Note : 7 ; L’une des meilleures références pour comprendre le Kanban, pour les praticiens de Scrum
La lecture de ce bref ouvrage avait deux objectifs pour moi : étrenner mon Kindle DX (mais je n’en parlerais pas ici) et rédiger une note de lecture sur la version française pour le French SUG.
Ouvrir un nouveau texte signé Henrik Kniberg était forcément pour moi un moment fort attendu, tellement le livre précédent était excellent. Mon premier réflexe est de voir la taille du livre : 128 pages d’une couverture à l’autre pour la version française, contre 122 pour la version originale. Ça va. Cette fois, Henrik s’est associé à Mathias Skarin, également consultant chez Crisp. La table des matières montre une répartition remarquablement symétrique : 50 pages nous viennent d’Henrik Kniberg et traitent de la comparaison de Kanban et de Scrum sur 16 chapitres. La seconde partie, rédigée par Mathias Skarin, est une étude de cas. Elle couvre également 50 pages sur 16 chapitres. On aura bien sûr compris que ces chapitres sont très courts, chacun couvrant 3 pages en moyenne !
Kanban et Scrum, s’ils peuvent être complémentaires, se distinguent fortement l’un de l’autre. Scrum se focalise sur l’itération, lui donnant un périmètre au départ et s’organisant de façon à ce que celle-ci aboutisse positivement en suivant l’avancement des tâches et en acquièrant du fedback à la fois au cours de l’itération et à sa fin. Kanban en revanche ignore pratiquement le concept d’itération, et se focalise sur le flux des tâches, sur les limites d’accumulation de celles-ci aux différents stades d’avancement et en organisant le travail des différents membres de l’équipe en fonction des goulots d’étranglements pouvant apparaître.
Dans la première partie du livre, Henrik Kniberg compare pied à pied les deux approches sur différents aspects : définition des rôles, durée de l’itération, définition des tâches à finir, gestion du changement, constitution des équipes. On termine cette partie en visualisant ce qui, au contraire, rapproche Scrum et Kanban : le respect des principes de l’agilité et la gestion multi-produits, par exemple. Au final les deux approches ne paraissent pas si différentes que cela, sinon complémentaires. Cette partie permet de bien appréhender Kanban en s’appuyant sur ce que nous connaissons (qui est Scrum, je le rappelle). Le tout abondamment illustré et fort d’un texte vivant au style très efficace. Si vous avez lu l’ouvrage précédant d’Henrik, vous voyez ce que je veux dire. Si vous ne l’avez pas fait, lâchez ce que vous faites et précipitez-vous sur Scrum from the Trenches (qui existe aussi en français) ! Comment, vous êtes encore là ?
La seconde partie est la description d’une véritable mission de gestion de changement utilisant Kanban. On prend l’histoire au début, avec le tableau d’une situation peu réjouissante, mais qui ressemble à nombre de situations que j’ai moi-même rencontré (ah ! si j’avais connu Kanban…). L’histoire se poursuit avec la mise en place de Kanban au sein d’une équipe d’exploitation, l’impact de ce processus dans la coopération avec les autres équipes (managers, développement), l’ajustement des limites, des estimations. Pour finir, Mathias Skarin expose la situation finale, ce qui a changé dans le fonctionnement de l’équipe d’exploitation, dans le processus global et dans les relations entre équipes.
De la compréhension à la pratique, voilà un livre qu’il serait dommage de rater. Surtout que plus encore que « Scrum from the Trenches » il est très, très court. En fait, on peut le lire dans la journée sans problème. Le ratio information / temps passé est tout simplement l’un des meilleur que vous puissiez espérer d’un ouvrage.
Personnellement, je préfère lire le texte en anglais. Même si je ne me rabats vers la traduction que si le niveau littéraire du texte est trop élevé pour moi, ici le style et le vocabulaire utilisés sont très abordables. Mais il est toujours préférable de prendre une traduction plutôt que de rater de l’information en VO. Il faut « simplement » que la traduction ne trahisse pas le sens. Aucune inquiétude ici, les traducteurs étant tous des agilistes chevronnés. Si vous avez encore besoin d’une confirmation, je vous donne la mienne : tout est OK ! Simplement, comme souvent lors d’une traduction, les phrases ont cette tournure assez peu naturelle qui nous fait dire que l’on n’aurait pas écrit ainsi s’il ne s’était pas agi d’une traduction… Un autre petit défaut est le décalage entre les figures (non traduites) et le texte. Dommage, cette fois (mais cela a été corrigé depuis ma lecture). Dans l’ensemble, saluons l’excellent travail réalisé.
Que ce soit en anglais ou en français et en un mot comme en cent : ne ratez pas cette lecture !
Référence complète : Kanban and Scrum, making the most of both – Henrik Kniberg & Mathias Skarin – InfoQ 2010 – EAN : 978 0 557 13832 6