Note de lecture : Programmation avancée en C++ styles et idiomes, par James Coplien

Note : 7 ; Un ouvrage remarquable, historiquement le premier sur les idiomes.

Cet ouvrage figure parmi les titres de référence du C++. Il fut le premier à mettre en évidence les possibilités offertes par le langage afin de construire des idiomes. La plupart de ceux-ci sont maintenant institués en standards de fait du C++, tel « handle-body ». Le style est par ailleurs agréable, mais ainsi que le titre le suggère, ce n’est pas un « premier livre » pour aborder le C++. Ce n’est pas non plus une lecture de dilettante : le texte compte 360 pages structurées en 11 chapitres, auxquelles il convient d’ajouter les 100 pages consacrées aux annexes !

Après une courte introduction, le chapitre 1 s’attaque à ce que j’appellerais les fondamentaux de la POO et du C++ : qu’est-ce qu’une abstraction, que fait-on dans un constructeur et un destructeur, mais aussi des choses légèrement plus avancées comme les fonctions membres statiques ou les pointeurs sur fonction. C’est bien écrit, mais aussi sans concession pour le lecteur : ce n’est pas un livre de plage, le message est clair.

Le chapitre 3 aborde un volet moins connu des objets : les types concrets de données, ce qui permet à l’auteur d’aborder son premier idiome : la forme canonique orthodoxe. Un « must know » de tous les développeurs C++ ! Le chapitre est très riche, car il couvre bien évidemment les surcharges d’opérateurs (y compris new et delete) et présente un second idiome : le pointeur avec comptage de référence.

Le chapitre 4 traite des fondamentaux de l’héritage, c’est à dire de l’héritage simple et public. Il couvre bien les aspects de contrôle d’accès, cinématique des constructeurs et destructeur, etc… Mais dans cet exercice, James Coplien est plutôt moins efficace qu’un Stanley Lippmann, par exemple.

Avec 75 pages, le chapitre 5 est également un gros morceau. Il faut dire que son ambition est de traiter de la programmation objet. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait d’avantage une odeur de conception. Il compte d’ailleurs pas moins de 3 idiomes au programme : enveloppe/lettre, constructeur virtuel (une dérivation du précédent, en quelques sortes…) et objet fonction (largement utilisé dans la STL). Plus curieusement, il couvre aussi les aspects avancés de l’héritage : héritage multiple et virtuel et héritages privé et protégé. Cela se raccorde mal au reste et aurait pu figurer dans un chapitre séparé.

Le chapitre 6 se détache un peu du C++ pour parler conception : qu’est-ce qu’une classe ? Comment identifie-t-on ce qui doit être une classe ? Nature des relations entre objet et sémantique de l’héritage. Un gros morceau est la sémantique « est un » détaillé dans le principe de substitution de Liskov. Sans être un tour de force, ce chapitre est fort convenable. On notera l’utilisation de la notation Booch pour les diagrammes.

C’est le serpent de mer de l’objet qui est abordé au chapitre 7 : la réutilisation. Cela en fait un des chapitres les moins utiles du livre. Mais c’est aussi l’occasion d’introduire les templates.

Les templates, justement : parlons-en ! Ils sont l’objet du chapitre 8. On y retrouve la notation Booch et un nouvel idiome : la communauté de templates. Pas l’idiome le plus utile, hélas. Bref, ce court chapitre n’est pas spécialement grandiose.

Le chapitre 9 augmente le niveau de complexité de la lecture, car l’auteur se propose d’émuler les langages dynamiques (curieusement appelés ici « langages symboliques »). On y trouve un idiome, le « multi-méthodes » et des considérations d’implémentations concernant le garbage collecting et le chargement incrémentale de code, c’est à dire en fait la liaison tardive du code.

