Note : 4 ; Une vision d’un autre temps….
Je sais ce que vous allez me dire : « quel intérêt en 2012 de faire une note de lecture sur un vieux clou âgé de 18 ans et de toute façon obsolète ? ». L’histoire, mes amis, ceci est l’histoire. Cet ouvrage de 500 pages évoquant une méthode désormais délaissée fait partie de l’histoire des méthodes objet.
SSADM est une approche que l’on pourrait qualifier de « hautement structurée », voir même Tayloriste ! Elle s’appuie sur 3 schémas directeurs :
- L’Internal Design : qui définit le schéma physique de la base de données, ainsi que les PDIs (process data interfaces).
- L’External Design : Il comprend les définitions de format de données en I/O et les interfaces et dialogues utilisateurs
- Le Conceptual Design : Définit les règles métier, le modèle comportemental de l’application et le modèle logique des données.
Les parties 2 à 5 de ce livre viennent étayer cette vision quelque peu complexe de la modélisation des systèmes d’information.
- La seconde partie du texte « Le besoin d’avoir plus que la modélisation de données » nous présente les concepts classiques de la modélisation orientée objet, bien qu’avec des qualités pédagogiques assez moyennes, pour nous emmener vers la modélisation dynamique, plutôt pauvre d’ailleurs avec SSADM. Bref, ce n’est pas encore ici que l’on va crier au génie.
- La troisième partie modestement appelée « Le besoin d’avoir plus que la modélisation OO » couvre les concepts classiques de la modélisation OO (encapsulation, héritage, etc..) pour terminer avec les besoins liés aux « grands » systèmes d’information. Chapitre peu convaincant au demeurant. Au suivant, donc.
- La quatrième partie est consacrée au modèle conceptuel (c’est aussi la plus importante du livre). On y détaille donc finalement la notation SSADM dédiée à cet aspect. On y aborde la réutilisation (quelle blague !) et certains patterns liés à l’entity data modeling qui constitue des règles d’usage de SSADM, même si leur bien-fondé reste en partie assez mystérieux pour moi. L’event modeling qui y est abordé offre certaines perspectives mais me parait aussi assez difficile d’emploi en l’état.
- La cinquième partie est dédiée à l’external design. Assez curieusement, c’est ici que je trouve le plus d’éléments intéressants, liés à l’utilisation de techniques « RAD » ou d’event-driven interfaces, bien que les notations soient parfois ardues.
- La sixième partie est quand à elle consacrée aux autres discussions comme les besoins concernant les ateliers de modélisation ou la réutilisation (encore ?) à l’échelle de l’entreprise.
On ne peut reprocher à cet ouvrage le traitement de SSADM, ce qui lui vaut sa note. C’est à SSADM lui-même que l’on peut reprocher des choses : cette vision du développement logiciel appartient à une autre époque, pour autant que cela ait été applicable à une époque donnée ? Ce découpage en tâche avec un formalisme si peu adapté à l’esprit humain ne semble guère convenir. Toutes ces méthodes datant de la fin des années 80 nous packageaient ensemble notation et approche structurée. Qui plus est, ici, cette approche ne s’adapte qu’à des cas identifiés d’architectures logicielles.
Bref, dans le genre, je préfère Bertrand Meyer.
Référence complète : Object-Oriented SSADM – Keith Robinson & Graham Berrisford – Prentice Hall 1994 – ISBN : 0-13-3094444-8