Note : 2 ; Décousu et peu engageant, malgré quelques bonnes idées…
Les ouvrages couvrant le domaine de l’urbanisation des SI sont traditionnellement (et à l’exception de quelques uns) de qualité médiocre, du moins de mon point de vue. Nous en avons encore un bel exemple ici.
Cet ouvrage est résolument orienté vers le management décisionnaire. Donc, de fait, il est très peu technique, un choix que je saluerai, car au moins il est clair, le livre n’essaie pas d’arroser en vain un public hétéroclite.
L’expérience phare des auteurs est l’urbanisme du SI de Renault, auquel le dernier chapitre est d’ailleurs spécifiquement consacré. Il est bien dommage que le propos soit si décousu, en suivre le fil est difficile, sinon vain. Comme je le fais parfois remarquer, les 213 pages du livre auraient pu tenir en 90 environ. Voyons un peu le contenu par le menu, c’est à dire en en survolant les 11 chapitres.
Le premier chapitre sur les enjeux est long de 24 pages. La prose est franchement ampoulée et très ciblée « DSI ». On navigue plutôt à haute altitude dans des généralités et hélas cela donne le ton du livre. Le chapitre se résume à dire que le SI de l’entreprise est guidé par 3 axes : métier, stratégie de l’entreprise, stratégie DSI (i.e. technique).
Ce sont 23 pages qui sont consacrées à la définition de l’urbanisation du SI. Le texte n’est toujours pas un modèle de clarté. Les auteurs articulent cette urbanisation sur 3 niveaux : business modèle, fonctionnel, produits/applications. Ceci, sans chercher à emprunter au modèle de Longépé, ce qui est un peu dommage. On y parle aussi de flux, mais sans entrer dans des considérations exploitables. Et enfin on y évoque pour la première fois l’un des sujets les plus intéressants du livre : les axes de commonalité.
Le chapitre 3 se contente de 14 pages pour évoquer la « préparation de l’action d’urbanisme », comprenez : le recensement et la cartographie du SI. Ce sont en fait juste quelques mots sur ce qui doit y être fait. De toute évidence, le sujet n’est pas la spécialité des auteurs.
Intégrer l’urbanisme à la gestion du SI (cela ne devrait-il pas être la même chose ?), c’est le sujet du chapitre 4, et cela nous vaut 17 pages. Tout d’abord, on voit que l’on est loin des cycles agiles. Ensuite, on y traite superficiellement quelques considérations comme : urbanisme et SOA, urbanisme et sécurité, urbanisme et systèmes existant. Tout cela est creux et ne restera pas dans les mémoires.
La mise en place d’une direction de l’urbanisme est le sujet du chapitre 5, le tarif est de 15 pages. C’est à la fois long et court : il s’agit ni plus ni moins d’une ennuyeuse énumération des rôles et des aptitudes associées. Tout cela sent le copier-coller de ce qui a été fait chez Renault et non le fruit d’une réflexion plus globale.
On a droit à 17 pages au chapitre 6 sur l’entretien d’une dynamique d’équipe. En fait on un parle beaucoup démarche. Plus particulièrement vrai dans ce chapitre, on enchaine les poncifs éculés. Par exemple : « l’urbanisme ne se construit pas en un jour », « il ne faut pas faire de l’urbanisme pour l’urbanisme », « il faut trouver les bons compromis », etc.
Le chapitre 7 porte le titre mystérieux de « travail de conviction avec les pairs et leurs équipes » ! On y parle pas mal organisation, articulation de comités, bref toutes choses poussiéreuses et rebutantes. L’objet de ce chapitre lui-même pourrait se résumer en une expression : faire passer le suppositoire…
Le chapitre 8 couvre 21 pages et à trait au travail de conviction, le sujet central du livre. Comme on peut s’y attendre, il s’agit d’un argumentaire pour impliquer les équipes projets de consacrer du temps et de l’énergie à quelque chose qui ne les intéresse fondamentalement pas. Après le suppositoire, le lavage de cerveau. S’en suivent 5 pages pour évoquer le déploiement au « reste de l’entreprise », filiales, etc.… via une constitution de réseau d’urbanistes, etc.
Le suivi dans le temps est certainement le challenge le plus important de l’urbanisme. C’est à cela que sont consacrées les 20 pages du chapitre 10. L’élément le plus intéressant est certainement le concept du « permis de construire » qui y est développé.
On l’attendait, on l’a eu : les 20 pages du dernier chapitre sont consacrées à l’expérience Renault. Si le style n’y est pas, ces quelques pages sont néanmoins très instructives en retraçant un historique de mise en place de la démarche. Peut-être finalement le chapitre le plus intéressant.
Quelques éléments plus remarquables retiennent toutefois l’attention : les « axes de commonalités » ou le tableau de bord d’avancement de l’urbanisme, par exemple. Mais dans l’ensemble, le propos est plutôt vide, avec beaucoup de déclarations d’intention mais peu de concret.
Bref, un livre qui est loin d’être indispensable.

Référence complète : Convaincre pour urbaniser le SI – Jean-Christophe Bonne & Aldo Maddaloni – Hermès 2004 – ISBN : 2-7462-0977-2 ; EAN : 978 2746 209770