Note de lecture : Continuous Discovery Habits, par Teresa Torres

Note : 8 ; L’activité de discovery, par la pratique

Ce qui différencie une approche produit d’une approche projet, même agile, c’est un cycle résolument tourné vers le « discovery » pour alimenter le delivery. Teresa Torres nous propose nous seulement una approche ou cette découverte utilisateur s’effectue en continu plutôt que par cycle, elle nous propose un ensemble de pratiques allant de l’exploration des opportunités à la confirmation des hypothèses sur le produit réel. Ce texte s’inscrit dans la pensée de Marty Cagan et il se propose de poursuivre un propos plutôt ancré dans les principes par des pratiques concrètes qui s’articulent entre elles.

L’ouvrage est relativement modeste avec ses 230 pages. L’auteur nous les a structurées en 3 parties pour un total de 15 chapitres. La première partie est introductive avec 2 chapitres sur une trentaine de pages et se propose de nous faire découvrir le concept de « continuous delivery ». Sur une vingtaine de pages, le premier chapitre replace efficacement les points fondamentaux. D’abord le focus sur « l’outcome » qui différencie l’approche produit d’une approche projet centrée sur l’output. Une approche qui s’inscrit dans le sens proposé par Marty Cagan, avec le trio produit et l’état d’esprit qui vient avec. Le second chapitre introduit l’élément différenciant de la démarche de Teresa Torres : l’opportunity solution tree (OST) dont il sera question sur une grande partie de l’ouvrage.

Avec 160 pages et 11 chapitres, la seconde partie représente le coeur de l’ouvrage. Elle couvre ce que l’auteure appelle des habitudes (terme qu’elle semble préférer à « pratiques ») qui couvrent tout le cycle de discovery. C’est sur la notion d’outcome qu’explore plus particulièrement Teresa Torres sur le premier chapitre de cette partie. Elle différencie entre autres 3 types d’outcomes : business, produit et traction. Le texte nous donne de bons conseil pratiques pour diriger notre recherche d’outcome, le livre commence bien.

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Note de lecture : Lean Analytics, par Alistair Croll & Benjamin Yoskovitz

Note : 7 ; Un contrepoint au Lean Startup, pour suivre et piloter la croissance avec des métriques.

Le moteur de la Startup, c’est la croissance. Pour accomplir celle-ci, elle passe par plusieurs phases, mais aussi des ajustements, voir des virages radicaux de son positionnement de marché, de son business plan ou de son offre de service. Dans Lean Startup, il y a « Lean » et qui dit Lean dit amélioration et mesure. C’est de mesure dont il est question ici. Le livre évoque les métriques actionnables pour différents contextes et différentes phases des startups.

Ce volume fait partie de la « Lean Series » d’Éric Ries. C’est même un membre en bonne chair de cette série, avec près de 400 pages totalisant 31 chapitres ! Fort heureusement, le tout est rythmé en 4 parties. La première d’entre-elles « Stop lying to yourself » n’accuse qu’une quarantaine de pages pour 4 chapitres. Les deux premiers chapitres rentrent assez vite dans le vif du sujet en abordant les types de métriques (avec l’habituelle mise en garde contre les « vanity metrics ») et les différents tests permettant d’établir celles-ci. Les deux chapitres suivants de cette première partie se focalisent sur les décisions subordonnées à ces métriques. Mention spéciale aux 10 antipatterns sur l’usage des métriques en fin de cette première partie.

Avec 220 pages sur 15 chapitres, la seconde partie « finding the right metric for right now » est de loin la plus conséquente de l’ouvrage. Les deux premiers chapitres s’intéressent au quoi mesurer. D’abord, c’est en passant en revue les frameworks tels que les pirates metrics de McClure ou le « engine of growth ». Mais c’est surtout en ciblant le « One measure That Matters » ou OMTM, un concept qui sera récurent durant le reste de l’ouvrage.

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Note de lecture : Sprint, par Jake Knapp, avec John Zeratsky & Braden Kowitz

Note : 7 ; Une approche du prototypage inspérée du Design Thinking et du Lean Startup, clairement illustrée.

« Sprint », cela fait penser à Scrum. Pourtant, ce n’est pas du tout ce dont il s’agit. Il s’agit ici de tester rapidement et réellement des hypothèses, et ce en 5 jours, le dernier étant consacré aux tests d’idées formulées le lundi même ! C’est Google Venture qui a énoncé cette approche, à cheval entre le Lean Startup et le Design Thinking, pour faire converger plus rapidement et efficacement les startups qu’elle incube.

Cet opuscule de 280 pages couvre le déroulement de ces fameux sprints d’une semaine. En fait, 5 des 6 parties que constitue le texte couvrent les 5 jours du Sprint. Seule la première partie « plantez le décors » et ses 3 chapitres totalisant 60 pages sert de préambule. Passé l’introduction, le premier chapitre « le défi » réponds au « pourquoi » de cette démarche : il s’agit bel et bien de tester des hypothèses par le biais de prototypes passés au crible d’un vrai test utilisateur ! A ce titre, l’histoire du robot de Savioke s’avère particulièrement éloquente. Le second chapitre évoque l’équipe : elle doit être pluridisciplinaire et surtout intégrer LE décideur, doté d’un superpouvoir de vote. A quelques détails près on retrouve l’esprit du Design Thinking. Enfin, « le temps et le lieu » fixent les règles du jeu de l’exercice, y compris quelques petites règles destinées à ne pas s’enliser dans la non-décision, car le temps va filer très vite !

