Note de lecture : Scrum Shortcuts, par Ilan Goldstein

Note : 5 ; Succinct, parfois léger, mais souvent pertinent.

Apporter des réponses directes, tel est le but de ce petit opuscule. Il ressemble donc plus à un livre de recettes qu’à un « guide complet », pour autant qu’une telle chose puisse exister… Ce ne sont d’ailleurs pas des recettes, mais des antipatterns, ou des raccourcis comme l’auteur les appelle. Des raccourcis que je dois avouer souvent rencontrer (peut-être pas tous, mais beaucoup) et pour lesquels l’auteur nous propose des antidotes.

En lui-même, le livre est assez court, avec 162 pages, structurées en 10 chapitres, le tout compilant 30 des raccourcis susmentionnés. Le premier chapitre « Scrum Startup » couvre 3 raccourcis en une quinzaine de pages. Si le premier shortcut n’en est pas vraiment un mais une courte introduction plutôt bien faite, je jette mon dévolu sur le raccourcis n° 2 « fragile agile » reprenant quelques antipatterns d’interprétation erronées de Scrum. Bien vu !

Le second chapitre « attitude and abilities » couvre aussi 15 pages et intègre également 3 raccourcis. Je vais mettre fin maintenant à cet insoutenable suspens : ça continue comme ça jusqu’à la fin ! Le « masterful Scrum Master » relève correctement la posture du Scrum Master, mais l’auteur aurait aussi pu relever les antipatterns du Scrum Master chef de projet et du SM courroie de transmission du management ! Le raccourcis star est sans doute le « Rock Star or Studio Musician » qui pointe ce que doit être la dynamique d’une équipe Scrum. Sur le raccourcis dédié au linup, j’avoue ne pas être fan du T-shape développeur que je trouve une vue réductrice des compétences des membres d’une équipe.

Le chapitre 3, « planning and protecting » n’est probablement pas mon préféré. Non qu’il soit médiocre, mais je n’en ai pas trouvé la substance très utile. Dans mes « take away », figure toutefois les fameux impédiments, à la fois pour leur catégorisation exhaustive (une rareté) et un petit framework de gestion que propose l’auteur : le CONTROL (c’est un acronyme, bien sûr).

Le chapitre 4 « requirements refinements » manque un peu de force de mon point de vue. Tout d’abord en collant trop à la formulation de Mike Cohn et en se focalisant sur le découpage en tâche plus que sur le redécoupage des stories (bien que le point de vue du découpage en tâches soit pertinent). Déception aussi sur le volet des US techniques. Mais bon point sur la définition de terminée abordé avec sérieux et pertinence.

Le chapitre 5 « establishing estimates » est clairement orienté estimations (et non « no estimates ») et plus précisément vers le planning poker. L’auteur en fait un peu trop en en faisant un processus à part entière, en oubliant de mettre en garde contre les grosses stories. Bref, si on veut rentrer là-dedans, autant attaquer Agile Estimating and Planning de Mike Cohn.

Le chapitre 6 « questioning quality » relève avec beaucoup d’acuité 3 points importants qui sont autant de shortcuts. Tout d’abord sur la posture par rapport aux bugs et surtout sur la question de l’intégration des testeurs dans une équipe agile et sur le savoir-faire qu’ils peuvent apporter, spécialement sur la dimension exploratoire. Le volet automatisation / intégration continue n’est pas oublié bien qu’il n’y ait ici rien de nouveau sous le soleil…

Le chapitre 7 « monitoring and metrics » nous rappelle que l’auteur est resté coincé sur la question des estimations. C’est donc logiquement qu’il nous présente des métriques d’intérêt secondaire : vélocité de sprint, burndown de produit (donc avec une vision périmètre) et burndown de sprint. Rien sur le focus factor ou sur la mesure d’impact du produit. Le dernier raccourcis du chapitre sauve la mise : le stand-up et surtout la petite touche sur le GIFTS de Jason Yip en font un point tout à fait décemment traité.

« Rétros, reviews and risks » sont les sujets abordés au chapitre 8. Le premier raccourcis est consacré à la revue de sprint. Il s’agit plutôt d’un processus de revue, complet et bien pensé mais assez peu créatif. Le raccourcis n° 2 n’en est pas vraiment un, mais plutôt l’occasion pour l’auteur d’exposer quelques idées personnelles sur les rétrospectives. La plus originale est probablement la « bubble », bien que son efficacité me laisse circonspect.

Le chapitre 9 est consacré aux managers. Je m’accorde avec l’auteur sur l’importance de porter attention à leur implication et à leur posture, mais je suis en désaccord sur la façon dont il aborde ce point. La préconisation ici est plutôt de voir cela comme un mal nécessaire et de trouver un moyen de composer avec alors qu’il est préférable d’impulser un changement de posture de ces managers pour qu’ils deviennent des atouts.

Le dernier chapitre est dédié à l’évaluation agile. On y trouve quelques idées intéressantes, mais là encore, cela reste classique. Ce n’est pas le framework de mes rêves pour un audit agile, par exemple.

Voilà un livre honorable. Je ne recommanderai pas de vous jeter sur cet achat, mais si vous l’avez entre les mains, le lire ne peut pas faire de mal…
framework !

Scrum Shortcuts

Référence complète : Scrum Shortcuts without cutting corners, agile tactics, tools & tips – Ilan Goldstein – Addison Wesley / signature series 2013 – ISBN : 978 0 321 82236 9

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.