Note de lecture : Operations Anti-Patterns, par Jeffrey D. Smith

Note : 3 ; Verbeux et ennuyeux

La juxtaposition de « patterns » (ou anti-patterns) et devops avait tout pour attiser ma curiosité, bien que j’avoue avoir quelque peu foncé en aveugle sur ce livre. Comme nous le verrons, cela ne fut pas une très bonne idée car le texte prétend parfois avoir inventé l’eau chaude…

Avec 290 pages structurées en 12 chapitres, ce volume se situe dans la moyenne, la taille des chapitres aussi et ceux-ci ne sont pas trop longs. Le livre s’ouvre sur un premier chapitre « what is devops » plutôt sympathique à lire qui évoque le CAMS (culture, automation, metrics et sharing) comme les piliers du devops. C’est original par rapport à mes autres lectures, mais l’éclairage en vaut un autre. Le second chapitre est plus représentatif des chapitres suivants, c’est-à-dire un thème accompagné de patterns et d’anti-patterns. Ici il est question de « paternalisme ». Derrière cela il faut voir le mode guichet et les délais que cela occasionne. La solution promue est évidemment l’automatisation embarquant les vérifications automatisant « l’approbation ». Rien de bien nouveau.

Le thème du 3ème chapitre est la cécité opérationnelle : c’est-à-dire qu’opération et développement vivent chacun dans leur silo et que le développement ignore tout du comportement du produit en production. La solution est ici, cher captain obvious, les métriques et les logs ! Le développement part un peu dans tous les sens et reste hélas assez superficiel. Le chapitre 4 s’intitule « des données plutôt que de l’information ». Ce chapitre se démarque un peu des précédents en ne suivant pas la recette désormais habituelle. Il s’inscrit plutôt dans la continuité du chapitre 3 en évoquant la présentation des données de monitoring. C’est un peu inutile ou plutôt mieux traité ailleurs.

Le chapitre 5 devrait me faire plaisir car il traite des tests et de leur intégration dans le pipeline CI/CD. Sans réellement dire de bêtises, il aborde le sujet par la pyramide des tests ce qui est la garantie d’un mauvais point de ma part. Cela mis à part, je dois reconnaitre que ce chapitre n’est pas mauvais et distille les bonnes bases, à l’exception notable des tests à caractère fonctionnels. La question des alertes, au chapitre 6 sent le vécu. Pour des personnes qui viennent du développement, c’est sans doute de l’information nouvelle et donc intéressante avec des patterns pour adresser « l’alert fatigue » et ses corolaires néfastes également décrits.

Le chapitre 7 est entièrement consacré à l’automatisation, à la nécessité d’automatiser les tâches de production et aux stratégies pour introduire une culture de l’automatisation. Il y a certainement beaucoup de bonnes intentions, mais le texte est au final peu convaincant. Il est question du syndrome du déploiement hors heures ouvrées au chapitre 8. Et c’est bien entendu vers le déploiement fréquent ou continu que nous embraque l’auteur. On trouvera quand même ici quelques réflexions originales, je pense principalement au « deployment layers ». Sans être grandiose, le chapitre mérite le détour.

Gâcher un bon incident, au chapitre 9 nous invite à conduire des postmortems. Là encore le sujet est effleuré et l’auteur n’est guère solide dessus. Mais disons qu’il a le mérite d’être évoqué. C’est de rétention d’information qu’il est question au chapitre 10. Jeffrey Smith nous propose deux solutions : ma documentation et les canaux de diffusion d’information. J’ai du mal à trouver génial la partie consacrée à la structuration d’information, sans doute parce que j’ai de toute manière du mal à trouver génial tout écrit sur le sujet. Même si cela n’est pas fondamentalement original, l’évocation des canaux tels que BBL ou chats est bienvenue.

C’est assez ambitieux d’écrire un chapitre consacré à la culture comme c’est le cas au chapitre 11. L’auteur se perd un peu dans une multitude de sous-sujets et c’est dommage. On gardera au moins l’idée de changer la culture au travers du langage. Le chapitre 12 qui clôt l’ouvrage cherche à prendre un peu de hauteur en traitant de métriques d’entreprise, sujet à la mode s’il en est. Il est donc question d’OKR. Mais là encore le sujet est traité bien rapidement.

L’auteur a essayé de traiter tous les sujets dont il pensait qu’ils sont en relation directement ou indirectement à son métier. Le livre cherche donc à ratisser large et manque de cohésion. On a plus l’impression d’une juxtaposition de sujets qu’une fresque om tout est connecté. Les sujets eux-mêmes, pour la plupart, sont plutôt des collections de bribes d’informations. Bref, c’est l’impression de confusion qui domine, alors qu’il semble évident que l’auteur domine son sujet. Un rendez-vous raté.

Référence complète : Operations Anti-Patterns, DevOps Solutions – Jeffrey D. Smith – Manning 2020 – ISBN : 978 1 61729 698 7

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