Note : 4 ; Attention, lecture difficile !
Ce livre est un grand classique, peut-être pas en littérature informatique, mais au moins en histoire des sciences et peut-être en philosophie des sciences. Je m’y suis intéressé car il a été évoqué par Craig Larman lors d’une de ses conférences.
Le texte de Kuhn s’articule autour d’une idée forte et novatrice en ce qui concerne l’évolution des sciences les avancées dues aux grandes découvertes sont en fait des changements de paradigmes « non cumulatifs » par rapport aux périodes dites « normales » précédentes. Lors de ces périodes « normales », une communauté de scientifiques se reconnaissant autour d’un paradigme emploie celui-ci pour résoudre des énigmes proposées par la nature en améliorant les lois s’appuyant sur ce paradigme. La sciences « extraordinaire » est précédée de crises où le paradigme précédent s’avère impuissant à résoudre de nouvelles énigmes et où le nouveau paradigme propose des solutions plus simples tout en adressant les problèmes déjà résolus.
Dans les premiers chapitres, l’auteur s’efforce de définir la notion de science de normale et de revisiter la notion de paradigme. Ce dernier définit aussi le groupe et les protocoles qui entoure celui-ci : règles admises non-écrites et processus d’adoption des membres.
La crise précède toujours la révolution scientifique. Elle met lumière les doutes et dissensions au sein du groupe et surtout l’incapacité à résoudre les énigmes qui se posent à la communauté. Kuhn décrit les révolutions comme un changement de paradigme où les notions manipulées n’ont plus les mêmes définitions, rendant d’une part difficile sinon impossible leur comparaison et d’autres part rendant ardu l’adoption de ce nouveau paradigme par les anciens membres du précédant paradigme, nécessitant en cela « une génération de remplacement ».
Non seulement la comparaison entre paradigmes n’est pas possible, mais il apparait qu’a son émergence, il ne résout pas mieux les énigmes actuelles, mais ses promesses paraissent meilleures. Là où Kuhn est disruptif par rapport aux autres analystes, c’est dans la nature « non cumulative » de ces révolutions et dans le déni d’une progression vers un modèle plus proche de la nature. Il se sert ainsi de la comparaison entre le modèle Newtonien et le modèle Einsteinien, en décrivant se dernier comme plus proche du modèle Ptoléméens que du Newtonien !
Malgré qu’il s’appuie sur des exemples : les révolutions Coperniciennes, Newtoniennes, des apports de Einstein, Dalton ou Lavoisier, le texte reste terriblement difficile à aborder. Non seulement les formulations de l’auteur sont difficiles à suivre, mais le propos le classe plus dans la philosophie des sciences que dans l’histoire, ce qui était je pense le propos initial.
Référence complète : La structure des revolutions scientifiques – Thomas S. Kuhn – Flammarion 2008 (V.O. : The Structure of Scientific Revolutions 2nd edt. ; University of Chicago press 1970 ; ISBN: 978-0226458045) – ISBN : 978 2 0812 1485 9