Au départ…
Les agilistes ne sont guère friands de normes et autres standards. Généralement, nous nous contentons de les ignorer. Néanmoins ils sont souvent utiles.
C’est en proclamant l’utilité des standards, de la plupart des standards que James Christie commence sa présentation lors de la conférence CAST 2014, celle par laquelle tout a commencé. Car c’est contre les standard de test que s’élève le présentateur. Son propos rappelle celui de Dominique Dupagne dans La revanche du rameur qui clame que standardiser les processus n’assure en aucun cas la qualité du produit, qu’en fait il s’agit même d’une bonne occasion pour s’en désintéresser !
La question de considérer l’activité de test comme un « commodité » tend à donner une dimension directement économique à ce travail, ce que l’orateur juge trop simpliste (il a lui-même un diplôme en économie). De manière générale, il est d’ailleurs toujours possible de trouver une théorie économique correspondant à ce que l’on cherche à prouver ! James Christie nous ramène lui à Adam Smith, le père du capitalisme et ses 3 facteurs économiques : le travail, le capital, la propriété.
En alignant les processus de tests, les organismes de normalisation servent les cabinets de conseils qui pourront ainsi vendre du conseil sur ces processus normalisés. Les éditeurs devront eux dépenser de l’argent pour se conformer aux normes. Finalement, le consommateur y perdra aussi, car le focus des éditeurs se déplacera de la qualité du produit vers le respect des normes de processus !
La standardisation de l’activité de test nous amènerai vers une « licence » de testeur qui ne serait en aucun cas gage d’efficacité, ce que l’orateur trouve effrayant ! Imaginez un chirurgien : elles-vous jugez de sa qualité du fait du suivi d’un standard ou du nombre de personnes qu’il tue ? Le focus de ces standard est la documentation plutôt que le test réel !
Un autre point soulevé par James Christie est celui de l’asymétrie de la connaissance : plutôt que de communiquer la connaissance à celui qui en a besoin, le standard masque celle-ci par un écran de fumée. Il se réfère aussi aux pratiques d’audit : celles-ci disent qu’il n’y a pas 2 contextes IT semblables, ce qui rend caduque toute idée de checklist générique (institute of internal auditors). Les standards promeuvent plutôt une idée de « sauver ses fesses » en suivant celui-ci à la lettre afin d’être irréprochables !
Finalement l’orateur exhorte le publique à garder ouvert ce début contre l’ISO 29119, car l’absence de consensus seulement permettra de le remettre en cause.
Au fait, c’est quoi l’ISO29119 ?
Tout d’abord, la parole à l’avocat de la défense, Stuart Reid, avec cette introduction à l’ISO 29119
L’ISO 29119 se veut un consensus sur la manière de procéder des tests, c’est une démarche normalisée comprenant définition des processus et de la documentation. Elle est déjà mise en oeuvre par certains cabinets de conseil.
La résistance s’organise
Tout d’abord avec un manifeste, initié lors de cette même conférence CAST 2014 !

Une pétition fait suite à cet acte de foi. Difficile toutefois de s’opposer au corporatisme, mais cette communauté a choisi aujourd’hui de ne pas se laisser faire !
Je voulais saluer ce mouvement, bien que n’étant pas testeur, non seulement pour leur courage de défendre leurs idées, mais surtout parce qu’ils ont raison !
Autres ressources
- Article de Neil Studd sur la génèse du mouvement.
- James Bach ou ce qui pose problème avec l’ISO 29119.
- Michael Bolton fustige les « rentiers du tests ».
- Josh Meier et les effets perverts de la standardisation.
- Hello Test World s’interroge sur la pertinence du standard.
- Un fil de discussion LinkedIn propose quelques reflexions.
- Pourquoi signer la pétition ?
- Le « ministère du test » propose d’autres liens vers des blogs privés.
- Le hashtag Twitter à suivre : #stop29119