Note de lecture : Évaluer pour former, par Gilles Baillat, Jean-Marie De Ketele, Léopold Paquay & Claude Thélot

Note : 2 ; Académique et obscur

Il est difficile de la nier, le sujet est particulièrement pointu. Comme son nom l’indique, le livre est entièrement consacré à l’évaluation de formation sous ses différentes formes. Ce sujet est par ailleurs un élément prépondérant du référentiel Qualiopi. Comme son nom ne l’indique pas, l’ouvrage est une compilation d’articles. Ce n’est pas un ouvrage collectif dans la mesure où chaque article qui forme autant de chapitres n’était pas destiné à figurer dans ce volume. Mais il partage avec l’ouvrage collectif le défaut du manque de cohérence et hélas d’autres aussi comme nous le verrons au fur et à mesure.

Avec 200 pages, le texte ne fait pas vraiment peur de prime abord. Il est constitué de 12 chapitres répartis en 3 parties. La première d’entre-elle « les démarches d’évaluation : pour quoi ? Pour qui ? » regroupe 4 chapitres sur près de 55 pages. Elle s’ouvre sur la finalité de l’évaluation au sein du système éducatif. Le style est assez académique, mais il faudra s’y faire car c’est le trait commun à tous les chapitres. Le titre ne ment pas, on parle bien du système éducatif et de la manière dont l’évaluation s’y inscrit, sans rentrer dans la pratique de l’évaluation. Étant consacré au système éducatif, le propos est sans intérêt dans le cadre de la formation professionnelle. Le second chapitre semble plus prometteur. Il est consacré à l’analyse de l’évaluation mais met de côté l’aspect pratique avec un propos à la limite du travail de recherche. Ce n’est pas sans intérêt, mais peu transposable.

Le 3ème chapitre nous renvoie au système éducatif et plus précisément au protocole PISA et la manière dont celui-ci prend en compte les évaluations internationales. Sans compter que la matière n’est d’aucun intérêt dans le cadre de la formation professionnelle, je ne suis pas parvenu à m’intéresser au sujet. Cette première partie se conclut par un chapitre 4 consacré aux questions éthiques. Le propos couvre les aspects qui concernent tout aussi bien la formation professionnelle et mettent en lumière l’aspect délicat et périlleux de l’exercice d’évaluation. Sans doute le chapitre le plus utile (ou le moins inutile) de cette première partie.

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Note de lecture : Measure What Matters, par John Doerr

Note : 7 ; Des story-tellings inspirants autour des OKRs

Ce n’est pas le livre par lequel tout a commencé, mais bel et bien celui qui a popularisé les OKRs ! L’auteur ne m’était pas connu avant, mais son parcours de business angel est plus qu’impressionnant. Pourtant c’est aux côtés d’Andy Groove, chez Intel qu’il a vécu et découvert la démarche OKR.

Avec 250 pages, il s’agit d’un texte qui fait la part belle au narratif et se lit vite. Il est structuré en 2 parties pour un total de 21 chapitres. La première partie « OKR in action » couvre 170 pages pour 14 chapitres. Le premier chapitre « Google meets OKR » nous raconte comment l’auteur a introduit cette pratique à la génèse de cette compagnie. Un bien beau story-telling qui nous aide à comprendre l’intérêt de la démarche.

On remonte un peu le temps avec le chapitre 2 consacré au véritable père des OKRs : Andy Grove. C’est un morceau d’histoire passionnant que nous livre ici l’auteur, non seulement celle d’Andy Grove que l’auteur admire, mais celle d’Intel. C’est aussi l’occasion de comprendre comment cette approche se démarque du MBO de Peter Drucker. A ne pas rater. Le chapitre 3 « operation crush » raconte comment Intel a mis en œuvre son approche OKR pour abattre son adversaire Motorolla dont le processeur 68000 était pourtant largement meilleur que le 8086 ! Une histoire contée par Bill Davidow qui s’inscrit dans la suite du chapitre 2.

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Note de lecture : Software Telemetry, par Jamie Riedesel

Note : 4 ; Une très belle conceptualisation, mais un texte qui s’éparpille et manque souvent de hauteur

J’ai renommé la section dans laquelle figure cette note de lecture d’après ce livre. Cela devrait en dire long sur celui-ci. Car celui-ci aborde et conceptualise de manière original un sujet : celui de l’architecture du pipeline d’observabilité. Pourtant il n’est pas écrit par un architecte, mais par une ops. Cela est très visible dans la manière dont les sujets sont abordés et cela coûte au texte pas mal de points.