La seconde partie est consacrée au lundi ! Ce jour-là doit répondre à quelques questions : quel est l’objectif ? Une question que l’on traitera façon « remember the future ». Ensuite ce sont les questions pour lesquelles on désire des réponses. Cette journée du lundi est vouée à l’exploration et les outils pour cela sont les diagrammes de flux, les notes « HMW » et l’interview d’experts. Tout cela mis à plat, le lundi se conclura par le choix d’une cible. Même enrobé différemment, on reconnait ici nombre d’outils agiles.

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Note de lecture : The Startup Way, par Eric Ries

Note : 7 ; Ou comment institutionnaliser le Lean Startup dans les grandes entreprises.

Pas facile de saisir un second souffle quand on a commis un ouvrage tel que « The Lean Startup ». Le Leader’s Guide qu’Eric Ries a précédemment écrit n’était pas mauvais mais il n’était pas celui-ci. Avec ce texte, l’auteur poursuit deux objectifs : faire écho au « Toyota Way » qui inspire très précisément le titre de cet ouvrage et évoqué le « scaling » du Lean Startup dans une grande organisation. Sur ce second volet, et comme pour le précédent livre, c’est surtout General Electric qui servira de terrain d’illustration.

Eric Ries nous a concocté un tome de belle facture : couverture rigide et un texte articulé en 3 parties, sur 11 chapitres totalisant 350 pages auxquelles il faut rajouter les annexes. La première partie s’intitule « the modern company » et compte 5 chapitres, soit 120 pages environ. Le premier chapitre occupe une vingtaine de pages. Il y est question de « respecter le présent et inventer le future ». Ici l’auteur campe le décor : l’incapacité des acteurs traditionnels à gérer l’incertitude et le rôle du leader. L’auteur met en contraste les entreprises modernes et classiques. Pour se faire, Eric Ries revient à ce qu’il connait bien : raconter des histoires.

Le second chapitre compte également une vingtaine de pages. L’auteur y introduit son thème préféré : le rôle de l’entrepreneur (ou intrapreneur) au sein de l’entreprise : il s’agit d’une fonction orthogonale aux services transverses de l’entreprise. Toujours sur 20 pages, le chapitre 3 s’inscrit en direct continuité : comment introduire l’état d’esprit startup au sein même de l’entreprise ? Cela implique une vision et des indicateurs associés mais aussi inscrire l’entreprenariat comme une cheminement de carrière.

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Note de lecture : Scaling Lean, par Ash Maurya

Note : 8 ; Un modèle de Scaling autour de la « customer factory » qui s’avère puissant et très bien développé.

Ce livre s’inscrit dans la continuité de « running lean ». Pour ce nouvel opus, l’auteur a choisi d’être édité de façon plus élaborée, avec une mise en page élaborée et une impression en deux couleurs ! Le fond est aussi à la hauteur de la forme : c’est un bon livre, un très bon livre ! Aussi bien sur la teneur que sur l’approche pédagogique pour délivrer celle-ci.

A l’origine, cet ouvrage devait s’intituler « the customer factory », mais fort justement l’auteur a acté que le texte embrassait plus largement que ce dernier modèle, représentation plus élaborée et plus parlante des « pirate metrics » de Dave McClure, il qu’il s’inscrivait dans la continuité de « running lean » sur les phases aval.

C’est un beau livre. S’il compte 275 pages, il ne faut pas non plus se laisser tromper par le format et la mise en page peu conventionnelle (sans compter les nombreuses et larges illustrations), bref c’est un équivalent d’un peu moins de 200 pages sous un format plus classique. Il compte 11 chapitres structurés en 3 parties auxquels il faut ajouter une introduction et une conclusion.

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Note de lecture : The Four Steps to the Epiphany, 3rd edt. – Steven Gary Blank

Note : 7 ; L’excellence du story telling et la fatuité du process tout à la fois !

Le livre de Steve Blank, c’est un peu pour moi l’ancien testament du Lean Startup, parce qu’il précède de 5 ans l’ouvrage emblématique d’Eric Ries, et parce que l’auteur est le maître à penser du chef de file du Lean Startup.

Steve Blank n’est pas seulement l’un des gourous des startups les plus en vue de la Silicon Valley, il fut également directeur marketing. Le message de son ouvrage se concentre essentiellement sur un axes : il faut substituer au « product development » le « customer development » ! L’ensemble du texte détaille donc ce processus de développement client.

Si le volume semble se contenter de 200 pages, il faut aussi compter les volumineuses annexes qui en couvrent 80, ainsi que la mise en page assez dense qui fausse aussi quelque peu cette impression. En parlant de mise en page, celle de ce volume ne brille guère. Ce dernier est édité à compte d’auteur, et l’on voit ici ce qui peut différencier une édition assez artisanale d’une édition professionnelle. J’avoue que c’est un des aspects qui rends la lecture ardue. Le second étant le volet « processus » du livre. Mais j’aurais l’occasion de revenir dessus.

