Note : 4 ; Le e-business pour les décisionnaires.
L’e-business, avant l’éclatement de la première bulle internet était le domaine de joyeux apprentis sorciers et d’entreprises conventionnelles qui tentaient d’adapter quelque chose qu’ils ne comprenaient guère dans le schéma de pensée de l’entreprise traditionnelle. L’un et l’autre ont gravement mangé la poussière, seul les très rares purs players tels qu’Amazon en sont sortis grandis.
Cet ouvrage s’intéresse à la seconde catégorie (l’entreprise traditionnelle). Ce texte particulièrement verbeux, car il compte environ 360 pages, vise particulièrement les exécutives ou plus probablement les consultants qui leur servent de cour. La technologie n’est donc pas le point focal de l’ouvrage. 12 chapitres seront nécessaires pour couvrir le sujet.
Les 25 pages du premier chapitre nous invitent la transition du e-commerce vers le e-business. Le e-business redessine les contours du business traditionnel, en redéfinissant la notion de valeur, en intégrant tous les processus de l’entreprise à la livraison de valeur et en faisant de la technologie un acteur de premier plan de cette transformation. Le second chapitre, qui compte également 25 pages s’attaque aux tendances, qu’elles soient client, processus, organisationnelles ou technologiques. Les mots importants sont intégration et flexibilité. Au niveau technologique, on voit poindre les poids lourds tels que SAP ou BAAN et la star du moment : l’EAI. Avouons tout de même que les auteurs entourent le miracle de l’ERP de précautions bien senties.
C’est de la conception de l’e-business dont il est question au chapitre 3. Et oui, celui-ci compte aussi 25 pages. L’auteur nous y propose une démarche basée sur 3 points essentiels : retourner la chaine de valeur en partant du client (une sorte d’approche Lean, donc), rétrécir le focus du business pour mieux adresser le segment de clientèle et enfin viser l’excellence opérationnelle. Au fond, cela ne concerne pas uniquement l’e-business. Comme dans les autres chapitres, les exemples proposés forment des histoires particulièrement accrocheuses. Au chapitre 4, nous allons nous intéresser à la construction de l’architecture e-business. Ici, un seul mot d’ordre : intégration ! Bien sûr, on y évoque de nouveau l’omniprésent EAI, mais aussi les ERP, CRM et autres SCM. Bref, on ne fait pas dans la légèreté. On retrouve en bonne partie le propos du chapitre 2. Et ce n’est pas mon chapitre préféré.
Avec le chapitre 5 commence une série de chapitres plus ciblés sur des problématiques précises. Ici il s’agit du CRM. J’ai bien aimé ce texte qui couvre de manière très large la problématique, tout en mettant l’accent sur les aspects à améliorer dans le cadre du e-business. Le chapitre 6 poursuit le propos en s’intéressant à la vente. Lui aussi traite en largeur le sujet, avec bien sûr un focus important sur le « self-service ». Le chapitre m’a semblé moins percutant que le précédent, mais je pense que c’est surtout dû à ma sensibilité personnelle.
Il était inévitable d’arriver au chapitre 7 sur le sacro-saint ERP. La trentaine de pages qui lui est consacré chante à tue-tête les louanges de ce que les auteurs qualifient de « colonne vertébrale de l’architecture d’entreprise ». On a même droit à un petit historique de SAP. Bref, ici pas d’ambiguïté : il y a bijection entre architecture d’entreprise et ERP. C’est assez agaçant, mais si comme moi vous goûtez peu ce genre de mastodontes, voilà l’occasion d’en savoir plus. J’ai trouvé les 35 pages du chapitre 8 consacrées au supply chain particulièrement solides. Non seulement les auteurs abordent progressivement le sujet en 3 étapes progressives, mais ils nous proposent une démarche de mise en place dans le cadre du e-business. Seule l’intégration inter-entreprises, pourtant décrite comme « critique » est abordée un peu légèrement à mon goût.
Le e-procurement est au menu du chapitre 9. J’ai eu du mal à m’enthousiasmer pour le sujet. Là aussi c’est affaire de goût, mais je pense ne pas partager le point de vue des auteurs quasi-exclusivement focalisés sur le gain financier. Dans cet ordre d’idées, l’intégration devient aussi une source de rationalisation et d’arrêt de diversification des approvisionnements. Vous avez dit « souplesse » ? Malgré les 30 pages qui lui sont consacré, le chapitre 10 peine à montrer un visage unifié aux systèmes d’aide à la décision. Ils regroupent en vrac le knowledge management, le monitoring de la performance et autres bases décisionnelles de type OLAP. L’aspect brouillon du chapitre ne m’a pas aidé à l’apprécier.
Le chapitre 10 signé la fin du tour d’horizon des systèmes spécialisés. C’est de la planification de mise en œuvre dont il est question au chapitre 11. Enfin, je crois. Le chapitre est à la fois un peu confus et de très haut niveau. La démarche proposée reste difficilement lisible. Le chapitre 12 qui clôt l’ouvrage s’inscrit dans la continuité en nous proposant une « mise en action ». Celle-ci s’appuie sur une stratégie en 4 phases. Malgré la présence de boucles de feedback, on est vraiment très loin d’une approche agile…
Le message global est clair : utilisez des progiciels, intégrez et rationalisez ! Le texte est destiné sans ambiguïté possible aux « exécutives » ou plus probablement aux consultants qui leur en sont proches, comme je l’ai dit au début. Le « memo to the CEO » qui figure en fin de chaque chapitre accentue encore ce focus.
L’ouvrage concerne globalement « l’entreprise intégrée », où le système d’information forme une continuité, faisant de l’entreprise une entreprise apte au e-business. Si en 2020 cette réalité est devenue un standard, celui-ci n’est pas réellement conforme à la description qui est brossée ici. Une seconde édition de cet ouvrage fut publiée un an plus tard, forte de 150 pages supplémentaires. Autant dire que le courage m’a manqué…
Référence complète : e-Business, roadmap for success – Ravi Kalakota & Marcia Robinson – Addison Wesley / IT series 1999 – ISBN: 0-201-60480-9