Note : 5 ; Un tour d’horizon de la détection des menteurs qui est plutôt une introduction au sujet.
L’auteure est connue pour sa prestation TED sur la détection des mensonges. C’est d’ailleurs cette vidéo qui m’a conduit vers cet ouvrage. Mon objectif était de voir si je pouvais trouver là une compétence à développer à mettre dans la boite à outil du Product Owner. Ici, en fait, ce serait plutôt la boite à outils du manager qui serait visée.
Le livre est de taille raisonnable avec 250 pages dans sa version papier. J’avoue qu’il m’a paru plus court dans sa version numérique, je dirais dans les 200 pages équivalentes, voir un peu moins. Le texte est découpé en deux parties très inégales. La première « détecter la tromperie » est en fait le cœur du sujet et compte 6 chapitres. Le premier chapitre « une épidémie de tromperie » nous campe le décor : nous mentons quotidiennement, avec des conséquences plus ou moins importantes, alors que notre capacité de détecter la tromperie n’est ni plus ni moins celle des singes ! Le chapitre est clairement introductif et nous présente de nombreux exemples (bonjour Mr Kerviel) et nombreux faits pour étayer l’importance du sujet. Au second chapitre, nous abordons les bases de la tromperie. Il parait que cela commence tôt, dès la petite enfance ! On y voit aussi que les hommes ne s’en sortent pas grandis par rapport aux femmes, mais le chapitre nous donne aussi quelques informations sur les raisons pour lesquelles nous mentons, et envers qui. Bref, c’est instructif, mais pas encore ne mesure de nous alimenter sur le fond du sujet.
Au chapitre 3, il devient réellement question de détecter les menteurs en lisant les visages ! Et si le sujet remonte à Darwin lui-même, c’est à Paul Ekman que l’auteur va se référer sur le sujet. Partant des 7 émotions de base, l’auteur nous invite à rechercher les asymétries pour détecter les émotions feintes : micro-expressions, clignement de yeux, etc. Aux expressions du visage s’ajoutent les expressions du corps, sujet du chapitre 4. Ce sont les « big 3 » que nous allons chercher ici : les « emblèmes » qui peuvent contredire l’expression verbale, les « illustrations » qui tendent à se raréfier avec le mensonge et l’effet miroir, expression inconsciente de l’empathie, qui peut disparaitre dans le cas qui nous intéresse.
Au chapitre 5, l’auteur nous invite à écouter, tout simplement, car le narratif lui-même sème des indices, comme un surcroit de détail trop important, une introduction trop alambiquée, la répétition de la question ou la forme de la négation. Des éléments qui ne sont pas concluants en eux-mêmes, mais doivent être recoupés avec les autres indices. Très intéressant. Cette première partie se referme sur les bases des techniques d’interview, avec une trame justement nommée BASIC (baseline behavior, Ask open-ended questions, study the clusters, Intuit the gap et confirm). En fait j’ai trouvé assez peu convaincant ce chapitre, mais j’en garde quand même le « ne demandez pas pourquoi ».
La seconde partie est consacré à la construction de la confiance. C’est un peu inattendu. Et si dans l’esprit de l’auteur, le sujet est en continuité, c’est beaucoup moins convainquant pour moi. 4 chapitres constituent cette partie qui débute par un chapitre 7 consacré aux situations à forts enjeux. Le chapitre apporte peu avec quelques conseils assez faibles comme le repérage des omissions et une trame « gagnant-gagnant » qui n’est guère plus convaincante. Il est question « d’auditer » le mensonge au chapitre 8. En fait, le propos part un peu dans toutes les directions : estimer la loyauté, rassembler des données ou repenser la structure des rémunérations. J’ai hélas l’impression que le propos s’éloigne de plus en plus de la raison d’être du livre.
Il est question du « brain trust » au chapitre 9. Il s’agit en fait de rassembler un cercle de conseiller de confiance ! Autant dire que si vous n’êtes pas dirigeant d’une entreprise d’au moins quelques centaines de personnes, le propos n’est guère pour vous. Et même ainsi, le propos m’a semblé pour le moins naïf, ce qui fut, je dois dire, une surprise. Le chapitre 10 forme la conclusion de l’ouvrage où l’auteur nous exposes quelques histoires illustrant la mise en œuvre des techniques et surtout l’importance des « clusters ». On y apprend peu de choses, mais certaines de ces histoires sont mémorables.
Je termine avec une impression mitigée. Clairement la première partie s’avère bien plus intéressante que la seconder dont je me serais même passé. L’auteur fait son possible pour nous exposer les indices, parfois même illustrées de photos. Mais en réalité ce n’est guère suffisant et le média textuel doit avouer ses limites pour ce qui est de l’art de détecter les mensonges. Il n’en reste pas moins que la première partie de l’ouvrage est une agréable introduction au sujet.
Référence complète : Liespotting – Pamela Meyer – Saint Martin’s Griffin 2010 – ASIN : B003R0LBZ8