Note de lecture : Agile Software Requirements, par Dean Leffingwell

Note : 3 ; L’ancien testament de SAFe, sous un titre bien trompeur !

C’est vrai que je n’avais pas regardé de très près. Mais au vu du titre, je pensais avoir entre les mains la 3ème édition du « Managing Software Requirements », cette fois à sauce agile, avec la couche de peinture qui va bien. Il n’en est rien et ce n’est pas une bonne nouvelle.

Le livre est une belle bête, avec sa couverture dure et ses 470 pages (500 pages tout mouillé). L’ensemble est subdivisé en 4 parties totalisant 24 chapitres. Une belle bête, vous dis-je ! La première partie « the big picture » regroupe les 5 premiers et chiffre près d’une centaine de pages. A ce stade, cela reste encore mystérieux, l’objet de cette grande fresque. Toutefois le schéma qui figure en-dessous pourrait nous éclairer car il ressemble furieusement au poster SAFe. Les 26 pages du premier chapitre ont comme objet l’histoire de la gestion des exigences. Il s’agit en fait de l’histoire de la transition vers les approches agiles. Un chapitre agréable, néanmoins.

Avec le chapitre 2 et la grande représentation des spécifications agiles, les choses se précisent. Il ne s’agit pas des spécifications, mais de la vision « par étages » de la réalisation agile à grande échelle, celle qui deviendra SAFe et n’a déjà plus grand-chose d’agile. Ne nous vous inquiétez pas, le pire est à venir. Au chapitre 3, il est question des spécifications au niveau de l’équipe, ou du moins il devrait l’être. Il s’agit des User Stories, mais en fait le chapitre expose le fonctionnement de Scrum. Pour en savoir plus sur les US, n’importe quel autre texte vous en dira plus.

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Note de lecture : Practices for Scaling Lean & Agile Development, par Craig Larman & Bas Vodde

Note : 7 ; Une déclinaison en pratiques pas si pratique que ça du « book of the year 2010 » mais qui reste très enrichissant.

Cet ouvrage va de pair avec « Scaling Lean & Agile Development » des mêmes auteurs. Il se veut le guide de mise en pratique de ce précédent ouvrage. Nous verrons que ce n’est pas tout à fait vrai, ce qui ne signifie nullement que le texte ne vaille pas le détour.

S’agissant du volet « pratiques », on ne devra guère s’étonner du volumes substantiel de l’ouvrage : 560 pages ! L’ensemble tient en 15 chapitres, beaucoup d’entre-eux sont tout à fait conséquents en taille ! Ce n’est pas le cas de l’introduction qui ne compte que 6 pages. Il s’agit plutôt de deux mises en gardes qui seront des thèmes récurrents des chapitres suivants : pas de fausses dichotomies (beaucoup de choix ne sont pas exclusifs) et il n’y a pas de « best practices » mais plutôt des pratiques bien adaptées à certains contextes. Le second chapitre est aussi une introduction en quelque sorte, celle du « large scale Scrum » ici appelé FW2, qui deviendra LeSS plus tard.

Les choses sérieuses, vraiment sérieuses commencent au chapitre 3 qui évoque les tests et compte 75 pages ! Le chapitre couvre beaucoup de sujets, depuis la cartographie des tests jusqu’aux pratiques elles-mêmes. Les quelques messages essentiels sont : l’activité de test est indissociable du développement et doit se passer au sein de l’itération elle-même. C’est dense et c’est que du bon !

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Note de lecture : SAFe 4.5 Distilled, par Richard Knaster & Dean Leffingwell

Note 4 ; Un tour d’horizon à haute altitude bien écrit, mais manquant de consistance, de SAFe l’ERP de l’agilité.

SAFe est réellement le raz de marée de la seconde moitié des années 2010. Il serait vain de l’ignorer. Avec quand même un certain bagage sur le framework, j’aborde ce livre dans le but de mieux appréhender comment l’ensemble des briques s’articulent. Un objectif qui, nous le verrons, est malheureusement loin d’être atteint.

C’est un livre de taille moyen, avec ses 300 pages environ, qui surprend par son poids quand on le prend en main. Et pour cause : il est imprimé sur papier glacé, et même imprimé totalement en quadrichromie ! Un peu comme une plaquette publicitaire, ce qu’il est en partie. Le contenu est divisé en 6 parties et ne compte pas moins de 22 chapitres. La première partie nous invite à une vue générale, sur 25 pages comptant deux chapitres. Le premier est à peine un tour de chauffe, avec le « business case » de SAFe mâtiné de perspectives historiques. C’est bien écrit, mais on n’y apprend rien. C’est un peu plus concret au chapitre 2 qui nous explique clairement les différentes déclinaisons de SAFe et les rôles utiles. C’est une introduction comme il faut.

