Note de lecture : Host leadership Field Guide, par Mark McKergow & Pierluigi Pugliese

Note 4 ;Des expériences et dissertations autour du host leadership à picorer, mais qui ne vont pas nous rassasier.

En fait de guide, cet ouvrage n’est pas vraiment ce que l’on imagine. Il s’agit d’un ouvrage collectif nait des « host leadership gatherings ». Il serait plus juste de parler d’illustration de cette approche par la pratique ou de retours d’expérience, quoique cette appellation ne rende pas justice au contenu. Il vient compléter par l’exemple le livre « Host » de Mark McKergow et Ellen Bailey. Il est d’ailleurs systématiquement cité en référence sur tous les chapitres.

Ce livre est une lecture moins légère qu’il n’y parait de prime abord. Certes il ne fait que 255 pages et il est tranché fin en 30 chapitres, mais le manque de continuité et les styles différents des auteurs ne facilitent pas vraiment la lecture. Au-delà de l’introduction sur laquelle je passe rapidement, le texte est structuré en 5 parties. La première « host leadership in action » nous occupe sur 70 pages et 9 chapitres ce qui en fait la partie la plus importante. Elle s’ouvre sur le récit d’une ONG et mixte au host leadership la théorie U et le Diversity icebreaker. Cela n’est guère développé dans le texte ce qui est finalement assez frustrant.

C’est sur l’invitation que va se concentrer le troisième chapitre « anyone for dinner ? », mais plus sur son impact que sur la manière dont elle a été formulée, ce qui ne retient guère non plus mon attention. La transposition du host leadership au développement rural, sujet du court chapitre 4 éveille plus d’intérêt dans la mesure où il décline les différents rôles, mais ô combien rapidement… Le parallèle du host leadership avec la culture des tribu Massaï est le chapitre le plus marquant de cette première partie. D’autant que l’auteur décline la métaphore non pas directement sur les rôles, mais sur les valeurs qu’elle véhicule. A ne pas rater.

C’est une autre transposition que nous propose le chapitre 6, celle de la thérapie d’aventure. Le propos est intéressant quoiqu’assez difficile à suivre, et émaillé d’une quantité impressionnante de références. L’enseignement des « global virtual teams » au chapitre 7 n’apporte pas autant d’éclairage qu’espéré, mais au moins est-il intéressant à lire. Place à la gestion des conflits au chapitre 8. Là encore c’est une transposition qui nous est proposée, et elle n’est pas dénuée d’intérêt. Je trouve certaines intersections avec la communication non-violente, et étrangement Marshall Rosenberg ne fait pas partie des références. Cette première partie se referme sur un chapitre évoquant l’organisation de festival. L’aspect chaotique et informel du leadership se marrie bien avec la métaphore de l’hôte, c’est bien vu !

La seconde partie focalise plus précisément sur l’agilité en contexte agile. Elle couvre un peu moins de 40 pages avec 5 chapitres. C’est du stand-up dont il est question au chapitre 10. Le sujet est plutôt bien développé, mais l’accostage avec le host leadership plutôt tiré par les cheveux. Dans la même veine, le chapitre 11 aborde la rétrospective, mais les auteurs font finalement peu d’effort pour mettre le sujet en concordance avec les rôles du host leadership. Par contre ils nous présentent un nouvel outil : les « dialogue cards ».

Passons au chapitre 12 où l’auteur a animé une communauté de certification Scrum Alliance CTC. C’est un retour d’expérience intéressant et sans doute transposable à toute animation de communauté de pratiques ! L’expérience du formateur en tant qu’hôte nous rapproche du training from the back of the room de Sharon Bowman, mais le propos reste beaucoup dans les généralités tout de même… Le chapitre 14 qui clôt cette seconde partie nous est dû à Géry Derbier. Il nous y propose quelques tranches de vie, bien courtes pour que le propos puisse être déterminant. Mais heureusement, il a aussi lui-même commit un petit livre sur le sujet !

