Note : 6 ; Fait bien le boulot et même un peu plus, avec un style engageant !
Kanban, c’est somme toute assez simple. Un livre de 300 pages sur le sujet ne me semblait pas indispensable. Comme nous le verrons, ce texte fait un peu plus que simplement couvrir Kanban, et finalement il ne semble pas souffrir de longueurs, un trait auquel nous ont d’ailleurs habitué nos amis Scandinaves. Ceux-là sont Suédois. Ce volume est structuré en 3 parties fort inégales, pour un total de 13 chapitres. La première partie « Learning Kanban » ne compte qu’un seul chapitre, mais il fait 45 pages. C’est en fait un mini-livre à lui tout seul. Non seulement il présente les personnages récurrents du livre ainsi que les auteurs avec leurs avatars, mais il parcourt l’essentiel des éléments de Kanban sous forme narrative. Une excellente introduction très agréable à lire.
La seconde partie « Understanding Kanban » compte 120 pages sur 6 chapitres et va rentrer plus en profondeur sur les éléments du Kanban. Cela débute par un chapitre 2 développant les principes de l’approche. Ici, on parle de 5 principes, ce sont ceux qui vont être développés au chapitre suivant. Celui-ci est agréable, mais pas réellement indispensable. Place justement au premier principe au chapitre 3. Il s’agit de visualiser le travail. Le chapitre introduit bien et progressivement les concepts inhérents au Kanban pour identifier les informations à rendre visible et comment les rendre visible. Dans cette continuité, le chapitre 4 aborde les « work items », c’est-à-dire les cartes Kanban. Le chapitre rentre très en profondeur sur l’anatomie des cartes : quelles informations, où et comment les figurer (oui on parle ici de cartes physiques). On va même jusqu’à nous expliquer comment décoller des post-it pour qu’ils tiennent au mur (une information moins inutile qu’il n’y parait). Bref, c’est aussi complet qu’on puisse l’espérer !
Au chapitre 5, il est question du work in process, pas de la limite de WIP qui sera le sujet du chapitre 6. Disons qu’il s’agit d’une courte introduction à ce chapitre qui se focalise sur le concept, la nécessité de limiter le travail en cours pour améliorer le délai de réalisation. C’est agréable à lire, mais ce chapitre n’est pas réellement autoporteur. C’est au chapitre 6 que les choses sérieuses sont abordées. Il s’agit de la limite de WIP. Là encore le thème est parfaitement abordé, depuis les considérations d’établissement de cette limite, la manière de l’aborder par colonne et les différentes stratégies possibles au niveau de l’équipe. C’est très pragmatique et parfaitement utilisable pour toute équipe débutant avec Kanban. Cette seconde partie se conclut avec un chapitre consacré à la gestion du flux. C’est un chapitre relativement long qui aurait pu être coupé en deux. Le premier thème concerne le flux lui-même : comment l’améliorer, éliminer le gâchis et traiter les bloqueurs et les goulots d’étranglement. Le second thème a trait aux stand-up, y compris les stand-up multi-équipe. Les sujets sont encore une fois bien abordés.
La troisième partie aborde les concepts avancés. Comprenez par-là : les concepts qui ne sont pas strictement indispensables à la mise en place initiale de Kanban. Elle compte 6 chapitres sur 150 pages. On commence par parler des classes de service au chapitre 8. Sans doute le sujet aurait-il pu être traité plus en profondeur, mais l’essentiel y est et est expliqué clairement. Il est question d’estimations et de planification au chapitre 9. On n’échappe pas au satané Planning Poker et story points, mais on évoque aussi la question des cadences et le « no estimates ». Mention spéciale au « disneyland wait times » que je ne connaissais pas. La question de l’amélioration est au menu du chapitre 10. La première partie à trait aux rétrospectives et on y retrouve en condensé le propos de l’Agile Rétrospective. La seconde partie est plus originale et nous emmène vers les improvements Kata à la sauce Lean. Un bon chapitre, sans être transcendant.
On rentre dans le dur au chapitre avec 11 consacré aux métriques. C’est un chapitre assez long qui aborde bien les notions de temps de cycle et de lead time. Il ne s’arrête pas non plus au CFD et essaie de faire le tour de la question avec d’autres métriques, peut-être un peu trop à mon goût. Cela dilue un peu les éléments importants. Ne ratez pas le chapitres 12 consacré aux pièges de Kanban. Il aborde bien des points délicats souvent passés sous silence. Enfin le livre se referme sur un chapitre 13 qui présente les jeux permettant d’apprendre Kanban. Si les classiques Penny Game ou bottleneck game, ce sont surtout les jeux de plateau tels que getKanban ou Pizza Kanban Game qui focalisent l’attention. Malgré tout, les descriptifs de ces jeux est bien succinct.
Pour un ouvrage consacré à Kanban, celui-ci est relativement gros. Cela parait étonnant venant s’auteurs scandinaves qui nous étonnent souvent par leur sens de la concision. Cela s’explique ici par le souhait de couvrir très largement le sujet, parfois au-delà et d’avoir une approche très pédagogique en nous faisant vivre l’approche avec une équipe fictive (et de nombreuses illustrations). Cela marche bien et le texte a bien mérité d’être un peu au-dessus de la moyenne.
Référence complète : Kanban in Action – Marcus Hammarberg & Joakim Sunden – Manning 2014 – ISBN : 978 1 617291 05 0
