Note 3 : Se retrouver à lire un livre que l’on n’a pas envie de lire…
Et ainsi donc, le développement itératif et incrémental est désormais acquis au développement agile ! Tout le développement itératif et incrémental ? Non ! Un village résiste encore et toujours : il s’appelle « spirale de Boehm ». Cet ouvrage est peut-être son chant du cygne, l’avenir nous le dira.
L’ouvrage que nous allons explorer nous présente l’ultime version du modèle en spirale. Il compte environ 250 pages découpés en 16 chapitres, eux-mêmes structurées en 4 parties. Si ces caractéristiques laissent présager une lecture pas trop longue et bien rythmée, c’est sans compter sur l’austérité de la prose ! Il est temps de s’y attaquer. L’introduction permet aux auteurs de positionner le « incremental commitment spiral model » que nous nommerons maintenant ICSM sur le même créneau des méthodes adaptatives que les approches agiles qui sont d’ailleurs citées. Elle ne cherche pas à s’y opposer, mais à se positionner différemment en s’appuyant sur 4 principes sur lesquels nous reviendront. Le but est de se tailler une place dans les environnements plus classiques et « legacy » qui sont quand même prêts à accueillir un cycle itératif. En prime, ce chapitre 0 nous propose une belle vue actualisée du cycle en spirale : l’ouvrage aura ainsi au moins une valeur archéologique !
La première partie compte 4 chapitres sur 80 pages. Ils vont détailler les 4 principes de l’ICSM que nous avons mentionné. Le premier chapitre aborde la question de la valeur pour les parties prenantes. Il s’appuie sur les leçons tirées de 2 histoires, notamment de la conception d’un équipement hospitalier. Ce principe est adossé au « success critical stakeholder » ou SCS. Ce principe est un mélange de modernité (la mesure du succès est le succès du SCS) et de choses plus anciennes avec une approche en phases qui rappelle étrangement Unified Process ! On n’échappe d’ailleurs pas à une matrice critères de succès / parties prenantes ! Au second chapitre, on aborde la notion d’engagement incrémental : c’est le cône d’incertitude qui est mis à l’honneur ici. Cette fois encore le propos est illustré de deux histoires, un succès et un échec, le succès étant le projet TRW débuté en 1978 qui fut à l’origine du cycle en spirale ! Le chapitre fait apparaitre l’approche comme très technocratique et la prose est plutôt lourde. Le volet intéressant de ce chapitre est la comparaison de modèles incrémentaux allant du « prespecified » au « evolutionary concurrent ».
Le 3ème principe que nous découvrons au chapitre 3 est le « concurrent multidiscipline engineering ». Nous avons aussi droit à deux histoires, celle illustrant le succès étant le développement d’un drone. Le propos est alambiqué et assez lourd. Il s’éclaire vers la fin du chapitre quand l’auteur nous déclare que l’utilisateur peut rarement spécifier clairement ce qu’il veut au début du projet et qu’il nous faut donc mener de front l’affinage des besoins, la conception et le développement. Il s’agit bien du fonctionnement multidisciplinaire que nous connaissons en agile. Il est simplement exprimé de manière obscure ici. Le dernier principe est celui des décisions basées sur les risques, le sujet du chapitre 4. Le propos se concentre sur la valeur apportée par les études de faisabilité. L’auteur met aussi en perspective l’approche de Walker Royce intégrée à Unified Process comme étant un progrès par rapport au cycle en spiral initial ! Globalement la coloration « pré-agile » y est assez évidente.
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