Le texte justement, parlons-en. Il est franchement volumineux avec ses 500 pages découpés en 3 parties, pour un total de 18 chapitres. La première partie aborde le volet architecture que j’évoquais. Cela occupe 170 pages sur 7 chapitres, auquel il faut rajouter le chapitre d’introduction. Il ne faut assurément pas rater ce dernier : les grandes lignes de l’architecture du pipeline d’observabilité y sont décrites, ainsi que les usages de l’observabilité (métriques et logs) par différents acteurs : développeurs, ops, exploitant, sécurité, service légaux…

Le chapitre 2 qui ouvre réellement cette première partie rentre en profondeur sur « l’emitting stage ». On voit déjà ici l’angle ops du texte qui évoque bien SNMP ou systemd, tandis que des briques logicielles permettant l’émission de logs ou de métriques sont passées assez légèrement. Ainsi Log4J est succinctement évoqué, mais pas JMX… Le propos n’est pas inintéressant, mais il aurait peu être nettement meilleur et plus efficace. Fort logiquement, le chapitre 3 va couvrir le shipping, mais également le stockage, ce qui est peut-être trop. J’ai apprécié l’analyse de plusieurs architectures de shipping intégrant même des bus orientés queues (tel que Kafka), mais curieusement les superstars telles que fluend ou Logstash n’y ont guère de place. Il faudra vous diriger vers l’excellent et mal nommé « Logging in Action » si vous êtes frustrés…

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Note de lecture : The Art of Non-Conformity, par Chris Guillebeau

Note : 4 ; Où l’auteur parle de lui-même pour illustrer la non-conformité

Ceci est un « gourou-free » livre de développement personnel. Il se veut à la fois inspirant et pratique. Pour tout dire, il atteint effectivement ces buts à ce titre. Trouverez-vous pour autant vos marques en ces pages ? C’est ce que nous allons explorer maintenant.

L’ouvrage est assez court. En format de poches couvrant environ 230 pages, il s’avale assez vite. Le texte est structuré en 3 parties pour un total de 12 chapitres. La première partie « the remarkable life » regroupe 4 d’entre-eux et couvre 80 pages. Cette première partie s’ouvre sur un premier chapitre qui doit vous permettre de déterminer si ce livre est bien pour vous. Le point d’orgue est les « 11 façons de « unremarkably average », dont les items sont parfois sévères. Mais l’auteur assume son point de vue. Au second chapitre c’est d’identifier notre vie non-conventionnelle que l’auteur propose. Pour cela il va s’appuyer sur ce qui sera le fil rouge du livre : il parle de lui-même. Disons tout net qu’à la longue c’est assez lassant, même si cela est au moins un peu intéressant. J’y ai bien aimé toutefois le « radical goal setting ».

Au chapitre 3, il est question de briser le mur de la peur. L’ouvrage datant un peu, il convient de se demander si l’admiration affichée de l’auteur pour Lance Armstrong reste toujours aussi pertinente… Rien de transcendant toutefois dans ce chapitre où pour une fois Chris Guillebeau raconte plus l’histoire d’autres personnes que la sienne. Cette première partie se referme sur un chapitre qui nous invite à combattre l’autorité. Il s’agit ici des « gatekeepers », les no-men qui cherchent à nous ramener vers la normalité. Si le propos n’ébauche que quelques stratégies, le propos a le mérite de faire réfléchir.

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Note de lecture : Configuration Management Principles and Practices, par Anne Mette Jonassen Hass

Note: 4; Trop volumineux et pas du tout agile, mais avec certaines bonnes idées.

De prime abord, l’ouvrage attire l’attention : la gestion de configuration est une pièce essentielle de nos pratiques d’ingénierie, et en voire la mouture agile manquait cruellement jusqu’à présent. Mais comme nous allons le voir, il est plutôt curieux que cet ouvrage ait été édité dans la « Agile Software Development series », car il est résolument orienté processus.

Les 350 pages de ce volume sont structurées en 5 parties pour un total de 26 chapitres. C’est assurément une belle bête, toutefois bien rythmé. La première partie compte 5 chapitres pour environ 75 pages pour répondre à cette question : qu’est-ce que la gestion de configuration ? C’est par des définitions et un métamodèle que le premier chapitre tente de répondre à cette question. On y passe en revue des concepts tels qu’identification, stockage, change control… cela semble complet mais c’est surtout complexe !

On passe la seconde avec les modèles de maturité : CMMi d’abord puis SPICE ensuite, plus précisément dédié à la gestion de configuration mais sans un poil d’agilité. Un chapitre fort ennuyeux. Dans la même veine, le chapitre 3 nous présente les standards internationaux ! C’est plus ennuyeux encore, mais on sera sans doute content d’avoir un endroit où les retrouver… Le chapitre 4 est très court, il s’agit juste d’une évocation des organismes gravitant autour de ce sujet. Enfin cette première partie se referme sur une évocation des tâches liées à la gestion de configuration. Le propos n’est pas inoubliable.

