Note de lecture : When Coffee and Kale Compete 2nd edt., par Alan Klement

Note : 6 ; Une référence incontestable du « job to be done » mis dont le fil conducteur est des plus alambiqués !

Le « job to be done » est un concept à cheval entre le marketing et la démarche produit, mais il est pour moi d’avantage du côté produit. Le concept est alléchant, car il nous fait quitter le domaine de la solution et même celui de la demande du client pour nous diriger vers celui des aspirations ! La mauvaise nouvelle est que le concept même est abordé, interprété et décliné différemment selon les différents membres influents de cette petite communauté. Il faut bien s’accrocher du côté des ouvrages de référence, et celui-ci émerge très nettement. Nous allons rapidement le comprendre, même si le texte n’est pas exempt de critiques.

Avec 210 pages, cette nouvelle édition reste un ouvrage relativement succinct. Il compte 15 chapitres pour sa partie principale, mais je vais y adjoindre la première annexe qui est la reprise d’un post de l’auteur. Le premier chapitre « challenge, hope and progress » est plus qu’une introduction, il nous dévoile déjà une bonne part du sujet. C’est toutefois une introduction quand même, car il met en lumière les lacunes de l’approche centré sur les besoins utilisateur avec son cortège de biais cognitifs. Il aborde aussi un concept qui reviendra au gré des chapitres : la création destructive. Car quand un client adopte (l’auteur préfère le terme « embauche ») un produit, il en abandonne un moins bien adapté à ses aspirations.

Le chapitre attaque le cœur du sujet : qu’est-ce que le « job to be done » (JTBD) ? Deux écoles s’affrontent pour le définir, et il ne s’agit pas de subtilités. La première école définit le JTBD comme le résultat d’une activité, matérialisée par la citation désormais fameuse : « le client ne veut pas une perceuse, il veut un trou de 12 millimètres ». Pour la seconde école de pensée à laquelle appartient l’auteur, ceci est une démarche qui s’arrête à mi-chemin. Pour lui, il ne va même pas s’agir d’accrocher un tableau au mur, mais de pouvoir se relaxer dans un salon où il se sent bien ! Le concept formulé est le « self-betterness », une meilleure version de lui-même où le « meilleur » correspond aux aspirations du client. Le chapitre 3 complète le précédent en énonçant les principes clés de la démarche, tels que la notion de progrès, la notion de « système » auquel participent le client, le producteur, la solution, etc. Ces deux chapitres forment la base théorique du JTBD. Les chapitres suivants n’en seront que les déclinaisons pratiques.

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Note de lecture : Tribal Leadership, par Dave Logan, John King & Halee Fischer-Wright

Note 9 ; Où l’on parle de leadership et d’organisation et où l’on montre que les deux sont liés ! Book of the year 2022 !

Cet ouvrage fait partie des incontournables. J’ai mis du temps à l’extraire de l’étagère où il prenait la poussière et j’ai sans doute eu tort. Le terme « tribal » fait référence au fameux nombre de Dunbar qui met en évidence la limite de taille des organisations en fonction du type d’interaction. Mais il ne sera question de Dunbar qu’au premier chapitre. La totalité du propos fait référence aux 5 étapes de développement d’une organisation selon un modèle mis en évidence par les auteurs. Et il vaut le détour !

Avec 250 pages structurées en 12 chapitres regroupés en 4 parties, l’ouvrage est de taille raisonnable et plutôt bien rythmé. Le propos est construit à la fois sur les histoires de sociétés et de leaders et sur un important de travail de recherche pour construire et valider le modèle que les auteurs nous présentent. La première partie est assez brève avec moins de 40 pages sur 3 chapitres, elle sert à nous présenter le système du tribal leadership. Le premier chapitre de cette partie « corporate tribes » porte assez mal son nom. Il s’agit plutôt d’un avant-propos au reste de l’ouvrage.

La véritable introduction est au chapitre 2 « the five tribal stages ». Comme promis dans le titre, après une intéressante mise en situation au Griffin Hospital, les auteurs introduisent brièvement les 5 étapes du tribal leadership. Tel un executive summary, on sait dès le début en quoi elles consistent, ce qui ne diminue pas l’intérêt de l’ouvrage. Ce chapitre met aussi en avant le focus de l’étude et du modèle : il est sur le langage employé et les interactions entre les personnes. Il s’agit d’un point clé et d’un enseignement majeur. Cette première partie se conclut par un court chapitre 3 qui nous décrit le reste du texte. Un élément que l’on trouve généralement dans l’avant-propos.

