Note : 2 ; Creux et plat tout à la fois
Bon, je dois être honnête : si j’ai acheté ce livre, c’est parce que je connais deux des projets qui y sont exposés pour y avoir trainé mes guêtres. Comme globalement il s’agissait de vastes pantalonnades aussi pleines de prétentions que vides d’efficacité, ceci associé à une pratique modérée mais réelle des écrits du club « Urba EA », disons que mes attentes ne se situaient pas très haut. Je n’ai pas été déçu : c’est nul.
J’avais tout d’abord choisi comme titre de cette note de lecture : « comment uriner dans son froc efficacement », mais j’ai finalement changé après avoir tourné la dernière page, car ce n’est pas le trait qui m’a le plus marqué. Non, ce que j’en garde comme souvenir, c’est que l’on n’y dit rien. Oh, on couvre bien les plus de 200 pages du livre, mais essentiellement avec des lieux communs, des banalités et aussi peu d’information pertinente et opérationnelle qu’il est possible. En fait, la seule chose que j’y aie apprise est une succincte explication du framework de Zachman. Comptez 3 pages. Bien sûr, vous allez me dire qu’ayant lu toute la littérature sur l’urbanisation du SI (ou presque), il était improbable que je puisse y apprendre quelque chose de nouveau. Erreur. Je pense qu’il y a beaucoup de choses que vous ou moi puissions apprendre malgré la littérature publiée sur le sujet, mais elle n’est pas là.
Le bouquin est trop déprimant pour que je me livre à une analyse chapitre par chapitre (mais il y a 5 parties, OK je veux bien aller jusque là). Si au moins le style était au rendez-vous et en rendait la lecture plaisante malgré son vide abyssal. Même pas, c’est pompeux à souhait, comme certains aiment à penser que doit l’être la littérature sérieuse.
Je passe la première partie (composée de 2 chapitres) destinée à introduire les sujets couverts dans le reste de l’ouvrage. La seconde partie couvre les activités de l’urbaniste. Les 6 chapitres qui composent cette partie, peut-être la moins inintéressante du livre tentent d’expliquer ce qu’est le rôle de l’urbaniste. Deux pathétiques études de cas illustrent le propos. Si vous ne comprenez pas ce que les équipes des études de cas ont vraiment fait, rassurez-vous : moi non plus. Ce chapitre vaut au livre la moitié des points que je lui accorde. L’autre, c’est qu’hélas il existe encore pire que ce livre-ci !
La troisième partie, on y parle de gouvernance. C’est hautement gonflé de prétentions, ridiculement pauvre de contenu, et on a rien appris au final. 7 chapitres pour cela dont 3 études de cas. Mots clés : ROI, valeur, gouvernance, ITIL, Cobit, CMM, etc…
La quatrième partie est consacrée au rapport entre urbanistes et projets. Dans un éclair de lucidité, les membres du club Urba SI on comprit qu’ils devaient, pour justifier leur existence, être en contact des projets. Avec ce qu’on y voit la question est donc : les projets auront-ils envie d’être en contact des urbanistes. De mon point de vue, étant convaincu de l’utilité de l’urbanisation des SI et à la lumière de ce que je lis ici, la réponse sera non. Deux études de cas illustrent ce propos. Mais oui. Je les connais et je n’en dirais pas que les urbanistes y sont au contact des projets.
La cinquième partie est consacrée à la création de valeur (2 chapitres, pas d’étude de cas). Je parlais de lieux communs tout à l’heure ? Cela s’applique bien ici.
Peut-être avez-vous eu le courage de lire ma prose jusqu’au bout. Pour ceux qui, particulièrement fatigués par leur journée de travail ou n’ayant pas encore émergé de la fête outrageusement arrosée d’hier soir, n’auraient pas encore extrapolé mon conseil, le voici exprimé explicitement : ce livre est hautement déconseillé.
Référence complète : Urbanisme des SI et gouvernance : Retours d’expérience et bonnes pratiques – Club Urba-EA : Philippe Anquetil, Jean-Christophe Bonne, Denis Carpentier, Laurent Chaigneau, Michel Dardet, Patricia Gotlib, Bruno Guenoden, Alain Legac, Christophe Longépé et René Mandel – Dunod 2006 – ISBN : 2-10-049678-6 ; EAN : 978-2-100-49678-5