Note de lecture : Coacher une équipe agile, par Véronique Messager

Note : 7 ; Une boite à outil plutôt qu’un cadre de coaching

Faire une note de lecture d’un livre dont j’ai été l’un des relecteurs principaux n’est pas une tâche facile. De plus, j’avoue n’avoir que peu goûté les ouvrages que j’ai pu croiser sur le coaching agile. Peut-être bien est-ce au fond un manqué d’intérêt de ma part sur ce sujet ? Voyons ce qu’il en est.

Tout d’abord l’ouvrage : avec 273 pages découpés en 21 chapitres plus une conclusion il est de taille moyenne. Moi qui apprécie les chapitres de taille raisonnable, je serais plutôt satisfait, toutefois il y a une forte disparité de longueur des différents chapitres, mais rien de bien gênant.

Enfin, il faudra noter le découpage en 5 parties qui reflète une progression dans la démarche de coaching.
La première partie campe le contexte. Il faut compter 3 chapitres sur 40 pages pour cela. Si le premier d’ntre-eux parle d’agilité, ce sont bien les « comportements attendus » figurant en dernière page qui constituent le point dominant du propos. Le second chapitre forme un contrepoint mettant en relief au travers d’exemples fictifs mais inspirés de la réalité, la différence entre ce qui devrait être un acquis et l’observation du terrain. Le contraste est saisissant. L’explication arrive au 3ème chapitre avec, entre autres, l’homéostasie et le poids de nos émotions que l’auteur compare à un GPS interne.

La seconde partie est dédiée à l’initiation du changement. Ce sont 3 chapitres sur 35 pages qui couvrent le sujet. Le cadre de coaching est un sujet peu évoqué par ailleurs. Véronique Messager nous propose d’explorer un outil (le premier d’une longue série) : la grille RPBDC de Vincent Lenhardt. Je suis moins fan du chapitre 5 sur la responsabilisation des acteurs du changement. Le propos manque de substance, même si je me réfère aussi aux étapes de l’apprentissage qui y figure. Cette partie se conclut sur un très court chapitre 6 dont nous pourront retenir « l’effet miroir ». Peut-être aurait-il mérité d’être d’avantage développé ?

La troisième partie est consacrée à la sécurisation de la démarche de transformation. Il s’agit ici de 2 chapitres couvrant 34 pages. S’il ne couvre que 15 pages, le chapitre 7 est à ne pas rater. D’une part car il évoque le cadre de confiance, un des fondamentaux du coaching, et d’autres part parce qu’il aborde la Process Com qui est l’un des outils majeurs de l’auteur. Guère plus long, le chapitre 8 nous propose un ensemble d’outils de coaching qui ont fait leur preuve et sauront vous aider.
Au menu de la quatrième partie, l’équipe et comment la coacher au long de ses différentes phases. Ce sujet accuse un peu plus de 70 pages sur 6 chapitres. Classique, voir vieillissant, mais toujours efficace, le chapitre 9 nous présente les 5 étapes de Tuckman qui serviront de trame au reste du chapitre. Je n’accroche pas trop au radar de maturité, mais il a le mérite d’exister et vous pouvez toujours construire le vôtre.

La création et la structuration sont au menu du chapitre 11. Il fait la part belle à la vision de l’équipe, une trame qui peut être utilisée telle quel. Les rôles et responsabilités me font toujours tiquer car c’est une belle opportunité pour créer des silos au sein même de l’équipe ! Je lui préfère le « give and take matrix ». La phase de confrontations et tensions est le passage délicat de l’équipe. Fort heureusement l’auteur nous propose une palette d’outils étayés d’exemples fictifs. L’ensemble est solide, c’est un bien beau chapitre.

Pour la régulation et la normalisation, sujet du chapitre 12, ce sont des outils d’écoute et de communication qui nous sont proposés. Je trouve l’arsenal moins percutant que celui du chapitre 11 (à l’exception sans doute des canaux de communication), mais ce sont des outils qu’il est bon d’avoir dans sa besace. Le chapitre 13 focalise sur la synergie et la performance. C’est l’occasion d’aborder l’auto-organisation. Je ne m’y retrouve guère dans les outils abordés comme la sociocratie, mais c’est sans doute subjectif. Toutefois, le propos reste intéressant et fait réfléchir. La dissolution, qui clôt cette partie est abordée très succinctement. Les étapes du deuil y figurent mais sans être réellement abordées.

La 5ème partie est consacrée au coaching du Scrum Master. Il s’agit là de 7 chapitre couvrant plus de 80 pages. C’est Patrick, un Scrum Master fictif qui servira d’exemple aux 6 chapitres suivant et qui est présenté au chapitre 15. Le chapitre 16 nous aide à découvrir notre style de leadership en s’appuyant sur le modèle de Blake et Mouton assaisonné d’une pincée de Process Com. De quoi en faire bon usage. On rentre « dans le dur » au chapitre 17, car il s’agit pour le Scrum Master d’aborder son propre changement. Il s’articule sur 3 outils : la pyramide de Dilts pour servir de boussole, la congruence pour cerner son « maintenant » et le contrat d’évolution personnelle pour définir son objectif. L’écoute est un outil majeur, que l’on soit coach ou Scrum Master. L’auteur a raison d’y consacrer un chapitre. Si les 4 types d’écoute méritent un coup de projecteur, ce sont surtout les dialogues avec Patrick qui font l’intérêt de ce chapitre. Dans le positionnement du Scrum Master par rapport à l’équipe, ce sont surtout les 7 niveaux de délégation repris de Jurgen Apello qui sont mis en lumière. Un bon outil.

Pour développer le leadership, sujet du chapitre 20, Véronique Messager nous propose plusieurs outils. De ceux présentés, mes préférés sont la confiance et la motivation. Mais c’est le code SACRE qui est surtout développé ici et qui m’inspire moins. Enfin, l’animation des cérémonies fait bien partie des missions attendues du Scrum Master. L’auteur nous propose le code OPALE agrémenté de quelques techniques d’animation. Cela ne fait pas du livre un traité d’animation, mais de quoi bien remplir sa besace.

L’ouvrage tente un exercice difficile : couvrir le spectre de sujets qui fait le quotidien du Scrum Master. La panoplie d’outil est impressionnante et l’ouvrage bien structuré pour les ranger. Il s’agit plus d’une boite à outil qu’un cadre doté d’une opinion arrêté comme celui de David Marquet ou comme le Host Leadership. Je viendrais plutôt y piocher les outils et pratiques qui peuvent se montrer utiles chemin faisant. Sans le sortir de ma bibliothèque quotidiennement, je m’y réfère plus souvent que je ne m’y serais attendu.

Référence complète : Coacher une équipe agile, guide à l’usage des Scrum Masters, managers … et de leurs équipes – Véronique Messager – Eyrolles 2012 – ISBN: 978-2-212-13414-8

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