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Note de lecture : XML Schéma, par Eric Van Der Vlist

Note: 4 ; Sérieux, mais modérément passionnant.

Il semble difficile de trouver un ouvrage sur XML Schéma titrant moins de 1000 pages! En voilà pourtant un. Le sujet abordé est à la fois un point fort de XML et le sujet d’acerbes critiques, car les schémas XML sont à la fois indûment compliqués et terriblement verbeux. Ce texte, nous allons le voir, n’est peut-être pas le meilleurs, le texte est souvent un chouia laborieux, mais il fait le travail.

Avec près de 400 pages pour sa partie principale, le volume brut reste conséquent. Mais il a au moins la bonne idée d’être divisé en 2 parties : une partie « guide de l’utilisateur », puis une partie « manuel de référence ». La première partie consacrée à l’apprentissage du langage couvre la majeure partie du texte, avec 14 chapitres sur 225 pages. Passons rapidement le premier chapitre qui évoque plutôt succinctement l’utilisation des schémas. Ce n’est pas le plus marquant de l’ouvrage. Le chapitre 2 est un peu le « hello world » du XML schéma. On voit déjà que même pour des choses simples, on arrive vite à un schéma très verbeux. Cela dit, c’est plutôt bien expliqué, même si le style n’est pas particulièrement enjoué.

C’est plutôt une bonne idée de partir de cette base pour enrichir cette grammaire au chapitre 3. Toutefois, cela se complexifie pas mal et l’auteur nous assène déjà certains choix de conception que permet la souplesse (que l’on paie en complexité) de XML schéma. Comme le texte est un peu avare de développements pédagogiques, il faut s’accrocher un peu. Cela se calme un peu au chapitre 4 où l’on passe en revue, de manière plutôt exhaustive, les types simples prédéfinis. Voilà un chapitre qui ressemble un peu à un manuel de référence.

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Note de lecture : Le triangle pédagogique, par Jean Houssaye

Note : 3 ; Pontifiant voir pédant, mais intéressant pour le seul premier chapitre

Le triangle pédagogique est l’une des bases de la pédagogie moderne. C’est aussi le titre de cet ouvrage et c’est la raison pour laquelle j’en ai fait l’acquisition. Le livre est constitué de 9 chapitres (plus une conclusion). A l’exception du premier chapitre, il s’agit de transcriptions d’interventions en colloques ou conférences de l’auteur. Ce qui impacte hélas l’homogénéité du propos. Le livre se limite à 155 pages, mais le contenu étant uniquement textuel et les textes étant souvent très lourds voir ampoulés, il met plus de temps que prévu pour être digéré.

Le premier chapitre lègue son titre à l’ouvrage. C’est la raison d’être de celui-ci, mais il ne compte que 12 pages. Il fait le boulot pour expliquer les 3 côtés du triangle, quoique vraiment trop succinctement, j’avais acquis l’ouvrage justement espérant quelques développements de ce côté. Par ailleurs le style très académique en complique la compréhension. Un trait que l’on retrouvera dans la totalité de l’ouvrage.

Le second chapitre « l’autorité ne passera pas » est plutôt un plaidoyer, dont la teneur surprend un peu. C’est assez rafraichissant et clairement hélas dédié au monde scolaire. On n’y apprend pas grand-chose non plus. Le troisième chapitre sur la gestion pédagogique entre élèves nous donne un éclairage historique sur les différentes approches. On comprend que l’on est coincés avec le « mode simultané », rafistolé avec une pédagogie de soutien notoirement inefficace mais qui nous donne bonne conscience, alors que d’autres approches telles que la pédagogie différenciée donnent de bien meilleurs résultats depuis longtemps. Bien joué.

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Note de lecture : Software Telemetry, par Jamie Riedesel

Note : 4 ; Une très belle conceptualisation, mais un texte qui s’éparpille et manque souvent de hauteur

J’ai renommé la section dans laquelle figure cette note de lecture d’après ce livre. Cela devrait en dire long sur celui-ci. Car celui-ci aborde et conceptualise de manière original un sujet : celui de l’architecture du pipeline d’observabilité. Pourtant il n’est pas écrit par un architecte, mais par une ops. Cela est très visible dans la manière dont les sujets sont abordés et cela coûte au texte pas mal de points.