La seconde partie dédiée au mindset et principes compte 3 chapitres et couvre une cinquantaine de pages. On commence au chapitre 3 par parler mindset avec le manifeste agile et avec la « SAFe House of Lean », un peu librement adapté de l’original. A part cette nouveauté, la seule originalité est la déclinaison du manifeste à l’échelle, tout à fait sensée. Les principes SAFe sont détaillés au chapitre 4. Franchement ils sont bien et sont clairement évoqués. D’inspiration très largement Lean, j’ai quand même un peu de mal à les raccorder à ce que j’ai compris du framework. J’ai hâte d’en savoir plus. J’adhère aussi au propos sur le « Lean-Agile leader ». Du focus sur le développement des personnes au recrutement ciblé sur les soft-skills, nous sommes clairement dans la bonne direction !

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Note de lecture : A Practical Approach to Large-Scale Agile Development, par Gary Gruver, Mike Young & Pat Fulghum

Note 2 ; Un texte bien austère, où il est question d’agilité à l’échelle, mais surtout d’une usine d’intégration…

L’agilité à l’échelle est le sujet du moment, c’était l’opportunité pour moi de dépoussiérer ce petit livre. Il ne compte en effet que 170 pages, rythmées sur 16 chapitres. Hélas, le texte s’est avéré décevant su de nombreux points. Certes, on pourrait considérer qu’un retour d’expérience est rarement palpitant. Pourtant Henrik Kniberg parvient à rendre cela palpitant. Au moins s’attends-t-on à y trouver une bonne compréhension des dynamiques d’une grande équipe répartie, mais cela aussi s’avère décevant. En fait, ce sont surtout des éléments de description d’une agilité pour les débutants que nous y trouvons. Le réel point de fierté de cette équipe (qui a quand même très bien réussi son pari) réside dans une mécanique d’intégration continue très bien faite, directement inspirée du « continuous delivery » de Jez Humble. Cet ouvrage et ceux de Dean Leffingwell sont d’ailleurs les sources d’inspiration des auteurs.

Le premier chapitre semble s’adresser plutôt aux nouveaux venus à l’agilité. Les auteurs nous y expliquent comment ils ont fait leur marché dans les principes agiles qui les intéressaient le plus. Ce sont 8 pages vite passées. 8 pages aussi pour le second chapitre intitulé « tuning agile to your business objectives ». En fait on nous y explique le contexte initial du projet et ce que l’on cherche à obtenir, à savoir une usine de développement bien rôdée, mais aussi les sources de gains que l’on vise (baisse de la maintenance, augmentation de la productivité et part du développement consacré à l’innovation). Le tout adossé à des chiffres. Très bien.

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Note de lecture : Team of Teams, par Stanley McChrystal

Note : 10 ; Une vue holistique inspirante de l’agilité à grande échelle !

Le Général McChrystal fut le commandant en chef des forces américaines en Irak et en Afghanistan à partir de 2003. Ce livre nous raconte comment et pourquoi il a été amené à repenser la structure de fonctionnement de ce détachement militaire face à un ennemi (Al Quaïda en Irak) qui était tout simplement en train de gagner. Mais il ne s’agit pas simplement d’une histoire militaire, en fait il s’agit même assez peu de cela. Il s’agit avant tout de comprendre ce que signifie « s’adapter » au 21ème siècle, pourquoi cela est devenu indispensable, ce que cela signifie et quelles en sont les implications.

Car en réalité, ce que nous appelons « adapter » est souvent au mieux « aménager », car notre façon de pensée est largement imprégnée du réductionnisme direct descendant du Taylorisme, grand vainqueur du 20ème siècle. Le texte de McChrystal tisse de nombreux liens entre le fonctionnement des troupes au moyen-orient et des histoires du passé qui mettent en exergue sous différents angles les limites (voir les dangers) de la pensée réductionniste : le « better, faster cheaper » de la NASA, la gestion holistique des situations d’urgence ou encore les nouveaux entrainements des pilotes de l’aviation civile mettant l’accent sur la collaboration. Il y a encore beaucoup d’autres histoires qui y sont racontées. Car l’ouvrage est avant tout un grand story-telling. Plutôt que de passer les chapitres en revue, je préfère énumérer quelques uns des sujets qui sont évoqués, ce qui ne sera malheureusement pas exhaustif :

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Note de lecture : Agile Software Development with Distributed Teams, par Jutta Eckstein

Note : 3 ; Très loin de ce que j’espérais…

Sans jamais avoir lu aucun de ses livres, mais en ayant croisé son nom à de multiples reprises, j’avais mis beaucoup d’espoirs dans le texte de Jutta Eckstein. La caution « Dorset House » ajoutant encore un peu à cela. Une attente d’autant plus importante que la fameuse mode du « scaling agile » ne donne rien de réellement convainquant, la plupart des approches misant sur le processus plus que sur le savoir-être agile.

