Damné RER C !
Je prévois mon trajet, je prends une avance raisonnable, et ce foutu train n’arrive qu’après m’avoir fait attendre 30 minutes. Damnation !
Cette rencontre avec Manfred Mack est un déjeuné-rencontre comme Christine Koehler en organise régulièrement. La dernière était en Février, une rencontre avec Christopher Schoch.
Cette rencontre-là avait pour but de mettre en lumière de possibles modèles d’entreprise du XXIème siècle et d’en discuter entre nous. C’est en fait l’objet de son livre, Pleine Valeur paru il y a une dizaine d’année.
On parle ici de co-création de valeur, ou comment se rendre mutuellement meilleurs !
Plus précisément, Manfred Mack évoque l’approche développée par Spi-Batignolles dans l’offre Concertance dont l’origine remonte à la réponse à un appel d’offre pour la construction d’une soufflerie pour un consortium regroupant Renault et Peugeot. Non seulement Spi-Batignolles a pu répondre avec un tarif plus bas, mais le coût final s’est même avéré encore moins élevé, sans pour autant hypothèquer la satisfaction du client !
Pour se faire, Concertance s’appuie sur 3 axes :
- La recherche d’optimisations en amont
- Un fonctionnement en équipe projet conjointe fournisseur-client
- La transparence
Les deux derniers points sont réellement à l’encontre de le la culture BTP, comme nous le confirme Manfred !
Le principe est d’avoir toujours : Coût < Prix < Valeur perçue
L’approche managériale est adaptée en conséquence : on demande ainsi aux managers d’être toujours capables de montrer comment et en quoi les plans qu’ils proposent contribuent à la création de valeur.
Les points abordés par Manfred Mack me rapellent beaucoup les principes du Lean tels qu’ils sont mis en oeuvre chez Toyota.
D’ailleurs Spi-Batignolles a fini par élargir cette approche à l’entreprise elle-même : si l’on considère les clients comme des partenaires, pourquoi n’en serait-il pas de même avec les collaborateurs ? C’est ainsi que l’entreprise a mis en place son projet “zéro accident” avec réussite, semble-t-il. Mais au-delà de cet exemple, il est frappant de constater l’influence de ce nouveau mode de pensée sur l’ensemble de l’entreprise.
Comme le dit Manfred Mack : on obtient au final une meilleure performance en abandonnant le focus purement financier pour la création d’une “sur-valeur”.
Le dernier point concerne les conditions initiales nécessaires : Une direction en recherche “d’autre chose” donc un PDG visionnaire.
Le monde du BTP est bien le dernier où j’aurais pensé voir ce type d’approche. Manfred Mack semble en tout cas être extrêmement enthousiaste sur ce qui a été accompli avec Concertance. Il endosse depuis un moment déjà un rôle d’évangéliste dans le monde professionnel comme celui de le formation des futurs diplômés.
Christine Koehler nous a proposé ensuite de discuter par petits groupes de 4, sur 3 questions gravitant autour de cette approche.
Dans mon groupe, la majorité des participants étaient intéressés par les questions d’intelligence collective et de co-développement. L’idée de “penser autrement” les relations entre client et fournisseur semblait en tout cas une pensée partagée.
Notre second tour de discussion a tourné autour des points importants de cette approche. Plusieurs éléments en vrac:
- L’importance d’un objectif commun entre client et fournisseur.
- La nécessité d’établir une confiance.
- Effacer la notion de rôle telle qu’on l’entends généralement, qui implique un retranchement derrière un périmètre et des responsabilités non partagées.
- La nécessité de travailler sur ses peurs et les peurs des collaborateurs. Et au contraire valoriser les personnes et les parties prenantes.
- L’importance de l’expérimentation.
La 3ème question était plus personnelle : en quoi cette démarche nous concerne plus personnellement ?
Chaque membre du groupe appréhende nécessairement ce point avec sa propre sensibilité, selon ce qui le touche le plus. Ainsi nous avons soulevés des points tels que :
- La déonthologie par rapport aux clients : travailler pour résoudre les vrais problèmes. Ce ne sont pas nécessairement ceux pour lesquels les clients nous ont appelés.
- Contribuer au plaisir dans le travail : Accomplir une mission non pas parce que l’on fait un travail que l’on nous a demandé, mais parce qu’on fait quelque chose d’utile, qui aidera réellement ce client en adressant son problème de départ.
- Gagner en légèreté : Rendre le travail plus agréable et plus efficace.
- Pouvoir faire plus demain que ce que l’on fait aujourd’hui.
Je vois un fil directeur à travers ces points : notre besoin semble de nous sentir en harmonie avec notre travail, d’assouvir un véritable besoin sinon physiologique, du moins intellectuel.
Pour finir Manfred nous suggère de réfléchir à cette question fondamentale qui guide cette démarche : Qu’est-ce que la valeur ? Pas seulement la valeur financière !
Cette question et d’autres points soulevés par Manfred Mack figurent dans le support que Christine a eu la gentillesse de mettre à disposition.