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Note de lecture : Startup Growth Engines, par Sean Ellis & Morgan Brown

Note : 5 ; Il ne dit pas tout…

Sean Ellis est à l’origine du terme « growth hacker ». Cet ouvrage s’inscrit dans la continuité de cette approche. Ou plutôt, elle en est la déclinaison pratique par l’exemple : ce sont 10 entreprise dont les facteurs de croissance spectaculaire sont analysés, décortiqués ici. C’est en reconstituant l’histoire de ces startups que l’auteur nous montre précisément le ou les facteurs qui n’ont pas donnés les résultats escomptés et les changements qui ont provoqué le décollage et pourquoi.

On commence avec Yelp! Pour les auteurs, le site de recommandation a su démarrer au niveau local pour assurer son assise dans la baie de San Francisco jusqu’à y devenir incontournable. Yelp! A aussi su éviter la dérive pub : le focus a toujours été l’utilisateur, ne pas biaiser les avis en fonction des annonceurs, récompenser les bons comportements et promouvoir les « Yelp Elite » qui tractent le site par la qualité et la quantité de leurs notations. Un moment important fut le pivot des recommandations d’amis vers le partage de revues, en 2005. Yelp! A gagné son pari d’influer les commerces plutôt que l’inverse, mais s’est aussi embarqué très tôt sur la vague mobile.

Github a été créé en 2008, et est devenu depuis le Mammouth de l’open-source (provoquant même la disparition de certains acteurs historiques). Au départ, Github se veut une solution au problème de collaboration que Git adresse mal. Il devient une plateforme de choix pour cloner des repo, proposer des évolutions, bref collaborer, justement. Grâce à cela, Github a très tôt formé une communauté d’ingénieurs chevronnés, noyau d’un « effet réseau ». L’un des facteurs déterminant fut le modèle « freemium » qui n’a pas cannibalisé le modèle payant. Au final, le produit devient très addictif et les utilisateurs fidèles.

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Note de lecture : The Leader’s Guide to Adopting Lean Startup At Scale, par Eric Ries

Note : 5 ; Des outils pour le Lean Startup

Après la publication de « The Lean Startup », Eric Ries cherchait un second souffle, une nouvelle étape de maturité dans la mise en œuvre du Lean Startup. Ce livre s’en veut l’incarnation. Le livre lui-même est une expérimentation : disponible uniquement via kickstarter, je fais partie des heureux élus à en posséder un exemplaire.

Le livre est de belle facture : couverture dure, et 360 pages imprimées en 2 couleurs. Le texte lui-même est découpé en 2 parties, chacune comptant 4 chapitres. La première partie s’intitule « process ». Elle débute par un rappel sur ce qu’est le Lean Startup. Le propos s’entrecroise de sections « tools », « coach guide » et d’histoires issues des coachings de l’auteur (General Electric y tiens une place importante. Mais j’y reviendrais.

Le second chapitre nous rapproche de l’utilisateur, à la recherche de preuves et d’observations plutôt que de leurs assertions. On touche bien là l’esprit Lean et le contenu de ce chapitre nous rapproche aussi du « Running Lean » d’Ash Maurya. Au troisième chapitre, on procède à un gros coup de zoom sur le MVP. L’auteur veut rattraper l’incompréhension sur ce concept issu de son précédent ouvrage. Pour se faire, il développe deux idées principales qui y sont subordonnées :

  • Retirer du MVP tout ce qui ne contribue pas à l’apprentissage que l’on recherche.
  • Associer le MVP à le démarche de construction et de validation d’hypothèses. Là encore une démarche qui nous rapproche du propos d’Ash Maurya.

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How do you know that your product works ?

Ai-je vraiment « terminé » ?

C’est sur cette notion sur laquelle Kniberg nous invite à nous pencher en premier. Quand est-on « done » ?

  • Quand le code est commité ?
  • Quand le produit est testé ?
  • Quand il est déployé en production ?

Dans ce cheminement, c’est l’utilisateur qui est perdu de vue. Même le déploiement en production ne suffit pas, ni même son utilisation par de véritables utilisateurs ? Car à ce niveau qu’est-il vraiment advenu ? Comment le savons-nous ? Le 0% defect peut-être plus qu’une douce illusion : un manque de feedback ! Ce qu’il nous faut, c’est mesurer la pertinence de notre solution.

Où l’on reparle de valeur

La valeur de la solution que nous fournissons à nos utilisateurs n’est pas une mesure absolue, mais la différence par rapport à l’ancienne solution. La valeur n’est d’ailleurs pas la seule valeur, la souffrance soulagée en est une tout assi pertinente. Et Kniberg nous propose de rapprocher ce niveau de souffrance au niveau de gain : est-il positif ? C’est l’ensemble du tableau qu’il faut regarder.

Pour le prouver, nous avons aussi besoin de mesures. Par exemple, les recommandations, qui montrent que le produit est désirable et non que l’on est coincé avec.

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