Note de lecture : De mémoire vive, par Philippe Dewost

Note : 8 ; Témoignage sur la révolution numérique à la Française.

Comme le titre le suggère, il s’agit d’un livre d’histoire, mais d’une histoire où l’auteur est parfois acteur et parfois observateur engagé. Si elle est centrée sur l’hexagone, elle évoque abondamment l’autre côté de l’Atlantique (sans lequel il serait vain de compter une histoire de l’informatique), mais lorgne aussi sur l’asie. Ce n’est pas un récit objectif, et il met souvent en scène l’auteur lui-même : c’est l’angle du livre et si cela vous déplait, ce n’est pas la peine d’aller plus loin.

L’ouvrage compte 350 pages structurées en 11 chapitres encadrés d’une introduction et d’une conclusion. Le titre de chacun d’entre-eux est énigmatique de prime abord, il faudra lire le texte pour en comprendre chaque fois le sens. Lors du premier chapitre « estime de la souveraineté », l’auteur part (comme souvent dans l’ouvrage) de sa propre histoire, alors qu’il était élève officier, en évoquant le GPS et son devenir. Cette saga nous entraine non seulement sur le domaine de la souveraineté, mais aussi sur le rôle prépondérant des militaires sur le progrès technologique. Une partie de l’histoire est connue, certains détails le sont moins, et l’auteur excelle à connecter l’ensemble.

Il faudra attendre la fin de ce chapitre 2 pour en comprendre le titre « mentir à IBM ». C’est une belle perspective historique, même si elle est menée au pas cadencé, qui nous est proposée là, remontant jusqu’au années 60. Le propos sur la rareté des ressources trouve écho aujourd’hui où il est question de green IT. L’auteur nous tiens la main pour parler de goulots d’étranglements, de systèmes centralisés (à la IBM) et de réseaux. Le chapitre 3 « le chant des modem » est sans doute le chapitre qui m’a le moins plût. Comprendre le changement du terrain de jeux des grands conglomérats des telecom est sans doute instructif, mais j’ai vite perdu le fil des fusions et acquisitions dont il est question. Dommage.

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Note de lecture : Les Innovateurs, par Walter Isaacson

Note : 8 ; La grande saga de l’informatique … avec un point de vue subjectif.

Walter Isaacson est le biographe de Steve Jobs, entre autres chose. Il fut aussi journaliste au Times. Bref, il sait écrire et raconter, on s’en rend très vite compte. Le format poche du livre fait 860 pages, mais c’est au format Kindle que je l’ai lu. Il est structuré en 12 chapitres qui chacun couvre une période de l’histoire de l’informatique.

L’auteur a décidé de remonter aux prémices avec un chapitre consacré à Ada Lovelace ou plus exactement à Ada et Babbage, mais centré toutefois sur la fille de Lord Byron. Un chapitre sans concessions sur celle que l’on considère comme la pionnière de la programmation, mais qui vantait sans retenue ses capacités intellectuelles. C’est sur la publication « Sketch of the Analytique Machine » par LF Menebrea, mais traduit en Anglais par Ada et augmenté de ses notes que s’attarde Walter Isaacson. Ce sont ces notes (qui occupent d’ailleurs plus de place que le texte original) que se trouvent toutes les trouvailles et les projections concernant la machine analytique et cela est fort bien analysé par l’auteur.

Le second chapitre s’intitule « l’ordinateur », il s’agit bel et bien de l’invention de l’ordinateur. L’auteur nous dresse le paysage des prémices de l’ère numérique avec les Shannon, Lorenz, Aiken, Atanasoff et surtout Mauchly, car l’auteur ne peut se vanter d’être objectif en dédaignant l’aspect programmable du Mark I et II au profit du fonctionnement à lampe du non-programmable Eniac. Le rôle Von Neumann dans ce projet y est clarifié, entre autre qu’il permit à l’industrie informatique d’éclore à cette époque en coupant l’herbe sous le pied de la brevetabilité de l’architecture des machines. Ce second chapitre est assurément l’un des plus passionnants.

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Note de lecture : L’art de la victoire, par Phil Knight

Note : 9 ; Waouh ! Book of the year 2018

Les autobiographies ne sont pas de grands moments de littérature. Et pour de bonnes raisons. Les auteurs en sont des personnalités mais certainement pas des écrivains professionnels. Il en résulte un style ampoulé, un manque de vivacité, de constantes justifications et un point de vue souvent très biaisé.

Mais dans cette autobiographie du créateur de Nike, rien de tout cela. Bien au contraire. Non seulement Phil Knight sait écrire (ou il l’a appris, il semble avoir pris des cours d’écriture), mais il est aussi un conteur formidable. Difficile de reposer le livre un fois la lecture entamée.

