Note : 8 ; Où l’on parle (enfin) de biais cognitifs !
J’ai eu un peu de mal à classer ce texte. De par la nature du texte, il devrait plutôt se classer dans la gestion de projet, la gestion de projet agile pour être plus précis. D’un autre côté, la nature même du sujet me donnait envie de le classer dans l’expression de besoin : à mon avis la détection des biais cognitifs doit nécessairement faire partie de la boite à outil du Product Owner. Finalement j’ai opté pour le premier choix.
L’une des grandes qualités de ce mini-livre est sa brièveté : 82 pages (plus quelques annexes) sous un format des plus réduit. Il s’agit donc d’une lecture que l’on peut avaler en quelques jours, voir une seule journée ! Ce sont une douzaine de biais cognitifs parmi les plus fréquents qui sont évoqués ici, remis dans un contexte de projet informatique. Cela en fait un livre unique, car si le sujet est traité de manière plus extensive dans d’autres ouvrages qui font autorité et auxquels l’auteur se réfère, celui-ci est le seul à évoquer le propos dans le domaine qui nous concerne.
Le texte ne se veut pas un traitement en profondeur du sujet, mais plutôt une amorce de réflexion et de discussion autour de ces biais cognitifs. La prose est en effet découpée en 16 chapitres, qui ne comptent donc que quelques pages chacun.
Le premier chapitre traite du biais d’ancrage (parfois nommé « vaches sacrées ») : ce que nous considérons comme « juste » ou « vrai » est influencé par nos expériences passées. C’est un des biais qui nous amène à faire des projections dans le futur que nous considérons comme certaines !
Après les 4 pages du premier chapitre, le second traite des biais de distinction en autant de pages. Il a trait au jugement en mettant en évidence le rôle de la référence (framing effect, qui est l’objet du chapitre 5). Le chapitre suivant (le Semmelweis effect) fait écho à celui-ci en évoquant le rôle des « croyances profondes ».
Le biais d’optimisme (qui s’approche du biais d’égocentrisme) couvre les 3 pages du chapitre 4. Il ne s’agit pas de faire preuve de pessimisme en toute circonstance, mais d’éviter l’optimisme injustifié. Fait écho à ce biais le « fundamental attribution errors » : quand les choses ne tournent pas comme nous voulons, nous identifions le problème à une personne, comme évoqué dans les 5 pages du chapitre 6.
L’effet de « faux agrément » traité sur les 4 pages du chapitre 8 mérite que l’on s’y attarde (ou que l’on creuse le sujet) : c’est un biais qui est source de nombreuses mauvaises direction prises par des analystes… Le biais d’attente conduit aux planifications erronées, c’est le sujet du chapitre 9.
Les chapitres étant tous très courts, je ne vais pas les passer tous en revue, je voulais simplement en donner un avant-goût. Mais vous avez peut-être entendu parler de la « loi d’Hofstadter » ? Un chapitre lui est également consacré.
L’auteur illustre avec brio les différents biais (ancrage, distinction, optimisme, etc…) avec de petits exemples issus de son expérience personnelle. Ils servent à mettre en lumière les problèmes de ces biais que nous vivons au quotidien sans les identifier comme de réels problèmes.
Bref, un petit livre vite lu dont chaque page est utile. Il laisse juste l’impression d’être l’apéritif de lectures plus approfondies…
Référence complète : Why Plans Fail – Jim Benson – Modus Cooperandi 2014 – ISBN : 978 0989 081221