Note 7 ; Toujours aussi (et même encore plus) complet avec une certaine austérité, mais un style en progrès.
J’avais trouvé la 1ère édition de ce livre excellente, quoique d’un style un peu rugueux. C’est avec un certain intérêt que je me suis lancé dans la lecture de cette nouvelle édition. Allait-elle montrer une amélioration ? Les habitués de mes notes de lecture savent que pour conserver la même note, un ouvrage doit se montrer un peu meilleur que son édition précédente. Et voilà que j’ai déjà cassé le suspens !
La précédente édition accusait 22 chapitres sur 215 pages, celle-ci prends de l’embonpoint avec 272 pages pour 31 chapitres ! On est donc très loin de la mise à jour cosmétique ! Voyons cela.
La première partie « les concepts de la méthode Kanban » est à peine plus longue que précédemment : 35 pages contre 27, mais on passe de 3 chapitres à 5, seuls les deux derniers étant repris. Le premier chapitre a lui-même changé, « les enjeux de Kanban » nous dresse les grands objectifs de l’approche de manière moins académique qu’avant. Le second chapitre « la méthode Kanban » est une sorte de teaser pour le reste du livre, nous proposant les éléments clés en version hyper-raccourcie. « Définir le flux tiré » est aussi extrait de l’ex-chapitre 1, même s’il ne fait que quelques pages, cet élément clé de Kanban méritait bien son propre chapitre.
La seconde partie change de titre dans cette nouvelle édition. « Concevoir et utiliser le système Kanban » compte 9 chapitre contre 17 précédemment, avec un chapitre 5 devenu chapitre 7 et chapitre 8. La troisième partie de la nouvelle édition « étudier et améliorer le système Kanban » poursuit l’ex-seconde partie à compter du chapitre 12. Il y ajoute un chapitre 19 « diminuer les délais par la résolution de blocages », court mais proposant une gestion pertinente des bloqueurs. Nouveau également, le chapitre 21 « évaluer son système Kanban » semble issu de l’expérience de l’auteur. Il nous propose un radar amputé de questions-clé permettant d’établir un niveau de maturité sur 6 axes. Le chapitre 23 (ex-chapitre 18) a droit à une évolution cosmétique passant de « résultat » à performance, ce qui change peu de choses pour moi. Le dernier chapitre de cette partie se voit alléger par rapport à la version d’avant : la partie consacrée au modèle Cynefin disparait !
La quatrième partie a droit à un épaississement substantiel : elle passe de 2 chapitres à 6, d’une vingtaine de pages à un peu moins de 50. En fait, seul le dernier chapitre est commun, et encore est-il allégé du CAS (Complex Adaptative System) dans cette seconde édition. L’agilité à l’échelle est à la mode et la nouvelle mouture de cet ouvrage n’y échappe pas. Le chapitre 26 « diffuser le kanban » montre comment construire un Kanban de Kanbans. Il évoque aussi, en guise d’introduction pour les chapitres qui suivent, le Kanban pour les ops et pour le PO.
Le Kanban « amont » est divisé en 2 chapitres : le chapitre 26 pour l’aspect métier et le chapitre 27 pour le product owner, tous deux étant relativement succincts. Autant le chapitre 27 fait le boulot en évoquant le juste à temps, les phases de travail et la granularité des items, autant la partie consacrée au « métier » est peu convaincante. Cette dernière m’a semblé très générique et je ne vois guère comment j’aiderai un client avec cela… peut-être de la matière pour une future édition ? Enfin le chapitre 29 s’intéresse aux ops. Là aussi chapitre court, mais beaucoup de bonnes choses avec les activités récurrentes, l’allocation de ressources, etc. Il vaut largement le détour.
Cette nouvelle édition n’a pas seulement pris de l’embonpoint, elle a gagné en qualité sur au moins deux aspects. Tout d’abord le contenu dégage moins une impression académique. Le changement de focus est notable en de nombreux endroits, ne serait-ce qu’en passant d’un nom de partie évoquant le « noyau de la méthode » à « concevoir et utiliser Kanban », et cela se voit au fil de l’ouvrage. Ensuite, avec un style plus « lissé ». Laurent a construit son plan sur une carte heuristique et cela se ressentait beaucoup dans le narratif plutôt haché de la première édition. Ici, les sections s’enchainent mieux et la lecture est notablement plus fluide.
Bref, une nouvelle édition encore améliorée sur le fond mais au moins tout autant sur la forme. Je regrette bien un peu la disparition de la section sur le Cynefin, mais c’est aussi le rôle de l’auteur de faire des choix. Je recommandais déjà l’édition précédente, il en va de même pour celle-ci. Chaudement.
Référence complète : Kanban pour l’IT 2nd édition, une nouvelle méthode pour améliorer les processus de développement – Laurent Morisseau – Dundod 2014 – ISBN : 978 2 10 071038 6