Note : 8 ; La référence de la conduite du changement, et pour de bonnes raisons !
Les 8 étapes du changement de Kotter sont un grand classique. Cet ouvrage est en quelque sorte le guide de l’utilisateur de ces 8 étapes. La traduction française m’a fait un peu peur au début. Elle s’avère quelque peu laborieuse et franchement pas excellente, mais on échappe quand même aux problèmes de contresens qui peuplaient les traductions il y a 25 ans. C’est une lecture aisée, quoique moins rapide que ce à quoi je m’attendais, les nombreux exemples bien choisis aidant à rendre la lecture agréable.
Le volume est de taille raisonnable, avec 215 pages. Le découpage en douze chapitres regroupés en 3 parties aide à bien rythmer la lecture. La première partie est introductive, comme on peut s’y attendre. Il faut compter 40 pages et 2 chapitres pour celle-ci. Le premier d’entre-eux évoque les 8 erreurs conduisant à l’échec des transformations. Ces 8 erreurs, bien illustrées font directement écho aux 8 étapes du changement. Peut-être de manière trop flagrante. La véritable introduction est le chapitre suivant qui présente réellement les 8 étapes et justifie la nécessité de les suivre dans l’ordre prescrit.
Place à la seconde partie, le plat de résistance avec 8 chapitres sur plus de 140 pages. On s’en doutera, les 8 chapitres correspondent aux 8 étapes du changement du framework. C’est donc sans surprise que le chapitre 3 s’intitule « instaurer un sentiment d’urgence ». L’ennemi du sentiment d’urgence, c’est l’autosatisfaction, son allié : les crises ! L’auteur structure ce volet autour de 9 thèmes pour renforcer le sentiment d’urgence. L’ensemble est clair, concret et directement utilisable ! Au chapitre 4, c’est la formation de la coalition qui est au menu. Elle doit combiner management et leadership, avoir le bon niveau d’autorité et surtout être alignée sur un but commun.
Le chapitre 5 sur la création de la vision et de la stratégie nous apprend peu de choses. C’est un sujet assez récurrent et convergent pour qu’il y ait ici peu de surprise ou d’originalité. Toutefois, tout comme dans le reste du texte le propos est limpide et efficace. Moins galvaudé et pourtant fort utile, le chapitre 6 est là pour nous aider à éviter de rater le « dernier mètre ». J’ai particulièrement le volet « diriger par l’exemple ».
Le titre du chapitre 7 « responsabiliser les salariés » en dit long sur le reliquat de substrat old school sous-jacent au framework de Kotter. Toutefois l’action sous-jacente, celle d’élargir le cercle pour impliquer tout le monde est une étape cruciale, et le chapitre aborde un aspect tout aussi essentiel : les obstacles que peut constituer la structure de l’organisation. Les victoires rapides sont le sujet du chapitre 8. Ils nous rappellent les « petits pas » de l’agilité. Le chapitre appuie le rôle du management, et plus précisément le difficile équilibre management / leadership.
La consolidation des gains qui est abordé au chapitre 9 est peut-être le plus faible, sans être inintéressant. Il rejoint l’idée du chapitre 7 en démultipliant les initiatives sur la largeur de l’organisation. Mais les clés sont moins tangibles que d’habitude. Il est facile d’échouer son programme de changement en ratant l’étape 8 : ancrer les nouvelles pratiques dans la culture d’entreprise. C’est le sujet du chapitre 10. L’auteur met l’accent sur la nécessité de se débarrasser explicitement des anciennes pratiques qui risquent sinon de réapparaitre. Ô combien vrai…
La troisième partie évoque sur 2 chapitres et une trentaine de pages, les conséquences pour le 21ème siècle. Le chapitre 11 est une extrapolation assez juste des organisations d’aujourd’hui : un changement permanent nécessitant des organisations adaptables, une implication de toutes les couches de l’entreprise mobilisées par des managers sachant porter la vision. Le livre se referme sur un chapitre encore un peu plus osé dans l’exercice de la boule de cristal : quel serait le dirigeant du 21ème siècle. Une prospective qui m’a moins embarqué que le chapitre précédent.
Cet ouvrage phare de John Kotter n’est pas seulement un classique, c’est une vraie référence sur la conduite de changement. Elle vous donnera une colonne vertébrale pour votre démarche et vous pourrez l’enrichir d’autres pratiques (car il y a quand même quelques aspects old school). N’était-ce la faiblesse de la traduction, je l’aurais noté 9.
Référence complète : Conduire le changement – John Kotter – Pearson 2015 (V.O. : Leading Change ; Harvard Business Review Press 2012 ; ISBN : 978-1422186435) – ISBN : 978 2 7440 6638 2