L’histoire commence en 1962, avec un voyage à Hawaï, qui deviendra un contact avec le Japon, puis un tour du monde. De là naîtra Blue Ribbon en 1964 et progressivement les premiers complices de Phil Knight : Bowerman, Woodell et Johnson. L’auteur nous partage ses envies, ses doutes et ses obsessions. Son obsession principale, c’est celle d’un « shoe dog », concevoir, fabriquer et vendre les meilleures chaussures d’athlétisme possibles. Son envie : grandir le plus rapidement possible pour battre Adidas, son ennemi de toujours, ce qui l’amènera à être endetté bien au-delà du raisonnable une grande partie de sa vie.
Puis en 1972, avec le recul de Tiger, les chaussures qu’il distribuait depuis 8 ans déjà est venu la décision de créer Nike.

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Note de lecture : Fire in the Valley 3rd edition, par Michael Swaine & Paul Freiberger

Note : 8 ; Les petites et grandes histoires du début de la micro-informatique racontées et témoignées de manière passionnante.

C’est un livre d’histoire. D’histoire contemporaine pour être plus précis, qui couvre essentiellement le début des années 70 jusqu’au début des années 90. Ou devrais-je plutôt appeler cela une épopée : celle de la naissance du micro-ordinateur, jusqu’à sa banalisation qui coïncida avec l’avènement d’Internet et la banalisation des micro-ordinateurs devenus objets de grande consommation.

Ce n’est pas une lecture légère : le livre au format classique des ouvrages d’informatique concède près de 380 pages mais presqu’exclusivement de texte. Ramené au format classique, on est plutôt entre 500 et 600 pages. Fort heureusement, c’est fort bien écrit, les auteurs ont de réels talents de story tellers. Normal me direz-vous, pour des journalistes.

L’ouvrage est organisé en 10 chapitres, qui sont donc chacun assez conséquents. Ils ne suivent pas un ordre strictement chronologique, mais sont plutôt thématiques. Ces thèmes étant quand même séquencés globalement chronologiquement.
Le premier chapitre, déjà est un régal. Il nous emmène sur une trentaine de pages, depuis la machine de Babbage jusqu’au CP/M et aux premiers hacks de Bill Gates. En fait, les 5 dernières pages mangent déjà un peu sur la suite du livre. Je me serais bien arrêté à l’Eniac. Le véritable démarrage de l’épopée est au crédit du chapitre 2 : la naissance, la gloire et la mort de l’Altaïr. Même s’il n’est pas le premier micro-ordinateur (un privilège qui revient au Micral Français). A l’Altaïr succède (ou suit) IMSAI, puis l’auteur se tourne vers les geeks, plus précisément le Homebrew Computer Club, son apôtre de la contre-culture, Lee Felsenstein et ses membres de la première heure tels que Steve Wozniak. Plus que tout autre, c’est lui qui sera à l’origine du foisonnement de hobbist et de petits constructeurs artisanaux en tout genre dans la seconde moitié des années 70.

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Des applications et des patches

Le saviez-vous ?

Tout comme les bugs font référence aux insectes envahissant les premiers ordinateurs, occasionnant des erreurs, le mot « patch » fait référence à l’origine à des éléments bel et bien physiques. Il s’agit en l’occurence de pièces de papiers apposées sur les rubans perforés du Mark I, qui fut en service durant la première moitié des années 40 ! Conçu par Howard Aiken et construit par IBM, Grace Hopper en fut le premier programmeur.

The New New Product Development game, par takeuchi et Nonaka

Cette publication est connue pour être la source d’inspiration des créateurs de Scrum. Il fut publié en 1986 dans le Harvard Business Review et Hirotaka Takeuchi et Ikujiro Nonaka en sont les auteurs. Ils viennent du marketing et non du développement logiciel.

Les 6 caractéristiques du “Scrum”

On parle bien déjà de Scrum ! Et l’on prête à ce processus 6 propriétés fondamentales :

  • Une instabilité intrinsèque : le top management ne donne aux équipes qu’une direction générale avec un challenge très élevé à relever. Par ailleurs ce management donne une grande liberté d’action et d’interprétation. Cela crée une tension dans l’équipe à même de favoriser la créativité.
  • Des équipes auto-organisées. Elle apparait quand sont réunies 3 conditions :
  • L’autonomie : peu d’intervention du top management, son rôle est de fournir les ressources adéquates. L’entité fonctionne comme une startup.
  • L’auto-transcendance : L’équipe est dans une quête continuelle pour dépasser ses limites.
  • L’auto-fertilisation : une équipe pluri-disciplinaire renforçant leur connaissances respectives à l’image d’un impact hub.

Des phases de développement en chevauchement : le rythme de développement agit comme le poul de l’équipe. Pour permettre le développement selon ces phases courtes, il faut adopter le “sashimi system”. Le multi-apprentissage : il s’effectue à différents niveaux (individuel, collectif, entreprise) et dans les différents domaines d’expertise de l’équipe.

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