Note de lecture : Gestion de Configuration : Maîtrisez vos changements logiciels, par Linda Djezzar

Note: 6 ; Une très bonne introduction aux processus de gestion de configuration, même si elle me laisse un peu sur ma faim.

Cet ouvrage fort digeste est destiné à faire comprendre ce qu’est la gestion de configuration, ses enjeux, sa mise en œuvre et ses apports. En ce sens, le livre est avant tout destiné aux managers. Comme nous allons le voir, il fait quand même l’effort de s’ancrer dans la réalité des outils de gestion de configuration, on pourrait presque dire qu’il s’agit d’un ouvrage hybride !

Justement, jetons un coup d’œil au texte. Tout d’abord, il est court avec ses 140 pages, ce qui renforce son ancrage vers les managers (quoique pour eux, même cela commence à être long…). Le texte est rythmé en 9 chapitres, ce qui constitue une taille moyenne assez réduite pour chaque chapitre. J’aime bien. Pour structurer encore plus, malgré la taille réduite du texte, les chapitres sont regroupés en 3 parties. La première d’entre-elle, « l’état de l’art », est constituée de 3 chapitres sur une cinquantaine de pages. Et l’on va commencer à explorer les concepts de base au premier d’entre-eux, sur une douzaine de pages. Après un trop court éclairage historique, on rentre directement dans un ensemble de définitions, certes rébarbatives, mais que l’auteure arrive à rendre digestes. Finalement, c’est la fin du chapitre qui serait la plus intéressante, mais les fonctions de la gestion de configuration sont traitées bien succinctement…

Même s’il ne compte qu’une quinzaine de pages, le second chapitre reprends là où le premier nous avait laissé en plan : les fonctions de la gestion de configuration. Bien sûr, on ne peut pas dire que le panel d’outils évoqués respire la modernité (CVS, PVCS, Clear Case…), ni que l’inscription dans le cycle de travail soit d’inspiration agile, mais il ne faut pas oublier que le texte date du début des années 2000 et au moins l’illustration est bien ancrée dans la réalité du cycle de développement. Le 3ème chapitre va donner à manger aux managers et aux cellules qualité avec l’évocation des modèles de maturité. Ce n’est pas le meilleur moment du livre.

La seconde partie, intitulée « la pratique » va nous confronter à différents contextes de mise en œuvre. Nous comptons ici 4 chapitres, pour un total d’une soixantaine de pages. Malgré son titre, le chapitre 4 « mise en œuvre » est plutôt théorique, car il parle d’une démarche de gestion de configuration inspirée du modèle ISO-SPICE ! Quand je vous disais que l’on ne parle pas tellement d’agilité… Toute cette prose aboutit à la définition et à la structuration du plan de gestion de configuration (le PGC) où l’auteure compare plusieurs référentiels. C’est plutôt instructif d’un point de vue culture générale, mais peu enthousiasmant. Ce PGC va être décliné au sein d’un premier cas d’étude où celle-ci doit servir le travail en équipe. Au moins le propos est-il ici proche du terrain en liaison avec les fichiers manipulés et le cycle de développement, mais dans un processus de développement d’un autre temps.

C’est à une déclinaison d’un mode de travail individuel qu’est consacré le chapitre 6. Finalement on y reconnait le cycle de travail classique que l’on emprunte aujourd’hui. Ce court chapitre aurait pu précéder le chapitre 5 et lui servir d’introduction. Cette seconde partie se referme sur un chapitre 7 consacré aux « bonnes pratiques ». Si les pratiques de bases continuent d’avoir du sens, d’autres sont invalidées par les gestionnaires plus modernes fonctionnant en « mode optimiste » et les cycles de fonctionnement agile nous invitent à en revisiter d’autres. Par rapport à l’état de l’art moderne, c’est intégration continue qui brille par son absence.

La dernière partie de l’ouvrage « au-delà de la gestion de configuration » ne compte que 2 chapitres pour une vingtaine de pages. Le chapitre 8, consacré à la gestion de contenu Web a pris un très sérieux coup de vieux, ce qui est une façon polie de dire qu’il est désormais complètement obsolète. Aux côtés des vieux clous de la gestion de version dont il était question au début de l’ouvrage, on évoque aussi Documentum. Tout cela sent gravement la poussière. Le dernier chapitre s’essaye au périlleux exercice de la prédiction. Eh bien au moins l’une d’entre-elle s’est trouvée vérifiée : la gestion de version distribuée !

Finalement le texte est écrit avec simplicité, et adresse les problèmes de façon très concrète. Cela en fait, à mon avis, un livre d’introduction à la gestion de configuration qui peut intéresser tout public, notamment les développeurs pour lesquels ce sujet est terra incognita. Mais le texte a quand même pris un gros coup de vieux, à la fois par l’apparition des gestions de version distribué (et la disparition concomitante des vieux mammouths) et par l’arrivée des approches agiles qui relèguent au musée les PGCs et les modèles de maturité qui les accompagnent.

J’apprécie les livres courts, celui-ci n’est pas mal fait si on le replace dans son contexte temporel. Le même texte remis au gout du jour, c’est-à-dire réécrit en grande partie, serait sans doute un très bon texte de prise en main. Malheureusement celui-ci n’a plus de sens 20 ans après.

Référence complète : Gestion de Configuration : Maîtrisez vos changements logiciels – Linda Djezzar – Dunod / 01 Informatique 2003 – ISBN: 2-10-006914-4

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