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Note de lecture : Rapid Development, par Steve McConnell

Note : 9 ; Passionnant, complet et éclairé ! Book of the year 2002 !

Voici un livre à coté duquel il ne faut pas passer. Ne vous laissez pas intimider par le titre, qui peut vous faire croire qu’il s’agit d’une apologie du RAD: il n’en est rien, il s’agit plutôt du développement efficace ».
Avec pas moins de 600 pages constitués de 43 chapitres regroupés en 3 parties, voilà bien un ouvrage impressionnant. La première d’entre-elle couvre une centaine de pages avec 5 chapitres. Le très court chapitre introductif évoque les « pratiques efficaces » évoquées dans l’ouvrage et comment elles se structurent. C’est au second chapitre que l’on en apprends plus avec les 4 piliers du développement rapide associé à 4 dimensions sur lesquelles on peut agir.

Le 3ème chapitre aborde les erreurs classiques des projets listés selon les 4 dimensions (personnes, processus, produit et technologie) avec chaque fois un petit paragraphe descriptif. C’est synthétique et efficace. Le chapitre suivant qui s’attaque aux fondamentaux est plutôt touffu, car il aborde les différents volets tels que gestion de projet, pratiques d’ingénierie et assurance qualité (où bizarrement, on parle assez peu de tests. C’est un peu old school, mais il faut aussi considérer l’âge vénérable de l’ouvrage… La gestion des risques au chapitre 5 est aussi un peu « à l’ancienne », mais dans la catégorie le texte fait remarquablement bien le travail, avec une nomenclature et une catégorisation des risques ainsi qu’une démarche claire et guidée.

La seconde partie, qui reprend le titre de l’ouvrage compte pour sa part 10 chapitres pour un total de 280 pages. Le chapitre 6 qui l’ouvre attaque les problématiques liées au développement rapide. On y trouve pêle-mêle des préoccupations telles que la planification des dates de réalisation, les attentes irréalistes ou la perception de lenteur. Chaque sujet est traité avec finesse et pertinence. Le chapitre 7 nous offre une belle perspective historique sur les cycles de développement, allant du cycle en cascade au modèle en spirale en passant au « code and fixe » (le mode bordel). Il ne s’arrêta pas là car il évoque aussi le stagged delivery et le prototypage. Bref, une belle représentation de différents modèles où est juste absent le mode agile encore très embryonnaire à cette époque. Même si le corpus de connaissance sur les estimations n’est pas directement transposable au monde agile (il s’appuie beaucoup sur le point de fonction), même si le cône d’incertitude est un sujet de discorde avec Laurent Bossavit, ce chapitre 8 rentre remarquablement en profondeur dans le sujet et sera à lui seul une lecture recommandée.

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Note de lecture : Automatisation des activités de test, par Olivier Denoo, Marc Hage Chahine, Bruno Legeard & Eric Riou du Cosquer edt.

Note : 4 ; Des contributions assez hétéroclites autour de l’automatisation, mais parfois intéressantes !

Les ouvrages collectifs sont rarement de grandes réussites. Celui-ci n’échappe pas à la règle, avec des contributions assez inégales. Toutefois, je lui reconnaitrais le mérite d’associer à l’agilité la nécessité d’automatiser les tests !

Le format de l’ouvrage dépassera légèrement de votre bibliothèque. Fort de 220 pages imprimé sur papier glacé en couleur, il faut bien dire que le CFTL a bien fait les choses. Le texte tire parti de cette impression en couleur avec de très nombreuses illustrations, le volume s’avale plutôt rapidement. Le texte est divisé en 3 parties pour un total de 22 chapitres, chacun d’entre-eux est donc plutôt court. La première partie « l’automatisation dans le test » et compte 5 chapitres pour 53 pages. C’est un panel des pratiques d’automatisation que nous livre le 1er chapitre : court et bien fait, il ne nous apprend cependant guère de choses utiles.

Le second chapitre aborde le périmètre de ce qui peut automatisé dans les activités de test. On n’y apprend pas grand-chose non plus, mais cela a le mérite d’être écrit du point de vue du testeur, ce qui est original. Ainsi le panel des activités de test est bien décomposé, mais le propos reste assez stratosphérique. Le chapitre 3 sur le test et la démarche devops s’avère être l’un des plus intéressants de l’ouvrage. Ses 2 points forts sont l’accostage des différents types de test avec le pipeline CI/CD et la présentation du « shift left », le concept le plus intéressant et le plus original du livre !

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