Note de lecture : Le S.I. démystifié, par Yves Caseau

Note 7 ; Une impressionnante maitrise du sujet, mais un texte qui a mal supporté l’épreuve du temps…

Yves Caseau est l’auteur d’un des rares ouvrages valables dans le domaine de l’urbanisation des systèmes d’information. Il était justice de m’intéresser à cet opus qui finalement s’inscrit dans la continuité de ce propos et m’a été chaudement recommandé (merci Aude !). L’objectif de l’ouvrage est plutôt ambitieux, car il veut donner les clés au DSI pour appréhender la gouvernance de son SI. L’objectif est d’autant plus ambitieux que l’ouvrage ne compte guère plus de 200 pages. Mais pourrait-on convaincre un DSI de distraire le temps nécessaire à lire un pavé de 500 pages ? Quoi qu’il en soit, comme on le verra, le challenge est plutôt réussi.

Le texte en lui-même compte environ 210 pages réparties en 3 parties, chacune d’entre-elle comptant 3 chapitres. La première d’entre-elle est consacrée à l’analyse de la valeur du SI, le tout sur une soixantaine de pages. Le premier chapitre adresse la question du coût du SI, une question à laquelle l’auteur consacre 30 pages. Une histoire, qui servira de fil rouge à l’ouvrage ouvre le chapitre. S’il n’est pas indispensable, il rend la lecture plus ludique. Un bon point. L’auteur arrive à bien défricher la question en un espace réduit. Il offre des outils mais surtout une clé d’entrée : mesurer le coût du SI, c’est mesurer la taille du parc applicatif.

Le second chapitre adresse une question épineuse, celle de la valeur métier. L’auteur adosse nettement son propos à celui de Nicolas Carr dans « Does IT Matters ? ». De manière générale, les très nombreuses références bibliographiques sont un second niveau de richesse de l’ouvrage ! Dans ce chapitre, l’auteur explore différentes approches, la plupart adosser à la valeur financière. Ce n’est peut-être pas la meilleure approche, mais le DSI y est souvent challengé… Le chapitre 3 qui clôt cette première partie est consacrée à la mesure de la performance. Ici, c’est le benchmarking qui est mis en avant dans le texte, mais aussi les ratios tels que le très connu OPEX/CAPEX. A noter que pour rationaliser l’opex, l’auteur propose un « calendrier lent et industriel » pour les mises en production. Autant pour l’agilité …

La seconde partie adresse la question du SI dans l’organisation. Nous avons également 3 chapitres ici, pour un total de 70 pages. Le premier chapitre de cette seconde partie va concerner la question du flux d’information. Il est dense, pas très facile d’abord mais incontestablement riche. L’auteur y défend une organisation orientée vers l’échange d’information orienté client. De là au Lean, puis à l’agile il n’y a qu’un pas que l’auteur franchit allègrement. Ce chapitre croule littéralement sous les références bibliographiques !

Au chapitre 5, l’auteur aborde le SI comme acteur de l’efficacité de l’entreprise. Le propos débute par un plaidoyer en faveur de d’avantage de collaboration. Mais il défend aussi une forme de régulation, notamment concernant l’IT comme outil de communication. C’est aux ressources humaines que s’adresse le chapitre 6, car une DSI se doit aussi de piloter sa pyramide des âges (et de diversité au sens large) plutôt que de la subir. Au-delà de ces aspects, ce sont les questions de gestion de carrière, d’évolution et d’apprentissage qui sont évoquées ici. Ces questions vont de pair avec la gestion de la connaissance (djà abordé au chapitre précédent) mais aussi avec les ruptures générationnelles au sein d’une même organisation.

La dernière partie de cet ouvrage est consacré au management du système d’information. C’est la fiabilité du SI qui ouvre la discussion. Ce chapitre aborde cette question tout d’abord sous l’angle du MTBF, qu’il soit matériel ou logiciel. La gestion des incidents n’est qu’évoquée, c’est plutôt le coût de la haute disponibilité qui est développé. Pour le logiciel, si l’on s’attarde sur les tests, c’est plutôt l’équation effort / fiabilité qui retiens l’attention. Le SLA ne manque pas à l’appel, mais surtout sous l’angle d’une dynamique d’amélioration des services.

Le pilotage du budget, objet du chapitre 8, s’inscrit dans la continuité du précédent. Si ce chapitre n’est pas le plus passionnant, il nous amène quand même des notions qu’il est utile de comprendre. Outre les classiques OPEX et CAPEX déjà évoqués précédemment, la notion de scénario de dimensionnement du parc introduit les notions de pilotage stratégique du parc pour le matériel, et de gestion de portefeuille projet pour le logiciel. Ici, ces sujets sous vus au travers du prisme de la dépense et non de la valeur apportée, un sujet traité au début de l’ouvrage et qu’il faudra impérativement croiser pour les prises de décision ! L’ouvrage se referme sur un chapitre 9 consacré à l’ingénierie logicielle. Il évoque beaucoup de questions : grilles de maturité, pratiques de développement, architecture d’entreprise, mais il répond à peu d’entre-elles. Il faut dire qu’il n’y a guère de recette miracle et il n’est pas absurde que l’auteur apporte les éléments et laisse le lecteur répondre aux questions.

Ce livre est un étrange cocktail. En s’inscrivant dans la continuité de son ouvrage précédant « urbanisation et BPM » et en s’adressant au DSI, l’auteur donne une tonalité bien « old school » au texte. Toutefois le propos est loin de s’arrêter aux propos convenus et les éclairages d’Yves Caseau méritent définitivement le détour. N’oublions pas deux aspects que j’ai déjà mentionnés qui boostent l’intérêt du livre : le storytelling commenté qui ouvre chaque chapitre et donne une touche d’agrément non négligeable et les références bibliographiques, aussi solides que nombreuse sur lesquelles l’auteur appuie son propos. Bien qu’il accuse son âge, cela reste une excellente lecture.

Référence complète : Le S.I. démystifié – Yves Caseau – Dunod 2012 – ISB : 978 2 10 057635 7

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