Note : 6 ; Bien écrit et pertinent, mais aussi sans beaucoup de surprises.
Cet ouvrage est le grand frère du « Scrum, a Breathtakingly Brief and Agile Introduction », ou plutôt est-ce l’inverse ! Cela reste un ouvrage descriptif sur Scrum. Au moins celui-ci est-il vivant et bien écrit.
La première partie (introduction à l’agilité) est précédée d’un petit storytelling « a week in the life of a Scrum Team ». Il me rappelle le « Scrum in action » de Jeff Sutherland. Mais ici il n’a qu’un objectif de mise en jambe et c’est plutôt original et réussi. Le premier chapitre de cette seconde partie a trait (tarte à la crème des temps modernes) à la comparaison entre cycle en cascade et agile. On échappe toutefois aux lieux communs et le propos est même éclairé !
Le second chapitre (3ème en fait) introduit l’agilité (classiquement aussi) par l’écriture du manifeste agile. Là encore bien écrit et documenté il constitue une bien sympathique synthèse historique. Il n’est guère surprenant de voir un chapitre dédié aux principes et valeurs agiles lui succéder. Le propos sur les valeurs agiles n’est guère original, mais les 12 principes sont plus rarement évoqués. Ils intéresseront les nouveaux venus à l’agilité.
L’agilité est-elle rentable ? C’est ce qu’explore ce 5ème chapitre en comparant le déroulement en parallèle d’un projet en agile d’un côté et en cascade de l’autre. Cette histoire montre la valeur de l’approche agile d’un point de vue financier. Cela dit, ce chapitre aborde ce cas de figure de manière un peu simpliste.
Après les généralités, place à Scrum ! Le chapitre 6, le premier de la seconde partie l’introduit sous l’angle historique. Tout comme pour l’historique de l’agilité, les auteurs savent le rendre intéressant et lui donné un tour personnel. Après l’apéritif, le plat de résistance, du moins le premier. On commence par le descriptif des rôles Scrum dans ce chapitre 7. Il est clair et succinct. On retrouve la verve du « breathtakingly brief and agile introduction ».
Le chapitre 8 est plutôt costaud : il couvre tout le sprint, y compris le planning meeting, les techniques d’estimations, le stand-up, le « story time » (c’est la petite originalité du livre) et bien entendu démo et rétrospective. Comme si ce n’était pas assez on y ajute des sujets spéciaux comme les sprints interrompus. Le chapitre 9 est plus ciblé car il couvre les artéfacts, même si c’est assez large (donc y compris les burn down/up charts) et le définition de terminé. Tout cela se laisse lire très bien.
Le chapitre 10 est consacré aux user stories et il est court. C’est bien dommage, car on sent bien que les auteurs avaient la capacité à développer un propos de bon niveau ! Le chapitre suivant est consacré aux estimations. J’y trouve l’intérêt d’une méthode décrite nulle part ailleurs : le Team Estimation Game ! Bien sûr le Planning Poker est aussi évoqué, comment l’éviter ? Mais on sent le manque de conviction…
La troisième partie est consacrée aux « pratiques support ». Vous savez, c’est là que l’on trouve tout ce qui va un peu plus loin que le Scrum standard ! Ca commence avec le release planning au chapitre 12. On y évoque les stratégies basées sur les dates ou sur le périmètre. Le propos ne porte guère. Je ne suis déjà pas tellement convaincu par l’exercice, mais il me semble un peu léger ici. Quitte à choisir, j’irais vers « Essential Scrum » pour cela. Les persona évoquées au chapitre 13 sont une bien sympathique introduction, elle me donne envie de lire l’ouvrage d’Alan Cooper. Le Story Mapping est aussi une technique qui se développe bien : dommage de ne lui consacré que 2 pages, mieux vaut aller lire l’article de Jeff Patton. Idem pour le paper prototyping, le seul intérêt de cette paire de pages est de nous renvoyer vers la prose de Carolyn Snyder (et son livre « Paper Prototyping »).
J’aime bien le chapitre « project micro-charter » : il adresse une petite synthèse des techniques liées à cet exercice. A voir surtout : le project trade-off. Enfin les 3 derniers chapitres marchent main dans la main car ils abordent des pratiques d’ingénierie issus d’XP : Refactoring, TDD et pair-programming. Là encore des introductions un peu légères.
L’intérêt de ce livre est pour moi double : c’est un bon livre d’initiation, volontairement peu profond, à Scrum. Il est plus étoffé que le Scrum en 5 minutes ou le condensé extrait de ce texte-ci. Il couvre aussi des techniques complémentaires quoique essentielles. Le second intérêt est qu’il est fort bien écrit et même souvent drôle. Il se lira vite. Il offrira un intérêt réel pour le manager ou le développeur faisant un virage vers l’agilité mais n’apportera pas grand chose au vieux routier.
Référence complète : The Elements of Scrum – Chris Sims & Hillary Louise Johnson – Dymaxicon 2011 – ASIN : B004O0U74Q (Kindle edt.)