Note : 7 ; L’ouvrage progresse encore dans cette nouvelle édition, il gagne en maturité sur les principes agiles et reste toujours aussi bien écrit.
Oui, vous avez bien lu: j’ai une édition de retard ! Vous aurez tout de même droit à la 4ème… disons d’ici un an ou un peu plus ! En attendant, voici la note pour cette 3ème édition. Elle est distante de 4 ans et demi de celle de j’avais fait pour la 3ème edition. Bonne lecture !
Claude Aubry prend les choses sérieusement : chaque nouvelle édition de son livre apporte son lot de changements. Il est aussi souvent le reflet de l’évolution de sa façon de voir les choses ! Pour ce qui est de la taille, on reste dans les mêmes canons : 290 pages (+5 pages). Le plan reste le même, avec 20 chapitres qui font le pendant à l’édition précédente.
Comme je l’ai fait pour la seconde édition, je ne vais pas accorder le même intérêt à tous les chapitres à passer en revue, je vais toutefois reprendre quelques remarques sur certains d’entre-eux.
Le chapitre 2 (du sprint à la release) continue à mettre un accent fort sur la notion de release. C’est l’approche qu’adopte Claude et elle marche certainement. En fait la release a même sa propre définition de terminé ! Une idée que je trouve du coup contestable. Je suis loin de penser que cette idée est indispensable, elle donne même des petits relents de cycle en V. Mais surtout cela ne fait pas partie du « core Scrum ». Certes, on lit un auteur pour le point de vue qu’il peut avoir, mais il est aussi important de faire apparaître ce qui fait partie du corpus de base et ce qui est une adaptation…
Le chapitre 4 sur le Scrum Master et l’équipe a légèrement évolué dans son contenu : il évoque plus la question de l’auto-organisation de l’équipe et montre plus de maturité en mettant l’accent sur l’état d’esprit du Scrum Master.
Le chapitre 5 sur les User Stories a pas mal évolué. Tout d’abord avec l’apparition du principe des « bacs » devenu cher à Claude. La présentation est très plaisante et la métaphore me plait bien. Plus encore que dans l’édition précédente, l’auteur met l’accent sur les différents types de stories, en s’appuyant sur une représentation de Philippe Kruchten. Pour ma part je cherche plutôt à basculer les stories techniques en stories fonctionnelles, ce que j’arrive à faire de plus en plus…
J’ai déjà dit ce que je pensais de la planification de release (chapitre 6), une partie qui n’est guère modifiée. Pas tellement modifiée non plus, le planification de sprint (chapitre 7) correspond plus à la manière dont je procède dans un déroulement basique de Scrum. Le chapitre consacré au Scrum quotidien présente des éléments intéressants : s’intéresser à la finalité de cette réunion, permettre des variations (orienté personne ou orienté « essaim ») et ne pas porter un focus exagéré sur le temps.
La revue de backlog (chapitre 9) et la rétrospective (chapitre 10) sont traités de manière très orthodoxe et aussi de manière courte ! J’aime bien l’idée de consacrer un chapitre à la « définition de terminé », un concept que je trouve crucial dans Scrum. Il méritait bien un chapitre, même si je vois guère l’intérêt d’un « fini » pour la release (je l’ai déjà dit), ni pour la feature. Il manque par contre pour la tâche !
A contrario, je trouve la chapitre sur l’adaptation de Scrum bien faible (chapitre 12). Le chapitre 13 a, lui, pris un grand coup de jeune avec l’intégration de l’Impact Mapping et même l’évocation du Lean Startup ! Il en va de même pour le chapitre sur les tests d’acceptation maintenant introduits par le story mapping et mâtiné des bacs de culture des stories. Le traitement des acceptance test reste correct mais perfectible. Cela dit, ce n’est pas non plus le seul sujet du livre…
Le sujet des indicateurs n’a guère changé (chapitre 15), je ne m’y étalerais pas. Pas plus que celui de l’ingénierie (chapitre 16). J’aime bien l’évocation de la conception émergente, mais il serait certainement temps d’évoquer des sujets comme le DDD ou le déploiement continue ? Le chapitre sur l’outillage n’a pas progressé de façon remarquable, il ne nécessite pas de commentaire particulier. Sur la transition à Scrum, le chapitre 18 apporte des réponses ou plutôt un manque de réponses concrètes décevant.
Scrum à grande échelle est un sujet du moment, indubitablement. J’en profite pour dire que le dessin de la page 270 est toujours aussi hilarant. Le traitement du sujet (et notamment de la notion de programme) a progressé dans le bon sens. L’organisation d’un gros produit est aussi évoqué. L’auteur évite de prendre position ouvertement sur le sujet. Ce n’est pas mon cas : Scrum à l’échelle reste pour moi une dés-agilification de l’agilité.
Une fois encore (et pour la dernière fois), le livre se referme sur le « Scrum en France » (chapitre 20), les données qui y figurent sont partielles car issues d’enquêtes menées par Claude. C’est un bel effort qu’il convient de saluer. Mais finalement, je pense que cela a aujourd’hui peu d’intérêt. L’auteur rejoint cet avis, car ce chapitre disparaitra de l’éditons suivante.
Si les changements de cette édition ne sont pas phénoménaux, l’auteur a effectué une mise à jour de l’état de l’art partout où il convenait, ce n’est donc pas une mise à jour de pure forme. L’ouvrage mérite de conserver sa note ! A de nombreux titres, le texte reflète la progression de l’auteur, vers une maturité croissante. Le texte est un peu moins du « Scrum Shu » que son édition originale. Il reste un texte destiné au nouveau venu, mais sera peut-être un peu plus difficile d’abord avec certains messages plus matures. Mais pour moi, cela fait un texte un peu plus intéressant à lire, d’autant que Claude Aubry sait parfaitement manier la plume.
Référence complète : Scrum, le guide pratique de la méthode agile la plus populaire, 3ème édition – Claude Aubry – Dunod 2013 – ISBN : 978 2 100 59446 7