Le chapitre 10 est très court et poursuit sur la même lancée avec l’héritage multiple dynamique. Peu convainquant. En fait, je n’ai même pas compris où l’auteur voulait en venir…

Enfin le chapitre 11 se tourne vers des considérations plus système, comprenez : des considérations de structuration ! On y présente les diagrammes de transaction et on y évoque les modules, la distribution et la parallélisation, même si tous ces sujets ne sont pas excellemment traités.

Ce livre est très ancien. Il a eu le mérite en son temps d’ouvrir les yeux du programmeur en faisant comprendre qu’il existe un autre niveau de compréhension du langage que la simple bonne appréhension de la syntaxe. A ce titre, il a ouvert la voie à bien des ouvrages de C++ avancé ! Il reste la référence pour un certain nombre d’idiomes qui y sont présentés et ce avec une grande rigueur. En fait je pense que le livre aurait dû se focaliser exclusivement là-dessus ! Certains sujets sont abordé en mode plus introductifs. La question se pose de la pertinence de leur évocation ici, mais finalement ça valait probablement le coup. Bref, un très bon livre, très solide et pas « has been » finalement !

Programmation avancée en C++

Référence complète : Programmation avancée en C++, styles et idiomes – James Coplien – Addison Wesley 1992 (V.O. : Advanced C++ Programming Styles and Idioms ; Addison Wesley 1992) – ISBN : 2-87908-014-2

Programmation avancée en C++


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Jim Coplien à propos de l’architecture DCI et de son rôle au sein d’une approche agile

Cette intervention enregistrée en 2009. Elle reprend le propos développé par Jim Coplien et Gertrud Bjornvig dans leur livre : Lean Architecture.

Sans être révolutionnaire, il y a quelques idées intéressantes. Mais qualifier cette architecture de “lean” est un peu source de confusion pour moi. Bref, en ce qui me concerne, je ne suis pas encore convaincu…

Note de lecture : Pattern Languages of Program Design vol. 2, Vlissides, Coplien & Kerth edt

Note : 5 ; Quelques bon (et même très bons patterns), toutefois noyés dans nombre de patterns de moindre intérêt.

Ce volume regroupe une sélection des contributions à la seconde conférence PLOP. La formule reste la même que pour le premier volume, avec une sélection de patterns ou de patterns languages regroupés par thèmes. La communauté se développant, la qualité de la matière utile progresse d’autant.

Une nouveauté, la première partie parle désormais d’idiomes, c’est à dire de patterns de bas niveau spécifiques à des langages. Toutefois il n’y a là rien de bien remarquable : les idiomes de Tom Cargill auront du mal à soutenir la comparaison avec ceux de Jim Coplien dans son ouvrage éponyme.

La seconde partie, les « general purpose patterns » regroupent ce que l’ouvrage a de mieux à proposer, avec spécifiquement deux patterns remarquables : Le Shopper de Jim Doble, mais surtout le Command Processor de Peter Sommerlad. Ce dernier n’est pas seulement désormais un classique, il est aussi simple, puissant et élégant.

La troisième partie « special purpose patterns » tait celle consacrée aux domaines métiers dans le volume précédent. On y trouve surtout des pattern languages qui sont intéressants sans être transcendants.

Peu de patterns dans la quatrième partie dédiée aux patterns architecturaux. Juste trois, seul « reflection » de Frank Buschmann retiendra mon attention.

Je ne suis toujours pas fan des patterns organisationnels qui nous sont proposés en cinquième et sixième parties. L’organisational Patterns for Team prélude certaines pratiques agiles. Episodes de Ward Cunningham est souvent référencé d’une part à cause du nom de l’auteur et d’autre part car certains patterns seront repris par Kent Beck dans l’extreme programming.

Le « concurrent programming / distributed systems » de la partie 7 est une excellente fournée. Je citerais juste le « half sync / Half-async » de Douglas C. Schmidt et Charles Cranor.

En comparaison, la partie 8 sur les « reactive systems » m’a parue un peu pauvre.