Hélas, ici encore, c’est surtout de processus qu’il est question ! Le corps du texte tient en 220 pages, constitué en 10 chapitres. On ouvre le bal avec « getting started » qui campe la structure du livre en 5 pages. Passons. Au chapitre 2 « assessing agility and distributed projects », l’auteur nous présente sur une quinzaine de pages des généralités sur les différentes catégories (structures) de développement distribué d’une part et les bases de l’agilité d’autre part. Certainement utile et bien écrit pour des débutants mais je n’y ai rien appris.

Le 3ème chapitre « building team » est plus conséquent avec 25 pages. On y fait la différence entre la feature team (équipe pluridisciplinaire à un seul endroit) et l’équipe dispersée où les compétences nécessaires à une réalisation sont réparties sur plusieurs localisations. Si l’auteur insiste à juste titre sur la nécessité de se connaître sur le plan individuel, j’ai été plus déçu par le focus important donné aux rôles qui occupe la dernière partie du chapitre.

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Note de lecture : Creating Great Teams, par Sandy Mamoli & David Mole

Note : 5 ; Recette pratique d’auto-selection d’équipe en 4 actes.

Plutôt qu’un livre, il s’agit d’un mini livre, car il ne couvre que 80 pages, et un seul sujet d’ailleurs : l’auto-formation d’équipes ! C’est donc un livre dédié ç une pratique et une seule, qui a pour objective de bien la couvrir. Les auteurs ont une bonne expérience de mise en place de « place de marché » de création d’équipes, essentiellement en Nouvelle Zéland et nous font partager celle-ci.

Le texte comporte 7 chapitre, on commence par une introduction sur les équipes stables sur 9 pages. Celui-ci est assez bateau, avec un réquisitoire d’arguments déjà bien connus pour l’auto-selection. Seuls quelques références d’étude méritent d’être notées. Passons.

Par contre le chapitre 2 rentre bien dans le concret avec les étapes de préparation. Il y en a 6. Voici 17 pages bien utilisées. Progressons encore avec la préparation « du jour d’avant » en 4 étapes au chapitre 3, où comment se rendre prêt pour un événement fluide. Là aussi les auteurs nous découpent cela en étape, il y en a 4. A noter la FAQ bien utile qui collecte déjà les questions qu’ont pu avoir les auteurs.
L’événement lui-même est le sujet du chapitre 4. Un processus en étapes pour rester dans le style. Il faut en compter 10 ici. Les 14 pages de ce chapitre couvrent de manière très détaillée le déroulement de la journée, l’agencement de l’espace d’échange et le cas difficile des « laissés pour compte ». Bref, c’est complet ! Un événement qui n’est pas suivi de faits est pire que de ne rien faire. Le chapitre 5 est consacré à suivre la balle et c’est sur 7 pages.

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Less is more avec Craig Larman

En préambule d’une formation LESS (j’y reviendrais bientôt), Greg Hutchings nous a permis d’assister à une présentation dans le cadre du Scrum User Group. Une présentation autour de LESS, bien entendu. De mon point de vue, une présentation de Craig Larman, ça vaut toujours le détour: ses talents d’orateur ne sont plus à démontrer et même si vous n’adhérez pas à la totalité de son propos, vous êtes sûr de repartir avec de nouvelles connaissances, des idées et surtout de quoi reflechir !

Pour commencer

Avant même d’aborder le thème même de la présentation et après la traditionnelle histoire drôle qui ouvre toujours ses présentations, Craig campe l’ambiance : je ne suis pas intéressé par vos opinions ! Je ne suis d’ailleurs pas non plus intéressé par MES opinions. Ce qui compte, ce sont les faits. Même les études de cas sont insuffisantes. Ce qui compte, ce sont les études menées de manière scientifiques sont des échantillons statistiquement signifiants et publiés dans des journaux à comités de lecture. Une approche scientifique sur laquelle l’orateur se revendique de Thomas Kuhn.

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Open-Space des pratiques Agiles

Deux mois se sont écoulés depuis notre rendez-vous précédent chez Zenika. Nous voici de retour pour échanger sur les pratiques. Au menu : petit groupe, provisions de bouche en mode collaboratif, et des sujets qui restent à choisir !

SAFe, est plus que LESS ?

Premier sujet autour de SAFe, décidément, l’un des grands sujets du moment. Peut-être du fait de son adoption récente par JC Decaux ?

En dépit des retours très positifs de Lissa Adkins, je reste très dubitatif sur ce framework. Ce retour de formation SAFe correspond plus à l’idée que je m’en fais. Disons que je suis très dubitatif, mais j’entend aussi des choses positives de la part de gens que je respecte…

Yannick lui, voit un indiscutable avantage à SAFe : la possibilité qu’il ouvre de parler aux DSI ! Je suis hélas d’accord avec lui, mais pour une toute autre raison : C’est une sorte de perversion de l’agilité pour la transformer en un processus classique tel que l’apprécie nos vieilles DSI poussiéreuses (vous avez dit RUP ?). Pas étonnant qu’il gagne de l’attention.

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