La troisième partie ne compte que 3 chapitres sur une vingtaine de pages, et elle traite des changements au sein des organisations. Le chapitre 15 qui débute cette partie porte beaucoup de potentiel : il s’agit du Generative Change, qui est aussi le sujet du livre suivant de Mark McKergow. Si le sujet est dans ma todo list, l’article lui m’a un peu frustré. Le chapitre 16 est fort court pour un sujet qui l’est bien moins : l’amélioration à l’échelle de l’organisation. En pratique, il s’agissait d’embarquer le CFO, mais la prose est bien trop courte pour vraiment rentrer dans le sujet. Cette nouvelle partie se conclut par un chapitre consacré à l’engagement à travers une facilitation emprunte de la posture d’hôte. J’ai aimé.

La quatrième partie est forte d’une quarantaine de pages sur 4 chapitres pour aborder la place du host leadership dans l’organisation. Le chapitre 18 qui ouvre la partie est assez peu relative au sujet, mais en explorant la métaphore de l’hôte, il nous propose un bon exercice de connexion à utiliser en formation ! Changer d’habitudes en changeant de posture, c’est ainsi que je résumerais le chapitre 19. La métaphore de l’hôte peut être porteuse de nouvelles dynamiques au sein des organisations au travers de ces nouvelles postures.

C’est un workshop complet pour appréhender le host leadership au travers du training from the back of the room, qui nous est proposé au chapitre 20. La formule est bonne et bien développée dans ces pages : je garde ! Les « Q cells » du chapitre 21 sont incontestablement une innovation organisationnelle. Le rapport avec le host leadership est un peu ténu mais le propos très intéressant.

La 5ème partie « developping as a host leader » nous gratifie à son tour de 6 chapitres sur une quarantaine de pages. Le chapitre 22 qui introduit cette partie attaque avec un angle « pur coaching » qui me parle peu en évoquant le « what’s next ». Passons. C’est une autre métaphore que l’auteur du chapitre 23 associe à l’hôte : celle du caméléon. L’auteur nous propose une démarche intéressante : partir du rôle avec lequel on est le plus à l’aise, comment se « déplacer » vers un autre rôle. Le chapitre 24 adresse un autre rôle passé sous silence : celui d’invité !

Le chapitre 25 me laisse perplexe. Il s’inscrit dans la continuité du chapitre « the user’s guide to the future » de Host, que j’avais particulièrement apprécié. Mais la démarche de coaching proposée dans ces pages ne m’interpelle pas particulièrement. C’est aussi de coaching qu’il est question au chapitre 27, plus précisément de la manière d’observer, remarquer et réagir aux réactions et aux changements. J’avoue que le propos est trop abstrait pour moi. Cette partie se referme sur un court et bon chapitre consacré à l’invitation.

La dernière partie de l’ouvrage se contente de 3 chapitres pour aller plus loin avec le host leadership. Le chapitre 28 est écrit par la co-auteur de Host. Elle nous propose une représentation pour aller plus profondément dans la métaphore de l’hôte : celle d’un carrousel dans lequel on s’intéresserait aux espaces entre les postures. C’est un peu perché pour moi. C’est à Laurent Sarrazin que l’on doit le chapitre 29. Son propos, ou plutôt son chemin combinant coaching et host leadership nous conduit à ce qu’il appelle « agile humanware » dont il nous livre ici les ingrédients de son cocktail. Il mérite un marque-page. Le livre se referme sur un chapitre 30 destiné à nous engager sur les premiers pas.
L’ouvrage est assez hétéroclite. Pour sa défense, il n’a pas conçu pour être lu linéairement. Mais je reste grandement sur ma faim, ayant au final trouvé bien peu de choses à picorer.

Référence complète : Host leadership Field Guide – Mark McKergow & Pierluigi Pugliese – Solutions Books 2019 – ISBN : 978 0 9933463 3 0

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