 170 pages sur 7 chapitres, auquel il faut rajouter le chapitre d’introduction. Il ne faut assurément pas rater ce dernier : les grandes lignes de l’architecture du pipeline d’observabilité y sont décrites, ainsi que les usages de l’observabilité (métriques et logs) par différents acteurs : développeurs, ops, exploitant, sécurité, service légaux…

Le chapitre 2 qui ouvre réellement cette première partie rentre en profondeur sur « l’emitting stage ». On voit déjà ici l’angle ops du texte qui évoque bien SNMP ou systemd, tandis que des briques logicielles permettant l’émission de logs ou de métriques sont passées assez légèrement. Ainsi Log4J est succinctement évoqué, mais pas JMX… Le propos n’est pas inintéressant, mais il aurait peu être nettement meilleur et plus efficace. Fort logiquement, le chapitre 3 va couvrir le shipping, mais également le stockage, ce qui est peut-être trop. J’ai apprécié l’analyse de plusieurs architectures de shipping intégrant même des bus orientés queues (tel que Kafka), mais curieusement les superstars telles que fluend ou Logstash n’y ont guère de place. Il faudra vous diriger vers l’excellent et mal nommé « Logging in Action » si vous êtes frustrés…

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Note de lecture : The Art of Non-Conformity, par Chris Guillebeau

Note : 4 ; Où l’auteur parle de lui-même pour illustrer la non-conformité

Ceci est un « gourou-free » livre de développement personnel. Il se veut à la fois inspirant et pratique. Pour tout dire, il atteint effectivement ces buts à ce titre. Trouverez-vous pour autant vos marques en ces pages ? C’est ce que nous allons explorer maintenant.

L’ouvrage est assez court. En format de poches couvrant environ 230 pages, il s’avale assez vite. Le texte est structuré en 3 parties pour un total de 12 chapitres. La première partie « the remarkable life » regroupe 4 d’entre-eux et couvre 80 pages. Cette première partie s’ouvre sur un premier chapitre qui doit vous permettre de déterminer si ce livre est bien pour vous. Le point d’orgue est les « 11 façons de « unremarkably average », dont les items sont parfois sévères. Mais l’auteur assume son point de vue. Au second chapitre c’est d’identifier notre vie non-conventionnelle que l’auteur propose. Pour cela il va s’appuyer sur ce qui sera le fil rouge du livre : il parle de lui-même. Disons tout net qu’à la longue c’est assez lassant, même si cela est au moins un peu intéressant. J’y ai bien aimé toutefois le « radical goal setting ».

Au chapitre 3, il est question de briser le mur de la peur. L’ouvrage datant un peu, il convient de se demander si l’admiration affichée de l’auteur pour Lance Armstrong reste toujours aussi pertinente… Rien de transcendant toutefois dans ce chapitre où pour une fois Chris Guillebeau raconte plus l’histoire d’autres personnes que la sienne. Cette première partie se referme sur un chapitre qui nous invite à combattre l’autorité. Il s’agit ici des « gatekeepers », les no-men qui cherchent à nous ramener vers la normalité. Si le propos n’ébauche que quelques stratégies, le propos a le mérite de faire réfléchir.

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