Le texte justement, parlons-en. Il est franchement volumineux avec ses 500 pages découpés en 3 parties, pour un total de 18 chapitres. La première partie aborde le volet architecture que j’évoquais. Cela occupe 170 pages sur 7 chapitres, auquel il faut rajouter le chapitre d’introduction. Il ne faut assurément pas rater ce dernier : les grandes lignes de l’architecture du pipeline d’observabilité y sont décrites, ainsi que les usages de l’observabilité (métriques et logs) par différents acteurs : développeurs, ops, exploitant, sécurité, service légaux…

Le chapitre 2 qui ouvre réellement cette première partie rentre en profondeur sur « l’emitting stage ». On voit déjà ici l’angle ops du texte qui évoque bien SNMP ou systemd, tandis que des briques logicielles permettant l’émission de logs ou de métriques sont passées assez légèrement. Ainsi Log4J est succinctement évoqué, mais pas JMX… Le propos n’est pas inintéressant, mais il aurait peu être nettement meilleur et plus efficace. Fort logiquement, le chapitre 3 va couvrir le shipping, mais également le stockage, ce qui est peut-être trop. J’ai apprécié l’analyse de plusieurs architectures de shipping intégrant même des bus orientés queues (tel que Kafka), mais curieusement les superstars telles que fluend ou Logstash n’y ont guère de place. Il faudra vous diriger vers l’excellent et mal nommé « Logging in Action » si vous êtes frustrés…

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Note de lecture : The Art of Non-Conformity, par Chris Guillebeau

Note : 4 ; Où l’auteur parle de lui-même pour illustrer la non-conformité

Ceci est un « gourou-free » livre de développement personnel. Il se veut à la fois inspirant et pratique. Pour tout dire, il atteint effectivement ces buts à ce titre. Trouverez-vous pour autant vos marques en ces pages ? C’est ce que nous allons explorer maintenant.

L’ouvrage est assez court. En format de poches couvrant environ 230 pages, il s’avale assez vite. Le texte est structuré en 3 parties pour un total de 12 chapitres. La première partie « the remarkable life » regroupe 4 d’entre-eux et couvre 80 pages. Cette première partie s’ouvre sur un premier chapitre qui doit vous permettre de déterminer si ce livre est bien pour vous. Le point d’orgue est les « 11 façons de « unremarkably average », dont les items sont parfois sévères. Mais l’auteur assume son point de vue. Au second chapitre c’est d’identifier notre vie non-conventionnelle que l’auteur propose. Pour cela il va s’appuyer sur ce qui sera le fil rouge du livre : il parle de lui-même. Disons tout net qu’à la longue c’est assez lassant, même si cela est au moins un peu intéressant. J’y ai bien aimé toutefois le « radical goal setting ».

Au chapitre 3, il est question de briser le mur de la peur. L’ouvrage datant un peu, il convient de se demander si l’admiration affichée de l’auteur pour Lance Armstrong reste toujours aussi pertinente… Rien de transcendant toutefois dans ce chapitre où pour une fois Chris Guillebeau raconte plus l’histoire d’autres personnes que la sienne. Cette première partie se referme sur un chapitre qui nous invite à combattre l’autorité. Il s’agit ici des « gatekeepers », les no-men qui cherchent à nous ramener vers la normalité. Si le propos n’ébauche que quelques stratégies, le propos a le mérite de faire réfléchir.

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Note de lecture : Il était une fois Linux, par Linus Torvalds & David Diamond

Note : 5 ; Un éclairage unique sur la gestation de Linux

Une autobiographie du créateur de Linux, c’est assez intriguant. Linus Torvalds n’est guère connu pour sa prose, ni même en fait pour ses talents d’orateur. D’ailleurs il préfère communiquer avec du code qu’avec des mots. S’il existait un titre de « meilleur développeur au monde », il pourrait sans aucun doute y concourir.

Même s’il apparait en petits caractères, David Diamond n’est pas pour rien dans la genèse de ce texte. Il ne s’agit pas d’une grande littérature, mais néanmoins d’une lecture agréable et surtout éclairante sur ce qui a conduit Linus Torvalds à créer Linux, depuis son enfance, son caractère, ses passions. Mais aussi sur sa vie personnelle et ses prises de position. Dans la forme, il s’agit plutôt de dialogues, avec David Diamond ou plus souvent de sortes de monologues, généralement de Linus Torvalds et plus rarement de David Diamond.

Dans la première partie « naissance d’un nerd », Linus Torvalds nous parle de son enfance, de la Finlande et de sa scolarité jusqu’à l’université. Bref de tout son parcours avant Linux. Les chapitres sont courts et le style du créateur de Linux s’adressant au lecteur très engageant. Le tout se lit très bien.

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