Si l’ouvrage est loin d’être indispensable, il pourra intéresser à ceux qui portent un intérêt actif aux patterns. Et un nombre non négligeable des patterns présentés sont loin d’être dénués d’intérêt.

PLOPD-vol2

Référence complète : Pattern Languages of Program Design, vol. 2 –  John Vlissides, James Coplien & Norman L. Kerth edt – Addison Wesley 1996 – ISBN : 0-201-89527-7

Pattern Languages of Program Design 2


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Note de lecture : Pattern Language of Program Design, James Coplien & Douglas Schmidt edt

Note : 4 ; Pour les “accros” des patterns, exclusivement.

Le mouvement des “Design Patterns” a donné naissance aux conférences PLOP d’abord (aux Etats-Unis, à l’université d’Urbana Champain, Illinois), puis EuroPLOP (Kloster Irsee, Allemagne). Ce volume regroupe une sélection des papiers soumis par les participants à la première conférence PLOP. C’était alors le début de cette conférence, en conséquence la sélection n’est pas sévère, les patterns soumis peu ou pas “compétitifs”, souvent très généraux, plus centrés sur les concepts (ce que l’on qualifie parfois d’approche Alexandrienne) que sur le design. Enfin, une place importante est prise par les patterns “organisationnels”.

Sans rentrer dans les détails, voici une idée générale de la structure de cette compilation :

La première partie « frameworks et composants » regroupe des patterns et patterns languages de niveau très conceptuels pour architecturer des applications.

La seconde partie « systems and distributed processing » regroupe des patterns à caractères architecturaux. C’est l’une des plus intéressante du livre.

Dans la troisième partie « business objects » on retrouvera des patterns et pattern language liés à des domaines métier.

La quatrième partie « process and organization » regroupe exclusivement des patterns languages. C’est celle qui m’a le moins accroché.

La cinquième partie « design patterns and catalogs » est dédiée aux papiers ayant trait à l’étude des patterns : catégorisation, mise en évidence, documentation. C’est intéressant dans le principe, mais hélas ennuyeux dans les faits.

La sixième partie « architecture and communication » promettait d’être intéressante, mais le traitement des patterns qui y figurent est trop littéraire à mon goût pour présenter un réel intérêt. Le « POSA book » adressera cela beaucoup mieux !

La septième partie « object usage and style » ne donne pas tellement lieu à commentaire, si ce n’est que les patterns qui y figurent ne resteront pas dans les annales.

La dernière partie « events and events handlers » a je pense été créée car plusieurs patterns apparaissaient dans cette catégorie.

Certains patterns se détachent du lot, par exemple :

  • Half-object + protocol de Gerard Meszaros
  • Master-Slave pattern de Frank Buschmann
  • Reactor de Doug Schmidt
  • Le CHECKS pattern language de Ward Cunningham qui est l’un des rares pattern language de cette édition à mériter le détour.
  • Dans les patterns organisationnels, une petite curiosité : le « Lifecycle and Refactoring Patterns that Support » qui est en fait une prémice du futur « Refactoring » paru en 1999.

Certes la substance utile est plus importante que celle que j’ai cité. Mais beaucoup des patterns et surtout des patterns languages sont plus des essais à l’intérêt académique que de la matière exploitable. Pour qui veut se plonger dans l’étude des Patterns, ce volume a un intérêt ne serait-ce qu’historique. C’est mon cas. Mais pour beaucoup, ce volume sera à la fois trop aride et pas assez pourvu de matière exploitable en regard de ses 550 pages.

En vérifiant sur Amazon, j’ai la surprise de constater que ce livre est toujours disponible 17 après sa parution ! Je ne le recommande toutefois qu’exclusivement aux aficionados des patterns ! 

PLOPD

Référence complète : Pattern Language of Program Design – James Coplien & Douglas Schmidt edt – Addison Wesley / Software Patterns series 1995 – ISBN: 0-201-60734-4

Pattern Languages of Program Design


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