Note de lecture : Parler en public : TED: le guide officiel, par Chris J. Anderson

Note : 7 ; Les guidelines des conférences TED et l’inspiration de leurs orateurs, mais pas de recette magique !

Pas de recette pour devenir un bon orateur ? Vraiment ? En effet, et c’est une bonne chose. Cet ouvrage qui recèle tout ce que Chris Anderson a à dire pour délivrer une excellente conférence TED nous livre quand même une excellente boite à outil. Nous parlons ici de conférence TED, car on se concentre exclusivement sur ce format dont la propriété essentielle est la durée : 18 minutes maximum.

L’opuscule que nous tenons entre les mains rappelle le guide Michelin par son format et noircit 340 pages structurées en 5 parties au sein desquelles on trouve 21 chapitres. Je parle de « noircir » car le contenu est exclusivement textuel. La première partie, « les bases » va nous occuper sur un peu plus de 50 pages totalisant 4 chapitres. Le premier chapitre nous rappelle que s’exprimer oralement est à la portée de tous, illustré par le défi de Monica Lewinsky ou de Richard, jeune guerrier Massaï venu exposer sa trouvaille pour éloigner les lions ! Le second chapitre est consacré à l’idée : trouver l’idée qui mérite d’être partagé, la développer mais aussi la rendre accessible dans un langage accessible sans être abêtissant. La performance n’est pas tout : le langage compte et il faut le travailler.

Chris Anderson se débarrasse au chapitre 3 de 4 types d’interventions à proscrire : les bonimenteurs, qui viennent vanter leurs mérites ou ceux de leur entreprise, les delayeurs, qui se perdent en vaines considérations, le pensum qui perd de vue l’objectif de l’intervention et les « inspirationalistes » qui sont plus des prêcheurs que des orateurs et en font trop. Cette partie se conclut par le fil conducteur. Celui-ci nous ramène aux fondements du story-telling, nous obligeant à choisir une accroche et à faire des choix sur ce dont nous voulons parler.

La seconde partie est consacrée aux outils. Ils occuperont 90 pages regroupées en 5 chapitres. Elle va débuter par un chapitre nous apprenant à établir le contact. Il s’agit là de rompre la distance, en se montrant vulnérable, peut-être via une confidence et bien sûr en établissant le contact visuel, mais sans jamais rien d’outrancier. Le second outil n’est pas le moins important : le story-telling. Chris Anderson nous propose une recette : un personnage qui suscite l’empathie, une tension qui éveillera la curiosité, une dose de détails bien ajustée et une chute qui déclenche l’émotion que l’on souhaite. Un outil précieux.

Au chapitre 7 nous explorons comment expliquer les concepts difficiles. La méthode parait simple : introduire les concepts un par un de manière incrémentale, en partant du niveau de connaissance du public. Une métaphore, quand elle est bien choisie est d’une aide précieuse. Ce chapitre est illustré de nombreux exemples venant des conférences TED. A consommer sans modération. Convaincre, sujet du chapitre 8 nous invite au niveau d’au-dessus. D’abord créer l’amorce, intriguer, préparer le terrain à l’argument massue. Si le propos contient pas mal d’éléments intéressants, il est loin d’être aussi solide que le précédent. Cette partie se conclut par le chapitre 9 « faire des révélations ». Il n’y a pas de recette magique ici. Chris Anderson nous expose différentes approches particulièrement réussies lors de conférences TED. Disons qu’il s’agit là plutôt d’un stock de sources d’inspiration.

Cette 3ème partie est dédiée à la préparation. Elle regroupe 4 chapitres qui totalisent environ 80 pages. En ouverture, il est question des supports visuels. Bien sûr on nous conseille de nous en passer complètement si on peut et surtout de ne pas s’en servir comme « béquille ». Ne pas rater ici les conseils de Tom Rielly sur la création des slides. Le chapitre 11 a trait au texte. Qu’il soit rédigé ou non, l’auteur ne se prononce pas sur ce point. Mais dans le premier cas, il faut se l’être suffisamment approprié pour sortir de la vallée dérangeante et qu’on puisse vivre son texte plutôt que de le réciter. Des conseils que nous devrions tous suivre.

Le chapitre 12 s’inscrit dans la continuité du précédent car il s’agit des répétitions. Ici, pas d’avis divergeant : il faut répéter, beaucoup ! Un petit conseil en passant : la contrainte temporelle étant ce qu’elle est, il faut lors des répétitions être dans une fenêtre de 0,9 fois le temps imparti à la présentation ! Commencer et conclure, sujets du chapitre 13, sont des moments décisifs. Le texte nous donne quelques exemples bien choisis d’entames pour intriguer, éveiller la curiosité lors de cette première minute. Pour la conclusion, il nous propose 7 manières de clore la présentation parmi lesquelles nous pouvons piocher.

Dans la 4ème partie, l’ouvrage évoque ce qui se passe sur scène. Il s’agit de 5 chapitres sur une soixantaine de pages. Le premier d’entre eux s’attaque au « dress code ». Chapitre très court qui ne dit pas grand-chose, si ce n’est qu’il ne faut pas en faire de trop. Au chapitre 15, c’est de la gestion du stress qu’il s’agit. Chapitre court également, où Monica Lewinsky nous propose un éventail de techniques.

Le chapitre 16 concerne la configuration des lieux. Le propos n’est pas non plus essentiel : pupitre, fiches, prompteurs, on passe un peu tout en revue. Le chapitre 17 dédié à la voix et la présence sur scène est sûrement le plus important de cette partie. Hélas je pense qu’il aurait pu être mieux développé, concernant les mouvements, la gestion de l’intonation et du rythme… Il donne quand même des éléments. Le chapitre 18 qui conclut cette partie s’intéresse aux nouveaux formats de présentation. C’est intéressant mais très loin de ce qu’un petit orateur comme moi est susceptible de faire un jour…

La dernière partie nous fait partager des réflexions de l’auteur sur 3 chapitres. C’est d’abord au chapitre 20 la renaissance de la parole qui est évoquée, puis l’interconnexion des personnes et plus précisément le partage et la diffusion virale des contenus dont il est question. Puis enfin au dernier chapitre, la philosophie qui sous-tend le format TED.

Cet ouvrage n’est peut-être pas le texte définitif sur la prise de parole en public. D’autant qu’il se focalise exclusivement sur le format TED. Je pense que c’est une bonne chose, car on ne saurait produire des guides si génériques qu’ils seraient adaptés à tous les contextes. Le texte est riche de nombreux exemples et références aux conférences TED. Il est tout à fait recommandé d’aller les regarder au fur et à mesure de la lecture.

Parler en public : TED: le guide officiel, par Chris J. Anderson

Référence complète : Parler en public : TED, le guide officiel – Chris J. Anderson – Flammarion 2016 (V.O. : TED Talks: The official TED guide to public speaking ; Headline 2016 ; ISBN: 978-1472228048) – ISBN : 978 2 0813 6334 2

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